Il était attendu pour la deuxième semaine avec le combiné, le géant et le slalom, et voici qu’Alexis Pinturault monte sur le podium mondial du super-G de Cortina d’Ampezzo pour récolter une cinquième médaille planétaire. Une surprise qui n’en est pas forcément une, car le Français, même s’il ne s’aligne que ponctuellement dans la discipline, s’est toujours montré performant lorsqu’il se trouvait au départ de l’épreuve de vitesse. Il compte d’ailleurs trois podiums en Coupe du monde de super-G. Avec déjà une médaille autour du cou, le skieur de Courchevel lance idéalement des Championnats du monde dont il pourrait être le tout grand bonhomme.

Alexis Pinturault, vous attendiez-vous à remporter une médaille de bronze sur le super-G?

Franchement, non. Aux Mondiaux, ce sont des courses d’un jour où on essaie de tout donner. C’est à l’arrivée que l’on se retrourne, que l’on regarde si cela s’est bien passé, et cela a été le cas pour moi. Plusieurs choses ont tourné en mon avantage. Il n’y a pas eu d’entraînement de descente avant, ce qui rabat les cartes par rapport aux descendeurs, et la piste est technique, même si le tracé était très direct. Ça m’a permis d’emmener avec un peu plus de vitesse sur le bas du parcours.

Pourtant vous n’êtes pas un novice en super-G et avez réussi de bons résultats par le passé. Votre résultat n’est pas totalement une surprise?

C’est vrai que ça fait quelque temps que je tournais à nouveau autour du podium en super-G. Je suis heureux d’y parvenir le meilleur jour, car il n’y a pas plus belle course que celle des Championnats du monde. Après, je fais partie des athlètes qui font un grand nombre de disciplines, comme Aleksander Aamodt Kilde. Si j’en suis là, c’est que je prétends également à quelque chose dans cette discipline.

Le tracé a fait parler de lui avec notamment ce saut avant lequel il fallait freiner pour ne pas perdre la ligne. Comment avez-vous géré ce passage?

C’était peu évident, il fallait contrôler pour bien passer car derrière il y avait une compression, c’est ce qui a créé beaucoup de problème. J’ai pu avoir des informations des entraîneurs après les premiers concurrents, ce qui m’a permis de me faire une idée exacte pour skier ce passage. Mais c’était difficile à tracer pour les coachs. Il n’y a jamais eu de compétition ici avant. Tout était complètement nouveau. Les choses iront mieux, notamment pour la descente.

Ça soufflait beaucoup, cela a-t-il été une composante qui aurait pu perturber la course?

Oui, même si ce n’était pas tout le temps. Le vent pouvait se lever pour un ou deux athlètes et faire la différence. C’était un stress supplémentaire car il aurait pu m’éjecter du podium.

Pour l’occasion, vous lancez pleinement vos Championnats du monde et engrangez de la confiance avant les épreuves techniques.

C’est sûr qu’avec une médaille dans la poche, cela fait du bien et j’espère continuer sur cette lancée, construire sur cette performance. J’ai tout pour le faire en tout cas. Mais je dois garder à l’esprit que chaque skieur va tout donner.

Votre excellent début de saison et notamment votre place de leader de la Coupe du monde vous ont permis d’aborder plus sereinement ces Championnats du monde?

Les Mondiaux sont totalement différents de ce que l’on connaît habituellement. Dans un hiver, les Championnats du monde représentent un bol d’air. Qu’elle soit bonne ou mauvaise notre saison, tous les compteurs sont remis à zéro ici. Kjetil Jansrud l’avait prouvé il y a deux ans à Are. Il était devenu champion du monde de descente alors qu’il n’avait pas réalisé une grosse saison. Il faut tout donner, car les choses peuvent aller rapidement dans un sens ou dans l’autre.

Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo