Véritable légende à Kitzbühel, Didier Cuche participait ce samedi au « Kitz-Charity Trophy », qui réunit de nombreuses vedettes présentes dans la station autrichienne telles que Franz Klammer, Max Verstappen, Tommy Hilfiger ou DJ Ötzi, entre autres. Entre deux demandes de selfies, nous avons intercepté le Neuchâtelois afin d’avoir son avis sur la descente de Beat Feuz, qui court toujours après une première victoire sur la Streif. Didier Cuche, lui, s’y est imposé à six reprises, dont cinq fois en descente.
Après la course, Beat Feuz disait que vous discutiez souvent ensemble, mais pas forcément de la Streif…
C’est peut-être exagéré de dire qu’on parle beaucoup ensemble, mais quand on se voit, c’est toujours un bon moment. A propos de la Streif, pour pouvoir donner des conseils, il faudrait vraiment pouvoir être dedans, être sur la piste toute la semaine, avec les entraînements, faire les analyses vidéos, etc. Après, il y a deux-trois bases qu’il faut respecter sur cette piste.
Qu’en est-il de la course du jour de Beat Feuz?
Aujourd’hui, je ne sais pas s’il perd la course avec son erreur dans le Steilhang. Je pensais même que sa trajectoire était très maligne. Il n’a pas skié la même ligne que les autres et je pensais que c’était un choix tactique. Apparemment, il a manqué de vitesse depuis là jusqu’à l’Hausbergkante.
Quelle est donc la recette?
La recette, c’est pas forcément toujours d’avoir le meilleur temps sur le haut du parcours. Ce n’est pas vraiment significatif même si une faute peut coûter cher. Il faut skier fort en bas pour gagner ici.
Voyez-vous Beat Feuz gagner un jour à Kitzbühel?
Il a le potentiel, mais là, j’ai l’impression qu’il est passé à deux reprises à côté. Il avait la victoire qui lui tendait les bras lorsqu’il est tombé dans la traverse et lorsque le soleil s’est déchiré et que Thomas Dressen s’est imposé. Ce jour-là, il y a eu en quelque sorte deux vainqueurs, même si il ne reste que l’Allemand sur les tabelles.
De votre côté, vous avez connu cette situation à Wengen, que vous n’avez jamais gagné.
Peut-être que le fait de se sentir extrêmement à l’aise avec l’environnement et la piste, comme moi ici, aide à aller chercher les centièmes. Pour ma part, je reste satisfait d’être allé chercher trois fois la deuxième place à Wengen. Beat doit se dire la même chose ici. Bien sûr, il aimerait l’accrocher à son palmarès, mais il peut déjà être fier d’avoir été quatre fois deuxième ici.
Il est aussi idéalement lancé dans la chasse à un troisième Globe de descente.
Oui, c’est quelqu’un qui a un potentiel exceptionnel. Il a des pieds en or, en soie. Lorsqu’il skie, c’est doux, c’est précis, c’est économique. Certains parlent d’un génie sur la neige. Il est peut-être moins puissant que les autres, et c’est ce qui fait qu’il va vite partout.
Cela vous fait plaisir de voir qu’il prend en quelque sorte votre succession en faisant briller la vitesse en Suisse?
Ça fait surtout plaisir de voir qu’il y a beaucoup de monde qui va vite, que ce soit en descente ou dans les autres disciplines et du côté féminin également. C’est beau pour le ski suisse et c’est mérité qu’on soit à nouveau tout devant quasiment partout.
Laurent Morel, Kitzbühel