Logiquement annoncée comme la nation qui devait tout écraser sur son passage lors des Championnats du monde savoyards, la Suisse commence à douter. Si Wendy Holdener a sauvé l’honneur dès la première épreuve chez les dames, les skieurs helvétiques sont bredouilles après deux courses. Ni le combiné, lors duquel les attentes étaient grandes, ni le super-G n’ont souri aux Suisses. Ce jeudi, Marco Odermatt partait pourtant avec le statut de grand favori.
Pas d’excuse pour Odi
Mais le skieur de Hergiswil a dû se contenter de la médaille en chocolat, à 0″11 d’Alexis Pinturault, 3e, qui renaît durant ces Mondiaux à domicile. “Odi” n’a pas mal skié, au contraire, mais il n’avait pas la magie qui caractérise habituellement son ski. “Il faut que je revoie ma course avant de dire ce qui n’a pas fonctionné, a confié le leader du classement général de la Coupe du monde. Je ne sais pas vraiment où j’ai perdu du temps.” Parti avec le dossard 7, il a compris en franchissant la ligne d’arrivée que son avance ne suffirait pas: “J’ai eu le sentiment que c’était une bonne manche mais j’ai remarqué que deux dixièmes d’avance ne serait vraisemblablement pas assez. Les favoris étaient encore en haut. Et trois d’entre eux ont été plus rapides.”
C’est donc la déception qui prime pour le Nidwaldien. “Bien sûr! Quand tu veux gagner la médaille d’or et que tu termines 4e, tu n’est pas content”, avoue-t-il. Sans vouloir à tout prix chercher à créer la polémique, Marco Odermatt regrette aussi le peu de longueur de ce super-G, que les plus rapides ont descendu en moins de 68 secondes. “C’était le super-G le plus rapide au monde, il fallait donc encore plus risquer que d’habitude”, a-t-il développé. De quoi gêner celui qui s’est blessé au genou gauche à Kitzbühel? “Non, je ne crois pas. J’ai montré ces dernières semaines et jours que je pouvais skier vite en prenant peut-être un peu moins de risques”, a-t-il ajouté.
Le doute s’installe en Suisse
Au sein de l’équipe de Suisse, qui a déjà dû composer avec le coup de gueule de Justin Murisier ces derniers jours, l’ambiance risque fort de se détériorer avec l’absence de médaille. “Je n’ai encore vu personne, je ne fais que répondre aux questions des journalistes depuis 40 minutes, a relevé Marco Odermatt. On verra ensuite…” Directeur du ski alpin chez Swiss-Ski, Walter Reusser ne tire pas encore la sonnette d’alarme. “Nos athlètes sont arrivés enthousiastes, le public l’est aussi, relativise-t-il. C’est clair que c’est spécial ici, parce que seules les médailles comptent. Mais on ne peut rien reprocher à nos skieurs. On fera les calculs à la fin. Il faut rester sereins.”
Prochaine étape pour ce beau monde vendredi, avec le deuxième entraînement de descente. Si Marco Odermatt et Niels Hintermann sont assurés d’être au départ dimanche, les deux derniers tickets se joueront entre Justin Murisier, Alexis Monney, Stefan Rogentin et Gilles Roulin. Sauf cas extrême (drapeau jaune en raison d’une chute ou autre), les deux skieurs les plus rapides vendredi seront sélectionnés, a confirmé Swiss-Ski.
Laurent Morel/JT, Courchevel