Il peut grimper sur les bâches publicitaires de l’aire d’arrivée, lever les bras, le patron, le boss, le roi de la Streif cette année, c’est Cyprien Sarrazin. Il avait mis la barre haute lors de la première descente de Kitzbühel vendredi, le Français a réalisé une démonstration lors de la seconde devant les yeux de légendes comme Didier Cuche ou Aksel Lund Svindal. Prise de risque contrôlée, technique, tactique, tout était dans le ski de l’athlète des Hautes-Alpes qui s’offre un doublé sur la plus mythique des pistes du circuit, rejoignant dans l’histoire son compatriote Luc Alphand (1995) et Beat Feuz (2021).

Ce véritable exploit du Tricolore relègue toute concurrence à près d’une seconde. Imaginez seulement, Marco Odermatt réduit, pour une fois au rang de spectateur du festival de son nouveau rival Cyprien Sarrazin. Certes excellent 2e, le Nidwaldien a pris 0″91 dans la vue. Comme la veille, le skieur de Hergiswil n’a pas réussi la course parfaite, agrémentant sa descente de nombreuses petites erreurs dont il n’a pas coutume, jusqu’à se faire peur sur certaines trajectoires. Mais c’est surtout sur le haut qu’il a pêché, malgré une manche au final magistrale.

Objectif manqué pour Marco Odermatt

Il avait fait du Lauberhorn et du Hahnenkamm ses deux gros objectifs de l’hiver, Marco Odermatt devra encore patienter avant d’accrocher le mythe tyrolien. À 26 ans, le Suisse en a largement le temps. Il se consolera avec un 64e podium, avant de songer à la course au Globe de cristal de la descente. La lutte entre le Nidwaldien et Cyprien Sarrazin promet d’être folle puisque désormais 6 points les séparent alors qu’il ne reste plus que quatre descentes à disputer cet hiver.

Derrière les deux hommes forts de la vitesse mondiale, on se bat pour les miettes. Florian Schieder (2e) en avait profité vendredi, c’est son compatriote italien Dominik Paris, comme à Wengen, qui monte sur la troisième marche du podium ce samedi à déjà 1″44 de Cyprien Sarrazin. Et derrière, ça se bouscule!

Alexis Monney en fanfare sur la Streif

Si Cyprien Sarrazin et Marco Odermatt ont impressionné, que dire d’Alexis Monney! Le Fribourgeois de 24 ans a réussi la plus belle performance de sa vie. Sans crainte, sur une piste qu’il avait peiné à dompter lors des entraînements et la première course vendredi, le skieur de Châtel-Saint-Denis a régalé pour aller chercher une magnifique 8e place. Déjà 11e l’année passée sur la Streif, il explose son meilleur résultat en carrière qui était un 10e rang l’hiver dernier à Wengen. Course après course, le talent de Veveyse monte en puissance et prouve tout son potentiel dans l’élite du ski mondial. Il ne se trouve qu’à 0″31 de la 3e place de Dominik Paris. Magnifique!

Stefan Rogentin retrouve lui des couleurs et ce, avec la manière. Le Grison, spécialiste davantage de super-G, réalise une belle prestation en prenant un bon 10e rang. Par le passé, le skieur de Lenzerheide ne s’était classé que deux fois dans le top 10 dans la discipline reine, c’était à Wengen (8e en janvier 2022) et à Val Gardena (10e en décembre 2022).

Arnaud Boisset confirme également ses très belles dispositions après sa 9e place de la veille. Le Valaisan se classe 20e et marque d’excellents points dans sa quête de rentrer le plus rapidement possible dans le top 30 de la descente. Encore une fois, il a su doser l’attaque pour proposer une prestation digne d’un routinier.

Les regrets de Justin Murisier et Franjo Von Allmen

En revanche, Justin Murisier peut nourrir des regrets. Excellent dans le Steilhang la veille, c’est dans ce secteur que le Bagnard a peut-être manqué de monter sur le podium, car il s’est montré intransigeant sur le reste de la Streif. Il rivalise avec les Cyprien Sarrazin et Marco Odermatt et sur le bas du parcours. Rageant pour le Valaisan qui termine en-dehors du top 15 (22e).

Rageant également pour Franjo Von Allmen. La pépite bernoise avait le podium dans les jambes. Il possédait le 3e chrono à l’avant-dernier temps intermédiaire avant de commettre une erreur de trajectoire à l’entrée de la Traverse et d’être éliminé. Niels Hintermann, sur le podium à Kitzbühel il y a une année, est passé à côté de son week-end tyrolien. Éliminé la veille, il ne s’est pas du tout mêlé à la lutte pour les premières places (25e).

Christophe Torrent dans les filets

Christophe Torrent se rappelera également longtemps de sa première en Coupe du monde. Le skieur d’Arbaz a attaqué sans compter, il avait le 10e chrono sur le haut du parcours, avant de manquer sa sortie du Steilhang et d’aller gratter les filets de sécurité comme lors du second entraînement. Mais contrairement à mercredi, le Valaisan a chuté au contact des bâches. Ses deux skis se sont dérochés. Il semble heureusement s’être relevé sans mal après sa cabriole.

JT