Lors du second géant d’Alta Badia lundi, l’événement principal était probablement la 15e victoire en Coupe du monde décrochée par Marco Odermatt. Pourtant, Marcel Hirscher a quelque peu volé la vedette au Nidwaldien. Pas que l’Autrichien ait cherché à prendre la lumière, au contraire, mais sa présence pour la première fois en tant que patron d’une marque de ski (Van Deer) en lice sur la Coupe du monde a fait son petit effet. Détendu, devant un public parsemé, l’homme aux 20 Globes de cristal s’est fait plaisir, a félicité ses anciens rivaux et en a profité pour répondre à nos questions.

Marcel Hirscher, est-ce que la Coupe du monde vous manque?

Non, même si c’est vrai que la piste est magnifique. Je ferais d’ailleurs volontiers ouvreur. Et le ski restera l’une de mes passions toute ma vie, comme il l’est pour mon papa. On a le ski dans la peau.

Quel bilan tirez-vous des premiers mois de votre marque Van Deer sur le Cirque blanc?

Je ne peux que dire merci à toute l’équipe. Nous ne sommes vieux que de cinq mois et on se bat déjà pour les podiums en Coupe du monde. Je me réjouis de retourner au travail, de faire des nouveaux tests.

Comment comptez-vous vous améliorer?

Je suis content que le ski ne soit plus ma vie 24 heures sur 24, mais je suis heureux de pouvoir partager mon expérience, avec une société et des athlètes. On doit en profiter.

Le fer de lance de votre marque est Henrik Kristoffersen. Comment se passe votre collaboration?

C’est vraiment top de pouvoir travailler avec un athlète comme lui. Il nous surprend tous les jours, surtout par son côté humain. C’est un type vraiment cool! Je n’aurais peut-être pas dit ça il y a quelques années… Mais il a une volonté de dingue, il est bien dans sa peau et n’a pas un ego surdimensionné comme beaucoup d’autres. Il est à l’écoute, il y a une vraie collaboration, c’est génial.

Le logo de votre marque est recouvert par du scotch à cause d’une polémique (ndlr: lire ici). Comptez-vous changer quelque chose prochainement? Attendez-vous que la FIS modifie son règlement?

Les choses sont telles qu’elles sont. La bonne nouvelle, c’est que nous sommes là et que nous pouvons participer aux courses. On a le temps (rires)… Pas de stress.

Peut-on s’attendre à une première victoire pour Van Deer prochainement?

Nous n’avons pas encore trouvé la vitesse de croisière de Marco Odermatt, mais nous n’en sommes pas loin, alors on espère que ça viendra rapidement.

Marco Odermatt, justement, skie à un niveau très impressionnant depuis le début de la saison. On le compare régulièrement à vous. Que pensez-vous de ses exploits à répétition?

J’avais déjà dit il y a quatre ou cinq ans à Adelboden que Marco peut tout réussir. Il le prouve, il est très fort. Il est sur le bon chemin pour gagner et détruire chaque course à laquelle il participe. Cependant, je ne voudrais pas échanger ma place avec la sienne. La pression, ça rend fou à la longue.

Va-t-il battre vos records?

Il a en tout cas le potentiel pour le faire.

Qu’est ce qui fait la différence entre lui et les autres?

Il skie techniquement extrêmement bien. Il a de très bons réglages, de bon techniciens, une bonne équipe autour de lui. Tout cela lui offre une grosse marge.

Il skie sur Stöckli depuis 2010 et vient de prolonger pour quatre ans. Est-ce que dans un coin de votre tête, vous aimeriez le mettre sous contrat un jour?

Ce serait génial mais actuellement, nous n’avons aucune chance de réussir à attirer un athlète comme Marco, avec l’histoire qu’il a avec ses skis. Mais on ne sait jamais. Je pensais aussi qu’Henrik ne serait jamais disponible et maintenant on travaille ensemble alors…

Que pensez-vous du niveau actuel du ski?

Il est très élevé. Les dernières courses en particulier ont été passionnantes. C’est intéressant d’avoir un nouveau grand dominateur comme (Marco) Odermatt. C’est également bien de voir que (Aleksander Aamodt) Kilde brille. Lucas Braathen et les jeunes Norvégiens montrent aussi de très belles choses. Au milieu de tout ça, il y a Henrik (Kristoffersen), c’est excitant. Je regarde toutes les courses à la télévision.

C’est la première fois qu’on vous retrouve sur la Coupe du monde. Comptez-vous venir plus souvent?

Non, ce n’est pas prévu. Alta Badia reste une exception, on y mange bien, on y dort bien et ce n’est pas trop loin de chez moi.

Laurent Morel, de retour d’Alta Badia