La Coupe du monde se termine ce dimanche à Saalbach et elle pourrait se clôturer sur une énième annulation avec le mauvais temps annoncé sur la station du Land de Salzburg. Jamais ou presque un hiver aura été autant perturbé par les aléas de la météo qui ont conduit à bon nombre de renvois sur la Coupe du monde que celui-ci. De Sölden, avec le géant masculin, aux épreuves techniques de Kranjska Gora, en passant par un week-end entier à Beaver Creek pour les messieurs, à Garmisch-Partenkirchen pour les dames, ou encore les descentes de Chamonix, on ne recense plus le nombre de courses annulées tant elles ont été nombreuses. Et ceci, sans même parler du cas de Zermatt/Cervinia.

“Il est vrai que cet hiver s’est avéré loin d’être linéaire. Soit, il y avait trop de neige, soit pas suffisamment, soit c’est le vent qui s’en mêlait”, rappelle Michel Vion, secrétaire général de la FIS. “Ce n’est jamais arrivé d’avoir les trois courses de Beaver Creek annulées, ni de voir trois slaloms passer à la trappe.” Et pourtant, c’est bien ce qui s’est produit cette saison.

Afin d’éviter ce genre de désagréments lors de la prochaine saison, de nombreuses réflexions sont menées afin d’adapter le calendrier. “Plusieurs paramètres sont pris en compte pour limiter les risques”, poursuit le dirigeant français. “Comme l’altitude des lieux que nous visitons, le décalage dans le temps afin de pouvoir ou non garder une marge de manoeuvre en vue de récupérer les compétitions annulées et nous tenons à prendre en compte l’avis des athlètes.”

Zermatt/Cervinia en gros sursis

À ce jour, “90% du calendrier de la saison prochaine est fixé”, assure Michel Vion. Il comprendra entre 38 et 42 courses pour les messieurs et pour les dames, répartis sur 17 semaines de compétition. Parmi les 10% à ajuster encore, réside la question des épreuves du Speed Opening à Zermatt/Cervinia qui sont tombées à l’eau les deux derniers hivers. “Nous ne sommes pas sûrs d’y retourner”, précise le Français. Si la FIS entend réellement prendre en compte l’avis des athlètes, il est fort à parier que les premières compétitions transfrontalières de l’histoire du ski ne verront pas le jour en novembre prochain. Lors d’une réunion tenue à Kvitfjell, les skieurs avaient laissé entendre qu’ils ne souhaitaient pas skier au pied du Cervin.

Les épreuves de Zermatt/Cervinia sont en sursis. (Alexis Boichard/Zoom)

Les skieuses de retour à Beaver Creek

Où débutera alors la Coupe du monde? Si Sölden accueillera ses traditionnels géants fin octobre, une semaine plus tard qu’à l’accoutumée, le Cirque blanc pourrait planter son chapiteau pour des slaloms, comme cet hiver, à Levi et à Gurgl (mais cette fois pour les dames et les messieurs) avant de prendre la direction de l’Amérique du Nord pour la tournée américaine. Les skieuses se retrouveront à Killington et au Mont Tremblant pour des courses techniques, auxquelles s’ajoutera probablement un week-end de vitesse à Beaver Creek. Ces dames reviendraient pour la première fois dans la station du Colorado depuis les Mondiaux de 2015.

Beaver Creek accueillera également ses traditionnelles courses masculines. Mais en l’absence de Lake Louise au programme et même si des discussions pour un éventuel retour dans le parc national de Banff existent, la FIS est toujours en quête d’une solution de repli pour de la vitesse messieurs aux États-Unis. “Nous cherchons une station dans le Colorado, non loin de Beaver Creek afin de proposer un petit ‘package’.” Le nom de Copper Mountain est parfois évoqué, mais pour l’heure, il n’a pas été possible de valider cette option.

Le Cirque blanc reviendra une seconde fois aux États-Unis puisque les finales s’y dérouleront, comme cette année, sur deux week-ends. Aspen avait été approché dans un premier temps, mais c’est finalement Sun Valley, dans l’Idaho, qui tient la corde. “Les discussions sont bien avancées”, certifie Michel Vion. Un week-end de compétitions sera également agendé aux “US”, soit pour les messieurs, soit pour les dames, avant les finales. Aspen ou l’une ou l’autre station en Californie seraient sur le coup.

Pas de saison prolongée

Ce qui est certain, c’est que la saison ne sera pas prolongée dans le temps, comme certains skieurs l’ont suggéré, à l’image d’Aleksander Aamodt Kilde ou de Justin Murisier. “Mais avec quelle neige?”, questionne Michel Vion. “À partir de fin mars, sauf si vous allez peut-être en Amérique du Nord ou en Scandinavie, les conditions ne sont pas bonnes et, surtout, l’intérêt est moindre. Nous ne devons pas dénaturer le produit ski.”

Afin d’avoir la possibilité de replacer des épreuves renvoyées, un week-end de réserve, placé juste avant les Championnats du monde de Saalbach (4-16 février 2025), pourrait être fixé dans le prochain calendrier. Cette réflexion a également pour but d’éviter d’avoir, comme cette saison, des week-ends de vitesse surchargés avec trois compétitions. “Cette année, avec le nombre de blessures, il y a naturellement eu des liens qui ont été établis en évoquant qu’il y avait trop de courses de vitesse sur certains lieux. Le but est de les limiter à deux par week-end à l’avenir.”

La concurrence de la Champions League

En contrepartie, pour garantir un maximum de courses durant la saison, la FIS entend augmenter le nombre de compétitions techniques disputées en semaine et en nocturne. “Avoir des courses le mardi et le mercredi nous apporte davantage de flexibilité.” Reste à savoir comment placer ces épreuves, sachant que la Coupe du monde de ski devra faire avec la concurrence du football européen, dont les soirées de Champions League se disputeront dès le mois de janvier l’hiver prochain.

“Il est clair que l’on ne peut se mettre en face du football. La solution serait d’avoir des courses semi-nocturnes avec des deuxièmes manches à 19 heures.” La seconde contrainte serait l’agencement ensuite des épreuves de vitesse dans l’enchaînement. “Tout doit être analysé car si on organise des courses techniques le mercredi, on ne peut avoir une descente le samedi dans une autre station, en tenant compte des entraînements obligatoires.”

Pas de combiné par équipes

Toutes ces réflexions sont menées dans le but d’éviter les problèmes rencontrés cet hiver, tout en privilégiant le produit du ski alpin. “On ne peut toutefois pas tout révolutionner d’une saison à l’autre”, rappelle Michel Vion. Pour voir de nouveaux formats de compétitions, comme des slaloms plus courts en trois manches, il faudra patienter. Tout comme pour le combiné par équipes, qui devait faire son apparition cet hiver mais qui ne sera pas non plus au programme du prochain. “C’est un format qui fonctionne uniquement pour les grands événements où aucun point n’est attribué.” Sera-t-il malgré tout possible de l’inscrire au programme des prochains Jeux olympiques? Impossible à répondre aujourd’hui.

Le casse-tête est grand, mais les pièces du puzzle du calendrier 2024-2025 s’assemblent progressivement. Plusieurs réunions techniques sont programmées ces prochaines semaines avant que le Conseil de la FIS ne valide définitivement le programme du prochain hiver lors de son Congrès le 5 juin à Reykjavik.

Johan Tachet, de retour de Saalbach