Il ne se passe pas une semaine sans qu’éclate un conflit dans le monde du ski avec, comme souvent, un point commun: la FIS. Le média norvégien NRK annonce que huit fédérations menacent de faire scission avec la Fédération internationale de ski, à savoir la Norvège, la Suède, la Finlande, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Slovénie et, bien évidemment, la Suisse.

La cause principale de ce désaccord réside dans la vente des droits de commercialisation des épreuves de la Coupe du monde de ski. Pour rappel, la FIS avait communiqué qu’un accord avait été trouvé et signé avec la société Infront afin de s’assurer de la vente de ces droits au nom de toutes les nations. Mais les fédérations nationales, qui ont toujours signifié leur volonté de garder le contrôle de leurs propres droits, ont rejeté la proposition. Le principal point de friction porte sur le manque de transparence et de consultation dans la conception de cet accord.

Une coalition créée et des réunions hebdomadaires pour une nouvelle structure

Ainsi, les huit fédérations, qui n’ont pas été inclues dans le processus de réflexion et qui organisent pas moins de 65% des compétitions de la FIS durant l’hiver, ont décidé de créer une coalition sous le nom de “Snowflake” (flocon de neige). Les fédérations nationales envisagent désormais même de créer leur propre circuit de compétitions, hors du système de la FIS. Depuis octobre, les fédérations en question, qui se trouvent déjà en consultation depuis plus d’une année et demie, tiennent des séances hebdomadaires afin d’organiser une nouvelle structure. “Ces grandes fédérations de ski ne partagent pas le point de vue de la FIS sur la manière dont le monde du ski devrait être gouverné”, a expliqué une source anonyme de la coalition à NRK. Les reproches s’adressent naturellement au président Johan Eliasch et à ses prises de décision faites en l’absence de tout processus démocratique.

Les fédérations nationales maintiennent qu’elles préféreraient une solution négociée avec la FIS plutôt que de prendre une mesure drastique. Jusqu’ici, la Fédération internationale a fait la sourde oreille face aux revendications des différentes nations. Toutefois, une réunion constructive a eu lieu mercredi entre les différents acteurs, dont Johan Eliasch, mais également Michel Vion, le secrétaire général de la FIS, et Christian Salomon, le directeur commercial. “Le retrait n’est pas l’objectif principal, mais l’objectif depuis le début est de s’asseoir à la même table de négociation que la FIS et de trouver une solution qui puisse être mise en œuvre conjointement”, assure toujours cette source.

Eliasch, une gouvernance critiquée

La gouvernance de Johan Eliasch essuie toujours bon nombre de critiques, qu’elle concerne sa volonté de centraliser la vente des droits de télévision, les conflits d’intérêts vis-à-vis de ses responsabilités au sein de la marque Head, où il est toujours le président et le directeur, ou plus récemment sa gestion unilatérale des différents calendriers des compétitions. Ce dernier point avait été soulevé par Urs Lehmann, président de Swiss-Ski, lors des épreuves de Wengen.

Les litiges ne sont d’ailleurs par nouveaux. Pour rappel, les fédérations d’Autriche, de Croatie, d’Allemagne et de Suisse avaient même déposé un recours auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne contre la réélection du Britannico-Suédois en 2022. Celles-ci estimaient que le vote ne s’était pas déroulé conformément aux règles de la FIS lors du congrès, argumentant qu’il n’y avait pas la possibilité de voter “non”, alors qu’Eliasch était le seul candidat. Le recours avait été retiré quelques mois plus tard.

Toujours est-il que cette nouvelle affaire vient encore une fois écorner l’image de la FIS et de celle de son président.

JT