Les spécialistes de skicross helvétiques sont comme des lions en cage. Impatients d’en découdre, c’est lundi soir, pour les qualifications, qu’ils se lanceront enfin dans l’arène pour débuter la nouvelle saison de Coupe du monde à Arosa avant les épreuves qui se dérouleront mardi et mercredi soirs. Comme chaque hiver, c’est une délégation suisse opulente et ambitieuse qui aborde les compétitions avec des espoirs de podiums, mais également de Globes de cristal.

Et en premier lieu, Fanny Smith. La Vaudoise, qui a remporté le classement général en 2019, avait dû laisser son trophée à la Suédoise Sandra Näslund l’hiver dernier. “Même si je n’ai pas remporté le Globe, je suis contente de mes résultats”, avoue la skieuse de Villars, qui a tout de même récolté 4 succès pour 7 podiums avant que la saison ne soit interrompue par la crise du Covid-19 la veille de la finale de Veysonnaz. “J’avais connu des carences lors de ma préparation il y a une année. Je savais que cela allait être compliqué et, sur plusieurs courses, j’ai commis des erreurs que je ne faisais pas normalement.”

Et la médaillée de bronze des JO de PyeongChang l’affirme: elle aborde ce nouvel hiver avec ambitions. “Je pars à la conquête du Globe”, assure-t-elle en rappelant que son objectif est d’être régulière aux avant-postes. “Le plus dur et le plus gratifiant dans une carrière, c’est de rester au sommet le plus longtemps possible”, poursuit Fanny Smith qui n’a manqué depuis 2013 le podium du classement général qu’en 2016, année lors de laquelle elle était blessée.

Trouver le bon équilibre entre performance et pression

Et pour mettre toutes les chances de son côté, la Chablaisienne a réalisé une excellente préparation estivale, mêlant condition physique et ski sur la neige durant plusieurs semaines du côté de Saas-Fee et de Laax. “J’ai un très bon feeling. J’ai fait en sorte d’être prête dès les premières courses car on ne sait pas comment la saison va se dérouler.” Dans un calendrier encore incertain, crise sanitaire oblige, chaque point coûtera très cher. “Je suis contente qu’il y ait déjà quatre courses assurées avant Noël, mais il faudra être au top tout de suite. Et indirectement, cela met davantage de pression.”

Fanny Smith sait qu’elle n’aura déjà pas le droit de passer au travers des compétitions d’Arosa qui lui réussissent toujours plutôt bien. “L’importance sera de gérer cette pression, le stress que je me mets inconsciemment. Je ne dois pas en faire trop.” La skieuse vaudoise se dit volontiers “exigeante” avec elle-même. “Sur la piste, on se bat contre les autres, mais également contre soi-même.”

Ryan Regez en favori pour le Globe?

Comme Fanny Smith, Ryan Regez avait terminé la dernière saison à la place de dauphin du général derrière le Canadien Kevin Drury. A la veille de cette nouvelle saison, le Bernois ne se cache pas. “Je veux remporter le Globe de cristal, lance-t-il sans équivoque. Je sais que j’en ai le potentiel et je veux encore progresser.” Pour ce faire, le skieur de Wengen devra gagner en constance, lui qui était notamment passé au travers de la première course d’Innichen (ITA) et de celle de Sunny Valley (RUS) l’hiver dernier. “C’est ce genre de résultats que je dois absolument éviter, tout en essayant d’être plus présent sur les podiums.”

Des podiums sur lesquels il est monté à quatre reprises en 2019-2020 pour deux victoires. Toutefois, Ryan Regez n’a toujours pas réussi à démontrer tout son talent sur le parcours de sprint nocturne d’Arosa, malgré une 7e place l’an dernier. “Ce n’est pas ma piste préférée. Mais mon objectif sera d’accrocher au moins la demi-finale lors de ces deux premières compétitions.”

Niki Lehikoinen pour franchir un palier

Si Marc Bischofberger, touché à l’épaule, manquera l’ouverture de saison dans les Grisons, et le Vaudois Romain Détraz, blessé au genou, ne skiera pas cet hiver, la délégation suisse a fière allure. Joos Berry, Alex Fiva, Jonas Lenherr ou Armin Niederer ont tous le potentiel pour monter sur les podiums de Coupe du monde. “Nous avons une véritable Dream Team”, sourit Niki Lehikoinen. A 24 ans, le skieur de La Côte entend, de son côté, passer un palier. “J’aimerais désormais m’installer durablement en Coupe du monde. Je m’améliore à chaque sortie, même si j’ai encore beaucoup à faire. ”

En progression constante, le Vaudois sort d’une excellente préparation. “Pour la première fois depuis un bon petit moment, je n’ai pas été blessé l’été et je veux prouver que je mérite gentiment ma place.” Pour Niki Lehikoinen, les deux premières épreuves à Arosa, où il avait pris la 12e place l’hiver dernier, seront très importantes. “Elles vont conditionner mon hiver. Mon objectif sera d’atteindre au moins les demi-finales”, précise l’athlète d’Eysins qui a réalisé de “très bonnes manches” d’entraînement ces dernières semaines entre Saas-Fee et Laax.

La première de Margaux Dumont

En l’absence également de Sixtine Cousin, en convalescence après une blessure au genou, le contingent romand en terres grisonnes est complété par Margaux Dumont. A tout juste 18 ans, la skieuse de Verbier découvre la Coupe du monde. “Je ne m’attendais pas à être retenue de sitôt”, rigole la Genevoise qui est passée du ski alpin au skicross l’hiver dernier à la suite d’une blessure. “Je me suis tout de suite éclatée dans cette nouvelle discipline. J’ai fait quelques courses FIS et j’ai rapidement vu que j’étais aussi rapide que les filles de mon âge. Ce qui est motivant.”

Dans une compétition qui s’annonce relevée, la résidente bagnarde, fan de Fanny Smith et de Mikaela Shiffrin, entend avant tout se faire plaisir”. “Je suis un peu stressée, mais je suis surtout là pour m’amuser”. Avec un objectif à moyen terme, intégrer les cadres nationaux en fin de saison.

Johan Tachet