Cyprien Sarrazin surfe sur une vague positive en vitesse actuellement. Au point de se poser comme un véritable concurrent à Marco Odermatt dans la chasse au Globe de cristal en descente? Nous avons interrogé les skieurs.

Depuis plusieurs saisons, Marco Odermatt est un météore filant à travers l’espace et dans les courses de Coupe du monde: éblouissant, spectaculaire, et inatteignable. Nombreux sont les skieurs qui ont essayé de s’en approcher ou même de le surpasser, mais le Nidwaldien leur a toujours échappé. Après une succession de victoires en vitesse, y compris sur l’imposante Streif de Kitzbühel, Cyprien Sarrazin pourrait-il être le nouveau rival du champion suisse pour les Globes de fin de saison?

Avant Noël, le grand concurrent de l’hiver répondait au nom de Marco Schwarz, l’Autrichien ayant décidé de disputer presque toutes les courses cette saison. Une chute à Bormio et une blessure à un genou ont mis fin à sa saison prématurément. Aleksander Aamodt Kilde, qui a souvent livré bataille avec le bolide de Hergiswil pour les Globes, a subi une chute à Wengen qui l’a aussi mis sur la touche pour le reste de l’hiver. Place donc à Cyprien Sarrazin.

Un duel qui est bon pour le sport

Depuis deux mois, le Français s’affiche régulièrement en tête des tableaux de résultats en vitesse, que ce soit à l’entraînement ou en compétitions. Avec trois victoires et un podium lors des classiques de Bormio, Wengen et Kitzbühel, le skieur de 29 ans s’est catapulté vers l’avant des classements de Coupe du monde.

Une nouvelle lutte se profile d’ores et déjà. Et Marco Odermatt en est bien conscient. “C’est très serré. Et je ne crois pas qu’il va soudainement ralentir cette saison. Il est dans le flow et tout fonctionne pour lui”, a reconnu le champion du monde de descente. Si la domination du Suisse sur le Cirque blanc reste fascinante, “c’est important pour le ski d’avoir un nouveau duel, surtout en l’absence d’Aleksander Aamodt Kilde”, a-t-il admis, très fair-play.

Une nouvelle situation pour Cyprien Sarrazin

Justin Murisier, en loyal pote de Marco Odermatt, s’oppose tout de même à des conclusions trop hâtives. “Je ne pense pas qu’il faut déjà commencer à penser que Marco est hors course, parce qu’on sait la force qu’il a de rester en forme toute la saison même jusqu’aux finales de Coupe du monde”, a-t-il averti.

L’élément décisif pourrait ne même pas être sur la piste, mais dans le tourbillon entourant le succès soudain du Français. “Cyprien Sarrazin a une nouvelle situation, il n’a jamais gagné de Globe et il commence à être favori, il y a davantage d’intérêt sur lui dans les médias. C’est quelque chose qu’il doit apprendre à gérer. Marco a un avantage de ce côté là”, estime le Bagnard.

“Je le grignote”

Alors que le skieur du Dévoluy “surfe sur la vague”, comme l’a noté Alexis Monney, le principal concerné prend ses victoires avec une bonne dose d’humour et d’humilité. Surtout que l’ancien spécialiste de géant ne s’est seulement vraiment mis à la descente que l’hiver dernier. Pour le moment, la rivalité entre “Cyp” et “Odi” est encore sujet à plaisanterie. “On en a discuté tout à l’heure. Marco m’a dit ‘T’as combien d’avance sur moi?’ Je lui ai répondu: ‘Mais non, t’es encore devant moi je crois!” a rigolé le skieur des Hautes-Alpes, qui se trouve désormais à 26 points du Nidwaldien au classement de la descente avant la seconde épreuve sur la Streif. “C’est une petite bataille, je grignote mon retard… Mais on y réfléchira en fin de saison.”

Histoire de rendre les choses encore plus passionnantes, Cyprien Sarrazin a insisté sur le fait que sa manche gagnante à Kitzbühel n’était pas parfaite. Il y a donc de quoi faire encore mieux sur le reste de la saison. “Je ne me mets pas de limite”, a assuré le Français, décontracté. Ses concurrents sont prévenus.

Sim Sim Wissgott, Kitzbühel