Il l’a fait! Beat Feuz est entré ce vendredi dans la légende en décrochant l’une des seules victoires qui manquait encore à son incroyable palmarès. En devenant le premier skieur helvétique à s’imposer sur la Streif depuis Didier Cuche en 2012, Kugelblitz a ainsi rompu la malédiction. Mais il s’en est fallu de peu pour que le Bernois voit son rêve s’envoler puisque la course a été interrompue à de nombreuses reprises en raison des chutes et du vent. Finalement, 30 skieurs ont pu rallier l’arrivée après près de trois heures de course, permettant à la FIS de valider les résultats. Entretien avec le héros du jour.

Beat Feuz, comment décririez-vous vos émotions aujourd’hui?

Je ne peux pas vraiment les décrire. Ce fut une journée intense! D’abord ma manche où j’ai beaucoup risqué, j’étais à la limite et ensuite la longue attente avec toutes ces chutes. Voir un collègue d’équipe tomber, c’est toujours très difficile. Encore plus sur le saut final puisque ça rappelle évidemment des souvenirs de Daniel Albrecht. Vraiment une folle journée!

Comment avez-vous vécu cette interminable attente dans la leader box?

C’était particulier, il y avait ce vent qui venait d’on ne sait où. Personne ne le sentait vraiment en descendant et tous les athlètes disaient que le problème n’était pas le vent, mais simplement que le saut allait trop loin. Je pense qu’ils avaient peur et voulaient être prudents après la chute d’Urs (ndlr: Kryenbühl). J’ai reçu un coup de téléphone qui me disait: “Ne sois pas fâché si c’est annulé”, mais mentalement, ça aurait vraiment été terrible si la course était annulée. Je n’aurais sans doute pas pris le départ samedi car dans la tête, j’aurais trop cogité et cela aurait été dangereux.

Est-ce que le saut final était trop dangereux?

Il n’y a pas eu beaucoup de remarques sur la piste cette semaine mais toutes concernaient le saut final. Le fait qu’à l’entraînement les coureurs ne vont pas à fond jusqu’au saut n’est pas nouveau. Aujourd’hui, la vitesse maximale était de 148 km/h à ce passage et après deux minutes de course c’est évidemment très dangereux, surtout quand le saut est un peu en montée. Il faut le conserver mais pas dans cet état-là. Après, ce n’est pas à moi de le corriger, ni de le construire.

Après quatre deuxièmes places à Kitzbühel, c’est un soulagement de pouvoir enfin s’y imposer?

Oui, c’est sûr que c’est important. Ça a duré longtemps et maintenant je l’ai. Ce n’était pas ma meilleure descente sur la Streif mais la deuxième après celle de 2017, où j’avais chuté dans la traverse finale. Mais le plus important pour moi, c’est que j’ai pu montrer mon meilleur ski et attaquer du départ à l’arrivée. Je n’avais pas réussi à le faire lors des dernières courses donc c’était mon unique but aujourd’hui. Je suis content d’y être parvenu.

Vous avez longtemps parlé avec Dominik Paris dans l’aire d’arrivée. Que vous êtes-vous dit?

Il m’a dit qu’il était très content pour moi. De mon côté aussi, naturellement, j’étais heureux qu’il soit sur le podium. Une année seulement après sa déchirure des ligaments croisés, c’est une sacrée performance. Nous sommes amis donc nous avons parlé de beaucoup d’autres choses, pas seulement de ski.

RT

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