Solide 22e lors du skiathlon puis brillant en relais, Candide Pralong a conclu ses Jeux olympiques avec une nouvelle 22e place, lors de la mass start finale, réduite de 50 à 28,4 k m en raison du froid polaire qui régnait ce samedi à Zhangjiakou. Spécialiste des longues distance le fondeur du Val Ferret a une nouvelle fois réussi une course sans embuche mais espérait jouer les trouble-fête plus longtemps lors d’une épreuve où il a été assez rapidement lâché par le groupe de tête.

Reste que l’habitant de Nyon a prouvé qu’il faisait bien partie des meilleurs spécialistes au monde et compte bien continuer sur cette voie dans le futur. Interview, quelques minutes après son arrivée, alors que les flocons se sont une nouvelle fois mis à tomber sur les montagnes des hauts de Pékin.

Candide Pralong, que retenez-vous de cette nouvelle course terminée au 22e rang?

Je suis content mais un petit peu frustré à la fois. J’avais mieux à faire aujourd’hui. Je me répète à chaque course mais c’est ainsi. Le résultat d’équipe est vraiment bon, mais j’avais de bonnes sensations et je me suis malheureusement vite retrouvé dans un groupe où le tempo n’était pas très rapide. Si on se mettait à l’avant, avec Jason (ndlr: Rüesch), on avait les rafales de vent dans le nez et on ne pouvait pas vraiment faire la différence.

Vous n’avez pas réussi à vous accrocher plus longtemps au groupe de tête?

J’étais toujours un petit peu à la limite. Au moment où ça a attaqué devant, j’étais un petit peu en retrait, autour de la 20e place. Ensuite, je n’avais pas la force pour revenir. Je regrette presque après coup de ne pas avoir mis un petit peu plus d’énergie à ce moment-là car il aurait été ensuite assez simple de suivre un groupe à l’abri du vent. Mais je ne vais pas refaire la course. Il fallait être plus fort.

Comment avez-vous géré le report et le changement de distance de la course à cause des conditions?

C’est assez spécial car on ne savait pas ce qui nous attendait. En fait, lorsque le départ a été repoussé d’une heure, on a mangé quelque chose avec les autres Suisses. On a ensuite joué au Jass durant une heure. C’était assez sympa et je pense que cela nous a décontracté. Au final, le résultat d’ensemble est bon. C’était donc la bonne recette.

Qui a gagné?

J’ai joué avec Dario (Cologna) et on a eu la chance de gagner, alors on a une petite victoire aujourd’hui.

S’élancer sur une épreuve de moins de 30 km, c’est tout de même différent d’un 50 km?

C’est assez déstabilisant au début car on se prépare depuis une semaine à ce 50 km. On réfléchit kilomètre par kilomètre ce qu’on va devoir faire. Mais au dernier moment, le départ est repoussé donc il faut réussir à s’adapter. C’est le sport et avec ces conditions, il faut être prêt à tout. C’est la même chose pour tout le monde. Personnellement, j’aurais bien aimé que ce soit un 50 km car j’aime les courses vraiment longues mais on avait assez pour se faire mal aujourd’hui. J’avais peur qu’ils annulent la course mais au final, on a pu faire une compétition dans des conditions pas si mauvaises.

Et ça vous laisse l’occasion de revenir dans quatre ans pour disputer un vrai 50 km?

Il va falloir se qualifier d’ici là, c’est encore long. Actuellement, je retiens la belle expérience qu’étaient mes Jeux. Je garde de bons souvenirs, j’ai eu beaucoup d’émotions.

Quel bilan justement tirez-vous de vos trois courses ici?

Un bon bilan. Je suis vraiment content d’avoir pu participer à trois épreuves, dont un relais olympique. La forme était au rendez-vous.

Ces bons résultats, c’est aussi une belle récompense pour votre travail, notamment après vos soucis de surentraînement?

En tout cas, je suis vraiment content d’avoir pu remonter la pente ces dernières années. C’est clair qu’il y a deux ou trois ans, je ne me voyais pas être aux Jeux olympiques avec de tels résultats. Mais je suis compétiteur et je me dis toujours que c’est possible de faire mieux. Je ne regarde pas en arrière et je vis le moment présent.

Ça vous motive davantage pour la suite?

J’ai 31 ans mais je vois toujours des choses à améliorer et c’est ce que j’adore dans le sport. Je reste optimiste et je pense qu’il y a encore quelque chose de bien à faire pour les prochaines années.

Avec la retraite à venir de Dario Cologna, vous faites désormais partie des cadres en Suisse. Ça vous donne envie d’endosser aussi un rôle de conseiller pour les jeunes qui peinent à percer en Suisse?

C’est clair qu’il va y avoir un vide avec la retraite de Dario. Heureusement, Nadine (Fähndrich) fait de très bons résultats. J’espère que les jeunes vont éclore gentiment. C’est déjà le cas en sprint, mais il faudra combler un creux ces prochaines années. Je pense que Swiss-Ski travaille dur. Je me dis aussi que certains ont regardé les Jeux olympiques et que ça peut leur donner envie de faire du ski de fond. J’adore en tout cas transmettre cette passion et je suis disponible. Donnez-vous les moyens car vivre des moments comme ça c’est vraiment fantastique!

C’était la dernière course de Dario Cologna. Un moment spécial?

C’est assez fort, oui. C’est lui qui m’a donné la motivation pour y croire et il me fait encore rêver aujourd’hui. De pouvoir partager des moments avec lui, c’est vraiment fou. Je profite de chaque course à ses côtés car il m’inspire encore beaucoup. Il donne toujours de bons conseils. Il va manquer ces prochaines années mais je suis sûr qu’il va rester dans le milieu.

Johan Tachet & Laurent Morel, Zhangjiakou