Le ski nuit-il à l’environnement? Est-on en train de détruire des glaciers pour organiser des courses? La polémique continue alors que les températures chutent enfin et que les flocons commencent à tomber. Aussi dans ce numéro de Servus Österreich: une ex-skieuse se réinvente à la télévision et on révèle l’athlète autrichienne de l’année.
Des courses prévues malgré un manque de neige, des camps d’entraînement en Amérique du Sud, et surtout des images de bulldozers sur les glaciers, ont fait fuser les critiques envers le ski alpin et l’impact que le sport a sur l’environnement dernièrement. Maintenant, les Autrichiens ripostent.
« De présenter le ski comme s’il était la cause principale du réchauffement climatique est complètement exagéré », s’est énervé le secrétaire général de Ski Austria, Christian Scherer, lors d’un entretien avec les médias. « Il y a aussi un mythe comme quoi on gaspillerait des quantités d’eau pour créer de la neige artificielle. La réalité, c’est qu’on utilise de l’eau, oui, mais elle retourne ensuite dans le cycle », selon ses propos rapportés par le quotidien Heute.
Le double champion du monde Vincent Kriechmayr, d’ordinaire très discret, a aussi laissé percer son agacement sur le sujet lors de la remise du matériel la semaine dernière. « Dire que le ski est mauvais (pour le climat), ou le football est mauvais, c’est oublier que le sport donne aussi beaucoup en retour. Quand on regarde les légendes de notre sport et les champions actuels, leur plus grand accomplissement ce n’est pas leurs médailles, mais le fait qu’ils incitent beaucoup d’enfants et beaucoup d’autres gens à se mettre au ski. »
« L’environnement est évidemment une question très importante et nous devons faire notre part. Mais à mon avis, réduire le sport n’est pas forcément la bonne solution. On peut certainement trouver d’autres moyens », a-t-il ajouté. Voyager jusqu’en Argentine ou au Chili, comme l’ont fait beaucoup d’équipes cet été parce que les glaciers fondent et qu’il y a peu de possibilités de s’entraîner en Europe, n’est pas idéal. Mais « la Coupe du monde de ski alpin est justement une Coupe du monde. Et si on fait un jour des courses en Asie de nouveau, il ne faudra pas juste critiquer. Parce qu’il y a aussi des gens là-bas qui skient, le Japon par exemple a une longue histoire avec le ski. Alors dire ensuite que ça produira tant d’émissions de CO2, oui, c’est vrai. Mais il ne faut pas oublier non plus que le ski n’existe pas qu’en Europe. »
Il y a quelques semaines, Greenpeace s’en était pris aux organisateurs de la Coupe du monde à Sölden, les accusant de détruire le glacier du Rettenbach où se tiendra dans 10 jours la traditionnelle ouverture de la saison. Depuis plusieurs mois, des excavateurs travaillaient en effet sur le glacier. Mais selon Christian Scherer, « la fonte du glacier a découvert des éboulis et ceux-ci ont été déblayés. Pour éviter aussi qu’ils puissent rouler plus bas. Il n’y a pas eu de creusements dans la glace et aucune neige n’a été emportée autre part. »
« On n’a peut-être pas dressé un très bon tableau, et la communication aurait pû être meilleure, il faut l’avouer, » a-t-il admis en lançant un avertissement: des activistes du climat pourraient tenter une action lors du week-end de Sölden, qui a reçu le feu vert de la FIS jeudi. « Aujourd’hui, il faut prévoir ce genre de choses. »
En vrac…
- Athlète de l’année: Après le Globe de cristal en saut à ski et la Chouette d’or de la Tournée de la Saint-Sylvestre, Eva Pinkelnig a été élue jeudi dernier athlète autrichienne de l’année par les journalistes sportifs autrichiens. La sauteuse du Vorarlberg, qui ne s’est mise au saut à ski qu’à l’âge de 24 ans et s’est battue pour revenir en compétition après une rupture de la rate en 2020 qui lui a presque coûté la vie, a eu la meilleure saison de sa carrière l’hiver dernier. « C’est incroyable. Ça montre qu’avec du courage et de la conviction, on peut tout accomplir », a-t-elle confié après la cérémonie.
- Retour au Cirque blanc: Sept mois après avoir mis fin à sa carrière de skieuse, Nicole Schmidhofer revient en Coupe du monde. Mais cette fois-ci ce sera en tant qu’experte pour la télévision autrichienne. La Styrienne et ex-championne du monde s’élancera dans les courses de vitesse avec une caméra avant le départ des athlètes, reprenant le rôle d’Alexandra Meissnitzer, qui tire un trait sur les « Kamerafahrten » après près de 15 ans. « Ça va certainement être amusant. Je vais pouvoir faire des descentes et des super-G géniaux, sans pression, juste en ayant du fun », a confié Nicole Schmidhofer à Laola1. L’ORF est souvent la prochaine étape dans la carrière de skieurs autrichiens: parmi les experts de la chaîne, on compte entre autres Benni Raich, Nicole Hosp, Joachim Puchner, Hans Knauss, Thomas Sykora et Joachim Puchner.
- Absente à Sölden: L’équipe d’Autriche devra faire sans sa meilleure skieuse de géant lors de la première course de la saison. Ricarda Haaser manquera à l’appel à Sölden dû à de nouveaux problèmes de dos. La skieuse de 30 ans, médaillée de bronze en combiné aux championnats du monde en février, compte être de nouveau sur pied et sur ses skis pour la tournée nord-américaine fin novembre.
Sim Sim Wissgott, Vienne