Sur le Cirque blanc, nombreux ont crié Aline pour qu’elle revienne. Et c’est ce samedi qu’Aline Danioth fêtera son retour en Coupe du monde, 21 mois après une nouvelle une nouvelle déchirure du ligament croisé antérieur du genou droit. « Revenir à la compétition ressemble à une victoire », confesse l’Uranaise. « Je ne savais pas si cela était réalisable un jour quand je pense qu’il y a une année mon objectif était de pouvoir déjà avoir une journée sur les skis. J’en étais très loin, alors de là à m’imaginer compétitive, c’était encore une autre histoire. Être présente ici, à Levi, me paraît irréel. »

Après plusieurs grosses blessures, la skieuse de 26 ans a parfois douté, mais ces derniers mois, elle a toujours été certaine de sa destinée d’athlète de huta niveau. « Lors de mes premiers accidents, je m’étais demandé si je voulais revenir. Cette fois-ci tout était clair. Je voulais encore skier, car c’est ma passion. » Toutefois, la quadruple médaillée des JOJ de 2016 à Lillehammer a pris le temps, sans brûler les étapes, profitant notamment du temps à disposition pour suivre une formation de prof de pilates. « Le secret pour revenir d’une blessure est de ne jamais aller au delà de ses limites, parce qu’on peut vite être dépassée et c’est là qu’intervient la peur. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup le sport et la santé était alors ma priorité numéro une. »

Plus forte mentalement et physiquement

Aline Danioth le certifie, elle a appris à « s’écouter ». Le soutien reçu durant ces nombreux mois de convalescence l’ont également beaucoup aidée. « J’étais entourée de gens qui m’ont poussée mais sans jamais aller trop loin. » Pas à pas, étape par étape, la skieuse d’Andermatt s’est reconstruite « sans appréhension », même lorsque elle a franchi ses premières portes à l’entraînement en mars dernier. Et la crainte d’une nouvelle chute n’effleure que légèrement son esprit. « Dans certaines situations, il y a du challenge. Des fois, mais je crois que j’ai l’avantage de ne pas trop réfléchir lorsque je me retrouve avec des skis aux pieds. »

À la veille de porter un nouveau dossard, la jeune athlète se sent plus en forme que jamais. « Les tests ont démontré que j’ai plus de puissance qu’avant ma blessure. J’ai toujours été endurante, mais je pense que j’ai progressé en vitesse, en puissance et en coordination. » C’est donc en pleine confiance que la skieuse va s’élancer sur la Levi Black. « Je me sens bien physiquement et mentalement, même si je manque encore un peu d’entraînement entre les portes. » Aline Danioth assure avoir également muri, prenant pleinement la mesure de pouvoir vivre de sa passion. « J’ai toujours eu du plaisir à skier, mais avant tout ce qui avait autour me stresser. Je ressentais beaucoup de pression. »

« Je suis très ambitieuse »

De la pression, elle en aura aucune au moment de franchir samedi pour la 57e fois un portillon de Coupe du monde. « Je ne me fixe pas encore d’objectifs chiffrés. Mais je suis très ambitieuse, donc je vais naturellement en poser rapidement. J’attends déjà de passer les trois premiers slaloms de la saison. » Dans un coin de la tête, réside l’espoir de retrouver le niveau qui lui avait permis de prendre la 6e place du slalom des Championnats du monde de Méribel, une semaine avant son énième grave accident. Les coaches helvétiques certifient d’ailleurs que l’Uranaise est déjà plus que compétitive à l’entraînement.

Mais pour le moment, Aline Danioth profite de l’instant présent, et de pouvoir à nouveau skier au plus haut niveau. « Être au départ est déjà un cadeau ».

Johan Tachet/LMO/SSW, Levi