Ses exploits l’hiver dernier à Crans-Montana (dont une 12e place en super-G) avaient propulsé Noémie Kolly dans une nouvelle dimension. En constante progression depuis quelques années, c’est logiquement que la Gruérienne a été retenue cet automne pour les premières épreuves de Coupe du monde de l’hiver, à commencer par les deux descentes et le super-G de Lake Louise. “Ça fait vraiment plaisir de commencer la saison en Coupe du monde”, glisse-t-elle avec franchise et confiance.
“D’ailleurs, malgré les conditions plutôt compliquées, ça va bien, rigole-t-elle depuis l’imposant Château de la station canadienne, l’hôtel dans lequel sont hébergés l’ensemble des athlètes. Le Canada, c’est assez incroyable. Les paysages sont dingues. Mais depuis trois semaines, on skie alors qu’il ne fait pas très beau et que la neige n’est pas terrible.” Avant de se rendre dans le parc national de Banff, Noémie Kolly s’est entraînée avec les meilleures descendeuses du pays à Nakiska, à un peu plus de 100 kilomètres. “C’était assez inhabituel car nous avons passé deux semaines et demies là-bas, raconte-t-elle. C’est long, surtout sur une piste qui n’est pas extrêmement compliqué.”
Lake Louise pour engranger de l’expérience
Difficile dans ces conditions de se faire une idée sur l’état de forme de la skieuse de poche. “Je peux faire des très bons entraînements et d’autres beaucoup moins, détaille-t-elle. Je n’arrive pas vraiment à comprendre pourquoi. C’est un petit peu frustrant.” Sur la Lake Lindsey Way de Lake Louise, elle ne sera pas avantagée par son petit gabarit. “C’est vrai qu’en haut et en bas, c’est plat mais il y a quand même des possibilités de prendre de la vitesse”, rassure-t-elle après avoir pris la 49e place de l’unique entraînement mardi, sans forcer. “Heureusement que je n’avais pas de qualification à jouer, précise-t-elle d’ailleurs. Lake Louise, c’est quand même une piste assez difficile. C’est moins plat et plus technique que ce que je m’imaginais devant ma télévision. Avec les conditions actuelles, ça complique encore les choses. La visibilité n’est pas toujours bonne et il y a beaucoup de bosses.”
Reste que ce séjour dans l’Alberta lui permettra surtout d’engranger de l’expérience, quels que soient les résultats au bout. “On m’a dit que c’était souvent compliqué de réussir quelque chose ici la première fois, décrit la Rochoise. Découvrir une nouvelle piste de Coupe du monde, ce n’est jamais simple. Il y a une grosse différence entre la Coupe d’Europe et la Coupe du monde et c’est important de pouvoir apprendre à les connaître, même si c’est parfois uniquement lors des entraînements. Sans connaître, c’est beaucoup plus compliqué de prendre des risques. Rien ne remplace l’expérience. Je serai bien plus à l’aise l’année prochaine à mon avis de toute façon.”
Les Jeux olympiques, “pas un objectif, un rêve”
Après Lake Louise, Noémie Kolly enchaînera avec Saint-Moritz, puis Val d’Isère avant de faire le point pour savoir s’il faut justement aller en chercher, des points, en Coupe d’Europe: “Je risque de jongler un peu”. Quant aux Jeux olympiques, ils ne sont pas vraiment dans son viseur. “C’est pas un objectif du tout, c’est plus un rêve, sourit-elle. Si je l’atteints, ce serait incroyable. Mais on est une nation très forte avec beaucoup de concurrence. Il n’y a que les quatre meilleures qui peuvent y prétendre, c’est vraiment peu.”
En terme d’objectif, la Fribourgeoise de 23 ans veut surtout poursuivre sa progression. “Cette année, je vise le cadre A, explique celle qui est actuellement dans le cadre B, l’échelon inférieur. J’espère participer à toutes les courses de Coupe du monde et prendre le top 30 le plus possible. Mais je ne me mets pas trop de pression. On se fixe des objectifs en début de saison, mais je crois qu’il faut savoir les adapter en cours de route. C’est parfois important d’être prêt à viser plus haut ou plus bas en cours de saison. C’est quelque chose que je n’avais pas trop fait jusqu’ici et je vais me concentrer là-dessus.”
Et alors qu’elle toque à la porte de l’élite mondiale, Noémie Kolly garde la tête sur les épaules. “Tout ce que j’ai déjà accompli est déjà incroyable, relativise-t-elle. Si je peux faire encore mieux, ce serait génial, mais ce n’est pas une fin en soi. J’ai aussi d’autres options dans la vie.”
Laurent Morel, Lake Louise