Après la disqualification lors du géant dames de Sölden de la Norvégienne Ragnhild Mowinckel, coupable d’avoir enfreint le règlement sur l’usage du fluor sur ses skis, les skieurs et les skieuses montent au créneau.

“C’est n’importe quoi!” se sont exclamées Mikaela Shiffrin et Federica Brignone. Cela fait plusieurs années que la FIS essaie d’interdire l’usage du fart au fluor, considéré comme nocif pour l’environnement et la santé, sur le Cirque blanc. Mais à la veille de l’ouverture de la saison de Coupe du monde, ce qui inquiétait les athlètes c’était surtout le système de contrôle qui ne semblait pas encore au point, entraînant la haute probabilité de faux positifs et de disqualifications injustifiées.

Un système injuste

“La décision de ne pas utiliser du fluor a du sens. Mais la mise en oeuvre et la structure des tests actuellement, c’est vraiment n’importe quoi”, a lancé Mikaela Shiffrin après le géant dames samedi. “Ils ont testé nos skis tout l’été. La même paire pouvait être propre et 20 minutes après, elle était positive pour du fluor”, a-t-elle confié à l’ORF. L’Américaine prévoit déjà de nouveaux problèmes dans les mois à venir: “Je crois qu’il y aura des injustices pour certains athlètes à chaque course.”

Pareil refrain chez Federica Brignone. “Cette règle ne tient pas la route. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait avec les skis (de Ragnhild Mowinckel), mais je sais que c’est injuste pour tous les athlètes. Je voudrais qu’on ait des appareils de mesure qui fonctionnent bien, et toujours de la même façon. Pour l’instant ce n’est pas le cas.” Pour rappel, la FIS, qui fonctionne pour ce sujet en collaboration avec l’IBU, a déjà repoussé deux fois l’entrée en lice de l’interdiction.

Inquiétudes chez les servicemen

En amont de la course, plusieurs skieurs avaient déjà exprimé leur angoisse à la perspective d’être testés pour la première fois en fin de parcours, sans être sûrs du résultat. “C’est super d’interdire l’usage du fluor. Mais il faut pour cela un système de contrôle qui fonctionne”, a expliqué la Suédoise Sara Hector, en avouant être un peu anxieuse. “On travaille si dur. Ce serait terrible de se faire disqualifier alors qu’on n’a rien fait de mal. La FIS aurait dû mettre en place une période d’essai sans que cela mène à des disqualifications”, a regretté la championne olympique. Du côté des instances décisionnaires, on rappelle qu’une période de tolérance de quelques semaines existe, mais que le taux décelé sur les skis de Ragnhild Mowinckel était bien trop élevé.

“Cela prend du temps pour développer un bon système. Il y aura évidemment des erreurs au début”, a ajouté l’Américain Tommy Ford, en compatissant avec les techniciens qui souffriront des retombées en cas de résultat positif. “Ils sont vraiment inquiets. Ils ont déjà assez de stress comme ça, ils essaient de faire attention. Dans certains cas, ils vont devoir complètement remplacer leur matériel. Et ils ne savent pas si ça va marcher.”

Des appareils peu fiables?

La contamination est un réel souci. Même si une paire de skis n’est pas préparée avec du fart au fluor, des traces restantes dans l’atelier du serviceman ou sur la piste pourraient en théorie être détectées par les rayons infrarouge des appareils de mesure.

Pour éviter cela, de nombreuses équipes ont acheté des appareils pour procéder à leur propres tests. La fédération autrichienne s’en est procuré six et ce n’est pas une mince affaire quand on pense qu’un seul instrument coûte environ 35’000 euros. Herbert Mandl, directeur alpin de l’équipe autrichienne, s’est dit confiant sur le fait que le système fonctionne en compétition, mais a avoué qu’il y avait encore des améliorations à faire sur les instruments, qui ont seulement été développés l’année dernière. “Ils ne sont pas fiables au point où chaque appareil montre vraiment le même taux de fluor. Et ça c’est un problème.”

Chez les Autrichiens, le sujet a peu été abordé entre les skieurs qui préfèrent se concentrer sur leur tâche principale: skier vite. Les skieuses suisses Corinne Suter et Wendy Holdener, interrogées sur le nouveau système, s’en sont elles aussi remises à leur serviceman respectif en qui elles ont exprimé leur entière confiance. Mais après l’élimination de Ragnhild Mowinckel ce week-end, le débat sur le fluor n’est pas prêt d’être terminé.

Sim Sim Wissgott, de retour de Sölden