Retrouver deux Suisses sur le podium du géant d’ouverture de Sölden ce dimanche (Marco Odermatt 2e et Gino Caviezel 3e) n’avait rien d’anodin. Et avoir cinq skieurs helvétiques dans le top 11 non plus. Il faut dire qu’un imposant travail a été effectué par Thomas Stauffer et son équipe afin de redonner à la discipline ses lettres de noblesse pour un ski suisse en pleine euphorie. Swiss Ski n’a-t-elle pas remporté les Globes dans trois disciplines (descente, super-G et parallèle) la saison dernière, tout en jouant les premiers rôles en slalom, voire en combiné?

Un travail de longue haleine et des moyens

Ne reste plus désormais qu’à retrouver la lumière en géant, discipline de tradition dans le ski suisse grâce notamment à Heini Hemmi, Joël Gaspoz, Pirmin Zurbriggen, Michaël von Grünigen, Didier Cuche et Carlo Janka. Et cela semble bien parti grâce à un équipe qui semble désormais armée pour disputer à la Norvège et la France les premiers rôles dans la discipline. “Je crois qu’il faut remercier Thomas Stauffer (ndlr: entraîneur en chef des messieurs pour Swiss Ski), rappelle Justin Murisier, membre de la première heure de cette équipe. Il a tout fait pour mettre les athlètes dans les meilleures conditions. Il pousse auprès de la fédération pour que l’on puisse avoir les budgets suffisants. Tout est vraiment mis en place pour que l’on puisse jouer tout devant et ça paie.”

L’émulation est désormais très similaire a celle de l’équipe de slalom. “En être là aujourd’hui, ça prouve que le travail de longue haleine paie”, relève Loïc Meillard, qui a aussi participé au renouveau dans les virages courts. Les skieurs rouges à croix blanche se tirent la bourre et l’entraînement et ça change tout. “C’est notre force, affirme le Valaisan. Savoir qu’à chaque manche l’un ou l’autre peut être devant, c’est exceptionnel. Ça nous pousse à donner notre maximum.”

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Un groupe d’amis et des fous rires en cascade

Et le skieur d’Hérémence, 5e et pour la première fois dans les points à Sölden dimanche de poursuivre: “Ça aurait été dur de commencer mieux pour l’équipe. Aujourd’hui, j’ai tout autant de plaisir pour mes coéquipiers sur le podium que si j’y étais moi-même. Je retrouve les mêmes émotions. On se respecte beaucoup et on arrive réellement à se réjouir pour les autres.” Une réponse qui en dit long de l’ambiance qui règne dans l’équipe de Suisse. “On aime bien se taquiner et on est assez directs l’un avec l’autre, détaille le “rookie” du circuit en 2018. Si on ne nous connaît pas, ça peut choquer. Mais en fin de compte, c’est pour rire et se pousser en avant. On est tous vraiment amis et c’est agréable de passer du temps aussi en dehors des pistes ensemble.”

Des propos que Marco Odermatt ne peut que confirmer: “Partager le podium avec Gino (ndlr: Caviezel), ça démultiplie le plaisir. Il est un de mes meilleurs amis, c’est en quelque sorte un rêve qui se réalise!” Troisième dimanche, le Grison vantait lui aussi les mérites de l’équipe. “On se pousse beaucoup et le fait d’être plusieurs, nous enlève un part de pression”, admet le frère de Mauro.

Depuis quelques mois désormais, les géantistes helvétiques partagent de longs fous rires, que ce soit autour d’un match de cartes, en se promenant dans les stations de la planète, veste multicolores sur le dos, ou encore en effectuant de belles capsules pour les réseaux sociaux. “Ce sera important de gagner aux cartes à la veille de la course la prochaine, souriait d’ailleurs Loïc Meillard dimanche”, après avoir laissé la vedette à ses coéquipiers tant au jeu qu’en course. Après Sölden d’ailleurs, les Suisses ne sont pas directement rentrés chez eux mais ont fait un entorse au programme pour fêter le double podium en partageant un repas avant de retourner au pays, le lendemain seulement.

Qui pour la première victoire?

Alors qu’un Suisse n’est plus monté sur la plus haute marche du podium d’un géant depuis Carlo Janka en mars 2011, la question n’est désormais pas de savoir quand cela va à nouveau arriver, mais qui va y parvenir. La densité du groupe de géantistes actuel est tout simplement phénoménale. Si les deux chefs de file sont sur le papier Marco Odermatt et Loïc Meillard, “les plus rapides à l’entraînement”, selon Justin Murisier, la course de samedi prouve que Gino Caviezel (3e), le Bagnard (11e) ou même Daniele Sette (20e), Thomas Tumler ou Cedric Noger peuvent venir chatouiller les meilleurs.

Laurent Morel/JT, de retour de Sölden