Au terme d’une excellente saison pour l’équipe de Suisse, le président de Swiss-Ski s’est confié sur le travail à faire, pourquoi c’est parfois une bonne chose de ne pas tout gagner et les tensions avec la FIS, y compris au sujet du calendrier de la saison prochaine. Entretien.

Urs Lehmann était un homme heureux dans l’aire d’arrivée de la descente féminine à Saalbach samedi. Trois Globes chez les dames, trois autres – peut-être même quatre – chez les messieurs: il n’y a pas à dire, c’était une saison plus que réussie pour l’équipe de Suisse. Mais les célébrations seront de courte durée: le travail de préparation pour l’hiver prochain a déjà commencé.

Le président de Swiss-Ski s’est aussi exprimé sur les tensions entre certaines fédérations nationales et la FIS cette année, le débat au sujet du calendrier de la saison prochaine et les Championnats du monde à Saalbach en 2025.

Urs Lehmann, quelle finale aujourd’hui chez les dames! Une course palpitante et Lara Gut-Behrami a enfin reçu son gros Globe. De quoi être fier?

C’est une journée magnifique aujourd’hui, on va bien fêter!

L’Autrichienne Conny Hütter a réussi à ravir le Globe de la spécialité à Lara Gut-Behrami à la dernière minute. Une déception pour la Suisse, mais est-ce peut-être aussi une bonne chose pour le sport de ne pas avoir une seule nation qui domine?

En Suisse, on aimerait tout gagner. Mais oui, dans le sport, c’est mieux s’il y a plus de compétition. Comme aujourd’hui, presque jusqu’à la dernière coureuse, on ne savait pas qui allait gagner. Ça, c’est le sport et on vit de ça! On vit des émotions, on vend des émotions. C’est dommage pour la Suisse et ça me fait mal au cœur pour Lara qui a eu une saison magnifique. Mais pour le sport c’était quelque chose d’extraordinaire!

L’équipe de Suisse a été si forte cette saison. Comment peut-on encore s’améliorer pour les années à venir?

C’est clair, on a eu beaucoup de succès, c’est une saison magnifique. Mais on connaît le système, il faut rester humble, il faut garder les pieds sur terre. Et le succès d’aujourd’hui ne compte plus à partir de lundi. C’est pour ça qu’on a déjà commencé hier. Hier après-midi entre 14h00 et 20h00, on a parlé de chaque athlète, chaque entraîneur, chaque physiothérapeute. Où il sera l’année prochaine, où on veut aller, quel est notre but. Et cela m’a renforcé encore une fois dans ma perception: on aura peu de changements chez les entraîneurs. On a une très belle équipe et on va continuer sur le chemin qu’on a suivi ces dernières années.

Il y a quand eu un petit hic dans cette équipe en fin de saison, avec la nouvelle qu’Alejo Hervas, le préparateur physique de Lara Gut-Behrami, pourrait rejoindre l’équipe des messieurs, ce qui n’a pas plu à la skieuse. Un problème de communication?

On aurait dû faire différemment. Mais après une longue saison, avec la tension et la fatigue, ça peut arriver. Sur 99.9% de la saison, tout était magnifique et là, une chose ne s’est pas passée comme il le fallait. Il ne faut pas trop chercher. À la base, c’est un différend entre Alejo, qui a fait un travail excellent, et Lara, qui lui doit aussi d’être là où elle est. Pour moi c’est important que les deux restent dans le système et j’espère qu’ils pourront laisser cet épisode derrière eux, et continuer avec du respect.

Changement de sujet: le calendrier de la Coupe du monde a suscité beaucoup de débats cette saison. Celui de l’hiver prochain n’a pas encore été finalisé. Votre avis?

C’est important d’avoir le calendrier aussi vite que possible. Ce n’est pas pour nous, Swiss-Ski. C’est important avant tout pour les organisateurs (ndlr: les stations qui accueilleront les courses), pas seulement pour la saison prochaine, mais aussi après. Pour qu’ils sachent s’ils sont dans le jeu ou pas, pour faire des investissements, pour le développement, etc… C’est pour ça que c’est important d’avoir un calendrier aussi vite que possible, et pas seulement pour une saison mais comme on l’avait dans le passé, sur quatre années. Actuellement ce n’est pas le cas.

Les relations entre plusieures fédérations nationales, dont Swiss-Ski, et la FIS ont été plutôt tendues cette saison. Qu’en est-il actuellement?

On est là pour développer le sport, pour soutenir les athlètes. Chez Swiss-Ski, je pense qu’on a bien montré ces dernières années que c’est comme ça qu’on travaille. Ce n’est pas par hasard qu’on est là où on est aujourd’hui. Et on aimerait bien que tous les participants dans ce système fassent la même chose. C’est tout ce que je peux dire. On peut avoir des visions qui sont différentes, mais il est important qu’on se parle et qu’on trouve des solutions, qu’on puisse se concentrer sur le sport et pas trop sur les discussions politiques. Car ça ne nous avance pas. Il faut travailler pour le sport et c’est ça que j’attends de tous les participants.

Une alliance entre plusieures fédérations nationales, dont la Suisse, qui pourrait faire concurrence à la FIS a été mentionnée. Est-ce une idée sérieuse, un vrai plan B ou encore quelque chose d’informel?

Je ne peux pas trop vous dire sur ce sujet, honnêtement. Mais pour moi, ce doit être le plan A que tout le monde soutient à 100% (le sport) et fait son possible.

Saalbach-Hinterglemm organisera les prochains Championnats du monde en 2025. Comment se sont passées ces finales de Coupe du monde pour vous?

Au niveau sportif, les conditions étaient quand même difficiles. Mais ils ont vraiment fait quelque chose d’extraordinaire. Même aujourd’hui, la piste était top. Et dans un an, les Mondiaux seront au mois de février, pas au mois de mars. Je suis sûr que ça va être une fête exceptionnelle, comme toujours avec les Autrichiens. Pour nous, ce sera important qu’on soit prêts. Et je peux vous promettre que Swiss-Ski et les athlètes, on fera tout pour être prêts!

Sim Sim Wissgott, Saalbach-Hinterglemm