Cela fait 12 ans que la Suisse attendait de voir l’un de ses géantistes triompher à Sölden. Existe-il plus beau symbole que ce soit Marco Odermatt qui succède à Didier Cuche, l’homme qui a été son idole et son mentor, au palmarès helvétique sur le glacier du Rettenbach? “Quand je vois tous les noms des skieurs ayant remporté ce géant, c’est impressionnant”, sourit Marco Odermatt qui a signé sa 5e victoire en Coupe du monde pour l’occasion et inscrit son nom aux côtés, entre autres, des Hermann Maier, Aksel Lund Svindal, Ted Ligety, Marcel Hirscher ou encore Alexis Pinturault. “Sölden a toujours été très spécial. J’y fait ma première course, je suis monté sur le podium l’hiver dernier avec Gino Caviezel (ndlr: 2e). Et cette fois-ci, il y a la victoire.”
Il s’en est fallu de peu pour que le Nidwaldien se fasse souffler ce succès par l’étonnant Autrichien Roland Leitinger. Sept centièmes en l’occurence. “J’ai eu un peu de chance, souffle le talentueux skieur helvétique. Les centièmes étaient de mon côté. La différence s’est peut-être faite sur le feeling sur la neige.” Troisième sur le premier parcours, Marco Odermatt est encore parvenu à hausser son niveau sur le second. “Tout n’a pas joué en première manche, je n’ai pas osé totalement lâché les skis et j’ai plutôt assuré.”
La bagarre Odermatt-Pinturault lancée
Attendu au tournant, le Suisse est parvenu à faire fi de la pression. “Je savais que j’étais parmi les favoris mais je suis parvenu à rester relax, à ne pas me concentrer sur le résultat, mais sur la course en tant que telle. C’était important, car même si on a travaillé dur cet été, on ne sait réellement où on se situe en course.” Marco Odermatt confirme également son statut de prétendant au gros Globe. “Mon départ est idéal, cependant je vais bien prendre course après course. Mais je ne vais pas cacher que les Globes sont le gros objectif de la saison.”
D’autant plus que ses rivaux ont connu un départ timide. A l’image du tenant du titre, Alexis Pinturault qui a terminé au 5e rang à 0″62 du skieur d’Hergiswil. Il est vrai que le Français, qui a reçu une dose de vaccin au début du mois, n’était peut-être pas dans les meilleures dispositions. “Je n’arrivais pas à avoir la même niaque que d’habitude, j’étais un peu spectateur notamment en première manche, glisse l’athlète de Courchevel qui applaudit la performance de Marco Odermatt et des Suisses. Marco, c’est un tout bon. Mais de manière générale, les Suisses sont présents. Ils attaquent bien. Mais nous n’avons peut-être pas les mêmes conditions d’entraînement l’été comme les Suisses avec leurs glaciers.”
La prise de confiance de Gino Caviezel
Une excuse de Pinturault? A moitié. “C’est peut-être un avantage pour nous dans notre préparation, mais il ne faut pas oublier qu’Alexis (Pinturault) s’est entraîné tout l’été en Suisse, rappelle Gino Caviezel qui a été le second skieur suisse en vue à Sölden en prenant la 4e place. C’était un géant difficile, j’ai été solide techniquement et je prends beaucoup de confiance avec moi”, lance le Grison qui manque le podium, sur lequel il était monté il y a douze mois, pour 0″29. “Je sais que j’ai encore une marge de progression. Je commets quelques petites erreurs, notamment en deuxième manche où je perds de la vitesse sur la bas du mur et donc du temps.”
Justin Murisier “en contrôle” et Loïc Meillard “sans clé”
Dans le clan helvétique, les skieurs romands tirent un bilan mitigé. Justin Murisier accroche le 12e rang avec une pointe de regrets. “C’est une bonne course, mais je trouve dommage de ne pas avoir davantage profité de ces conditions qui me plaisent, lance le Bagnard qui avoue avoir contrôlé en première manche. Je ne savais pas comment j’allais réagir sur cette neige, car nous avons changé passablement de réglages sur les skis. Pour le coup, je n’étais pas dans le bon timing.” Le Valaisan va toutefois pouvoir s’appuyer sur son deuxième parcours sur lequel il a notamment réalisé le meilleur chrono dans le mur, la partie la plus difficile du tracé. “J’ai pu poser des bases solides pour le reste de la saison.”
Loïc Meillard n’est lui pas parvenu à s’exprimer pleinement sur le glacier du Rettenbach. “J’espérais un meilleur départ, avoue-t-il après un 16e rang pour lancer son hiver. Je n’ai pas trouvé les clés. Ce n’est pas nouveau, j’ai de la peine dans des conditions agressives, sèches et faciles. Pour moi, ce ne sont pas les conditions les plus belles à skier où je parviens à être rapide.”
Johan Tachet/LMO, Sölden