Il y a une année, Romain Détraz regardait devant sa télévision Alex Fiva devenir champion du monde à Idre Fjäll au moment même où le Vaudois transpirait en salle de physiothérapie en pleine rééducation. Dans son viseur, un objectif : être aux Jeux olympiques de Pékin une année plus tard malgré une blessure au grave genou intervenue l’été précédent.

Rien n’était gagné pour le skieur de Villars-Gryon qui devait non seulement se remettre totalement de sa blessure, mais également faire sa place dans une équipe de Suisse pléthore de talents. C’est finalement lors de l’ultime week-end de qualifications, que le résidant de Forel a fait la différence grâce à des 5e et 7e places pour composter le quatrième et dernier ticket helvétique pour les Jeux où il n’aura strictement rien à perdre.

Romain Détraz, comment avez-vous accueilli votre première sélection olympique?

Avec beaucoup d’excitation. Franchement, je suis très fier de représenter la Suisse.

Pourtant vous étiez encore en ballotage défavorable avant les deux dernières épreuves de Coupe du monde à Idre Fjäll il y a dix jours.

Je devais être 6e ou 7e Suisse sur la liste. Mes deux petites finales en Suède m’ont permis de faire de gros points. Et du coup, je ne vole la place de personne. Au niveau des résultats, je fais partie des quatre meilleurs Suisses avec trois top 10 cet hiver et je suis aussi le 4e meilleur Suisse au classement général.

Pensiez-vous sincèrement pouvoir renverser la tendance comme vous l’avez fait?

Je me suis toujours bien senti à Idre Fjäll sur une piste que j’aime. Cela m’a donné beaucoup de confiance. Je ne me suis pas mis de pression particulière avec une qualification olympique car mon but premier de l’hiver était de revenir au top après une année et demie sans ski compte tenu de mes blessures. Bien sûr que la qualification olympique était un objectif depuis toujours, mais je n’avais rien à perdre.

Avec quelles ambitions abordez-vous ce rendez-vous olympique?

Encore une fois avec de l’excitation. Nous ne serons que 32 athlètes au départ mais tous pouvons ambitionner monter sur le podium et moi y compris. Je ne veux pas me mettre de pression. Comme je l’ai dit ma saison est déjà réussie. J’ai pu cocher sur ma bucket list la qualification pour les Jeux. Maintenant, je veux me faire plaisir.

Fanny Smith a critiqué la piste olympique après les épreuves de Coupe du monde en ouverture de saison. De votre côté, comment l’avez-vous trouvée?

C’était un parcours relativement facile. Les organisateurs nous avaient dit qu’ils n’avaient pas pu produire la neige qu’ils souhaitaient et avaient fait avec ce qu’ils avaient. Du coup, j’espère qu’il y aura davantage de neige, des modifications et que les modules seront plus gros et plus spectaculaires.

Vous skiez depuis le début de l’hiver sans sponsor principal, vous abordez d’ailleurs un point d’interrogation sur votre casque, comment se fait-il qu’un athlète de votre niveau se retrouve dans cette situation ?

C’est un tout. Mon sponsor a connu un changement de structure et le nouveau directeur a tout challengé. Je n’ai donc pas été renouvelé. Après deux ans sans résultat avec mes blessures, je n’avais pas beaucoup d’arguments.

N’avez-vous donc pas essayé de trouver vous-même un partenaire?

Bien sûr, mais je n’ai personne pour m’aider à cela et je n’ai pas forcément beaucoup de temps à consacrer à la recherche de sponsor. Mon temps, je cherche surtout à le mettre à profit pour être performant sur les skis J’ai bien évidemment fait des demandes, mais elles sont restées soit sans réponse ou revenues négatives. Nous n’avons pas forcément en skicross la même notoriété que dans le ski alpin.

Comment cela passe-t-il concrètement pour boucler le budget de votre saison?

L’aide spotive suisse me soutient pas mal, sans qui je ne pourrai continuer. Ensuite, j’ai plusieurs petits sponsors, mais non pécuniaires, mais plutôt matériels. Il faut savoir qu’une saison coûte entre 30’000 et 40’000 francs suisses entre les déplacements à travers le monde, les entraînements, la nourriture. Et les frais sortent de ma poche pour le coup.

Vos récents résultats devraient vous aider à trouver un nouveau sponsor.

Oui car j’ai prouvé que j’étais de retour à mon meilleur niveau. Et ma qualification olympique sera un argument en ma faveur.

Johan Tachet, Zhangjiakou