Romain Détraz joue de malchance. Pour la troisième saison sur les quatre dernières, le Vaudois est stoppé par une blessure. Après Une commotion cérébrale à Idre Fjäll en janvier 2020, une déchirure du ligament croisé du genou gauche quelques mois plus tard, synonyme de saison blanche, le skieur de Forel est arrêté net cette fois-ci par une hernie discale. “Ça fait chier”, lance-t-il dans un cri du coeur. “C’est comme cela, cela fait partie de la vie d’un athlète. Certains sont toutefois blessés plus souvent que d’autres…”

Le meilleur spécialiste de skicross romand du circuit masculin est contraint de passer le billard lundi prochain et doit, donc, titrer un trait sur la fin de saison. “Je me suis dit que j’allais encore faire un test à Saint-Moritz avec l’équipe début janvier. Après deux jours, j’ai vu que ça n’allait pas. Les douleurs ne passaient pas.Avec les coaches et les médecins, nous avons pris la décision de stopper, car ça ne servait à rien de continuer pour uniquement viser une place dans le top 30.” Après les médaillés olympiques Alex Fiva et Ryan Regez, gravement blessés au genou gauche, il est le troisième membre important de l’équipe de Suisse, victime d’une hécatombe, à devoir poser momentanément les lattes.

Je suis un compétiteur et j’ai tout tenté pour que cela fonctionne

Depuis le début de l’hiver, Romain Détraz luttait, serrant les dents. Sur la piste, il n’a pu faire mieux que 44e à Arosa après avoir été éliminé dès les 16es de finale. Mais le voyage dans les Grison ne fut de loin pas un stage de rééducation, au contraire. “A Arosa, j’ai tapé à la réception d’un saut. Deux à trois jours après, la douleur a empiré. J’avais mal pas uniquement lorsque j’étais assis, mais également debout.” Cela fait près de cinq ans que le Vaudois traîne des douleurs dorsales. “J’avais traité de manière préventive une hernie discale il y a quatre ans. Les douleurs étaient supportables depuis, mais celles-ci sont devenues aigües l’été passé.” Au fond de lui, une petite voix lui intimait déjà l’ordre de de ne pas skier cet hiver. “Elle me disait que ça n’allait pas le faire. Mais je suis un compétiteur et j’ai tout tenté pour que cela fonctionne.”

L’opération était donc devenue inéluctable. Il passera sous le bistouri du Dr. Faundez, qui avait déjà opéré Justin Murisier et Noémie Kolly ces derniers mois pour une hernie discale. “J’ai décidé de me faire opérer, car j’ai aussi vu que l’on peut revenir ensuite rapidement sur les skis. Justin (Murisier) skiait trois semaines après son opération.” Mais Romain Détraz ne veut pas brûler les étapes pour autant. “Je veux prendre le temps pour ne plus avoir de problème. Ce serait déjà bien de pouvoir skier au mois d’avril et ensuite de pouvoir enchaîner sur une vraie préparation physique.”

Objectif Milan/Cortina d’Ampezzo 2026

A 29 ans, le Vaudois possède encore des rêves olympiques, après avoir goûté aux Jeux à Pékin, l’hiver dernier, où il avait terminé 24e. “Même si je ne suis plus jeune, je suis persuadé de revenir. J’ai l’objectif de participer aux Mondiaux dans les Grison en 2025 et aux Jeux de Milan/Cortina d’Ampezzo, à côté de chez nous. Du coup, je veux me donner toutes les chances d’être fit.”

En attendant de retrouver la neige, Romain Détraz profite de sa petite famille après être devenu papa d’un petit garçon au mois de décembre. “C’est génial d’être à la maison avec mon fils, c’est le côté positif de cette blessure. Cela me permet de me focaliser sur autre chose”, sourit le Vaudois qui assure toutefois que “ce ne sera pas facile” de regarder les copains skier lors des prochaines courses. “Il risque d’avoir un petit down lors des Championnats du monde de Bakuriani. Mais ça laisse l’occasion aux jeunes de prendre de l’expérience et j’espère qu’ils pourront réaliser de bons résultats”, concède-t-il, fair-play, avec la volonté de revenir les concurrencer sur la neige dès l’automne 2023.

Johan Tachet