C’est avec une belle dose d’émotions que Michelle Gisin est montée ce dimanche sur la troisième marche du podium du classement général de la Coupe du monde. A Lenzerheide, la skieuse d’Engelberg, pourtant habituée aux cérémonies protocolaires cet hiver, a failli se tromper de marche, en montant sur la deuxième. Ce n’est d’ailleurs peut-être que partie remise, tant sa progression est linéaire depuis quelques années. Longtemps à la lutte avec Petra Vlhova au sommet de la hiérarchie, elle a finalement laissé filer la Slovaque, qui devance Lara Gut-Behrami, revenue en boulet de canon depuis quelques semaines.
Mais cette saison reste la plus belle de « Micken » sur le plan comptable, en Coupe du monde du moins. « Monter sur ce podium, c’est beaucoup d’émotions car c’est un de mes plus grands rêves depuis que je suis toute petite, a concédé celle qui affiche le plus sympathique sourire du ski suisse. Lorsque j’ai terminé mon géant ce dimanche, j’ai ressenti un sentiment fort, que j’ai en plus pu partager avec ma famille. Etre sur ce podium, en étant également 4e en géant et en slalom sur la saison, ça me rend très fière. C’est vraiment beau. »
Brillante malgré la fatigue
Et dans les Grisons, Michelle Gisin a conclu sa saison avec deux résultats probants après un week-end plus compliqué à Åre. L’Obwaldienne est montée sur un nouveau podium, le 6e de l’hiver, en slalom, et a pris une solide 5e place en géant. « La fatigue est immense là, a-t-elle pourtant avoué. C’est une incroyable saison qui se termine avec encore un beau résultat. Je me suis beaucoup battue aujourd’hui (ndlr: dimanche), c’était très intense, très difficile. Et samedi, c’était très spécial aussi. Il s’agissait de mon premier podium en slalom en Suisse, c’était magnifique. »
Difficile en fait de trouver quelque chose de négatif dans le discours de la soeur de Dominique et Marc. « J’ai effectué cet hiver un grand pas en avant en géant avec ces premiers podiums, et monter quatre fois sur la boîte en slalom, ça a beaucoup de valeur, se réjouit-elle. En plus, j’ai retrouvé d’excellentes sensations et de la confiance en vitesse. C’est génial car à chaque fois que je me suis retrouvée au départ, je me suis dis: ‘tu peux réussir quelque chose de fort’. C’est un sentiment extraordinaire. »
Le gros Globe en point de mire?
« On aurait signé il y a une année pour ça, pour la voir toujours présente, dans toutes les disciplines, s’est aussi félicité Denis Wicki, son entraîneur. Elle a vraiment enchaîné les belles performances. » Et sa courbe ascendante doit l’autoriser à rêver du gros Globe la saison prochaine. « C’est important de continuer à progresser, confirme-t-elle. Mais je ne pense pas directement aux résultats mais plutôt en termes de performance. »
Avec Denis Wicki, un plan doit d’ailleurs permettre d’arriver à décrocher plus de victoires pour arriver au sommet. « C’est là qu’il y a une différence avec les deux meilleures, assure la championne olympique de combiné. Il faut avoir un bon niveau en vitesse aussi. Mais comme je le répète souvent, le gros Globe n’est pas un objectif, c’est plutôt un rêve. Il y a trop de facteurs qui jouent un rôle pour dire que je vais y arriver. Je veux déjà continuer à skier à mon niveau. »
Et le Valaisan de préciser: « Michelle doit gagner dans les disciplines où elle est la meilleure et aujourd’hui, c’est le géant et le slalom. Elle doit gagner dans les deux, plusieurs fois, et après elle fera de la vitesse quand les conditions le permettent. Elle aura alors le niveau et la crédibilité pour gagner un gros Globe, mais pas avant. L’objectif est là pour l’année prochaine, on a déjà parlé de ça. On sait où on va. » Avec certains skieurs de l’équipe de Suisse, un voyage à Cerro Castor, tout près d’Ushuaïa (ARG), est d’ailleurs déjà prévu cet été pour préparer la saison prochaine. A condition que la pandémie le permette, évidemment.
Laurent Morel, Lenzerheide