C’est avec des cris de joie que Pepe Regazzi a fêté le podium de Jan Scherrer ce vendredi à Zhangjiakou. Sur la neige chinoise, le Tessinois avait de quoi se réjouir. Son protégé s’est offert une médaille olympique lors de la plus belle finale de tous les temps. Il évoque le parcours qui lui a permis d’obtenir cette récompense.

Pepe Regazzi, c’est fou ce que vient de réaliser Jan Scherrer, non?

C’est complètement fou! C’était la compétition la plus incroyable de l’histoire, j’en suis convaincu. Là, je suis vraiment content pour lui. Il le mérite. Toute l’année, il s’est montré solide. Depuis quelques années, il était toujours tout près du podium mais restait un petit peu derrière. Et là, tout s’est bien passé, c’est génial!

Comment a-t-il franchi ce cap?

Il est devenu très solide, en ajoutant notamment le 14 (ndlr: 1440) à son run alors qu’il ne l’avait pas l’hiver passé. Cette saison, il n’en a pas loupé un seul, c’est dingue. Ici, il ne l’a même pas fait à l’entraînement et il m’a dit qu’il n’en avait tout simplement pas besoin, qu’il savait qu’il allait le réussir en compétition. Et son dernier trick, le switch backside Alley Oop double cork 1080 est incroyable. Jan est tombé deux fois la saison passée, à Laax et aux X Games sur cette figure. On avait peur qu’il ait de la peine à la poser à nouveau car c’est vraiment la figure la plus difficile au monde. Il est le seul à l’essayer et à le réussir. On savait que s’il parvenait à le faire, il avait une chance de podium. A l’entraînement ici, il l’a réussi au premier essai et du coup, il a fait le plein de confiance.

Jan a l’air beaucoup plus décontracté que par le passé depuis qu’il est marié et qu’il va avoir un enfant aussi.

C’est drôle car on discutait cet été, lors de notre première réunion, par Zoom, début août. Il voulait me parler. Je lui ai alors demandé par hasard si sa femme était enceinte. Il a rigolé car il n’en savait rien à ce moment. Mais quelques jours plus tard, il a appris qu’elle était enceinte! Il m’a dit qu’il voulait alors freiner un petit peu le snowboard, faire quelques pauses. Je lui ai dit qu’avec son expérience, il méritait de ne pas être sur la neige tous les jours. Il n’a pas besoin de s’entraîner en permanence. On a décidé que lorsqu’il était sur la neige, il se donnait à 200% et c’est ce qu’il a fait. Et le résultat est là.

Que peut-on attendre de lui dans le futur?

Il a encore des figures qu’il peut réussir avec un petit peu d’entraînement. Avec quelques-unes en plus, il peut jouer tout devant.

Que pensez-vous de la prestation d’Ayumu Hirano?

C’est très impressionnant! La manière dont il ride, sa hauteur, la propreté de ses figures, c’est fou! Et son triple, c’est du beurre! Pour moi, son run valait 100 points. C’était le plus beau run de l’histoire, c’est clair.

Pour Pat Burgener, la finale est-elle déjà un bon résultat?

Oui, je suis aussi content pour lui car il revient d’une phase très dure. L’année passée, il était super en forme avant les Championnats du monde et sa blessure (ndlr: lire ici). S’il avait pu s’entraîner toute l’année, je pense qu’il aurait aussi pu batailler pour le podium aujourd’hui. Après, il s’est passé ce qu’il s’est passé. Il a eu de la malchance avec sa blessure puis son infection. Tout a été retardé. Cet automne, il a dû rattraper sa préparation. Il arrive en retard et il manquait encore de confiance. Donc on est vraiment très content qu’il ait pu atteindre la finale, grâce à un bon run, avec un bon rythme. Aujourd’hui, il a tout essayé mais il manquait d’entraînement, ça se voyait sur certains tricks. J’espère qu’il va revenir au top car c’est un gars qui a encore beaucoup de potentiel.

Laurent Morel, Zhangjiakou