Il est 14 heures 30 ce jeudi. La nuit polaire s’installe peu à peu dans le ciel brumeux de Levi, et Wendy Holdener vient de déchausser les skis. Pour la seconde journée consécutive depuis sa double fracture des scaphoïdes début octobre à l’entraînement, la Schwytzoise a pu enchaîner une séance avec les gros piquets de slalom. “Et sans douleur”, se réjouit la skieuse d’Unteriberg qui n’avait espéré, il y a encore une semaine, participer aux deux slaloms lapons de Coupe du monde prévus ce week-end.

Son docteur lui a donné le feu vert vendredi dernier. “J’ai été totalement surprise lorsque l’on m’a annoncé la nouvelle que je pouvais reprendre comme si de rien n’était”, avoue double championne du monde de combiné qui n’avait plus skié depuis cinq semaines et demie. Ses médecins ont toujours été très strictes concernant son processus de guérison. “On m’avait dit que je devais être patiente. Et encore il y a peu, je ne pensais pas reprendre de sitôt.”

“Je n’arrive pas à couper du pain pourtant”

Le lendemain, Wendy Holdener retrouvait l’entraînement, dans des piquets pour enfants, plus fins et donc plus légers, avant d’attaquer progressivement des vraies portes de slalom en début de semaine. “J’étais nerveuse lors de mes premiers jours. je ne savais pas si cela allait tenir ou non.” L’athlète de 28 ans a fait le choix de skier sans attelle, ni tape. Tout juste, les poignées de ses bâtons ont été rabotées dans le but de faciliter leur prise. “Je suis vraiment étonnée en bien de ne pas connaître de problème. A l’entraînement, j’ai pu oublier mes douleurs et me concentrer sur mon ski, ce qui est très plaisant”, sourit-elle en certifiant toujours connaître des soucis dans sa vie quotidienne. “Je n’arrive pas à couper du pain sans douleur. Je dois encore récupérer de la force dans mes poignets.”

Après un départ avorté à Sölden causé par son accident, c’est une Wendy Holdener des plus motivées qui aborde les deux slaloms de Levi, avec l’envie “d’aller se mêler à la lutte pour être tout devant”. “On ne peut pas en dire plus car c’est une nouvelle saison qui commence.” Face aux Mikaela Shiffrin, Petra Vlhova ou Katharina Liensberger, la Schwytzoise, qui attend toujours une première victoire en slalom après 27 podiums dans la discipline, aura fort à faire face à une concurrence qui ne faiblit pas. “Le niveau est extrêmement élevé et il ne fait qu’augmenter chaque saison. Il n’y a pas qu’une seule fille qui peut se battre pour la victoire et c’est réjouissant.”

Jouer le podium après une saison délicate

D’autant plus que Wendy Holdener entend véritablement jouer les trouble-fêtes après un dernier hiver qui a été le moins abouti des six dernières saisons, même si elle a terminé 5e du classement du slalom et 10e du général. “Je me réjouis de concourir. Nous avons bien travaillé cet été et j’ai retrouvé un certain calme. Et c’est aussi une récompense après toutes les heures de rééducation de ces dernières semaines.”

Johan Tachet, Levi