Le super-G risque de faire couler encore beaucoup d’encre. L’épreuve, qui a certes été remportée par le favori autrichien Vincent Kriechmayr, a causé du tort à bon nombre d’athlètes. Le tracé, suivant un énorme saut après une vingtaine de secondes de course, a créé des remous auprès de plusieurs skieurs. Et en premier lieu les spécialistes helvétiques. “On ne s’attendait pas à devoir freiner avant un saut. Ce n’est surtout pas un réflexe en super-G”, analysait Loïc Meillard, auteur d’une grosse envolée et qui est ensuite sorti de la ligne avant de manquer la porte suivante.
Un destin partagé par son compatriote Mauro Caviezel. Les deux Suisses s’étaient élancés avec les dossards 2 et 3, et n’avaient ainsi pas pu observer la difficulté du tracé à la télévision avant de s’élancer. “A la reconnaissance, nous avions vu que le saut était long. Les ouvreurs l’ont également remarqué, mais de là à devoir freiner… Je pense que n’importe quel skieur qui serait parti avec un petit numéro aurait été éliminé. Mais cela fait partie du jeu. Je ne pense pas que ce soit une erreur de traçage”, poursuit, fair play, le Valaisan.
Une analyse que partage le Français Johan Clarey qui a “skié avec le frein à main”. “Cela fait un moment que je suis sur le circuit et c’est bien la première fois que l’on me demande de freiner avant un saut, lance le vétéran tricolore de 40 ans. Quand j’apprends l’information, on ne nous dit pas de nous relever légèrement, ni de prendre de la marge sur la ligne, uniquement de perdre de la vitesse.”
Marco Odermatt: “Je n’avais plus de vitesse sur le bas du parcours”
Les premiers athlètes piégés, le mot s’est rapidement répandu dans l’aire de départ, mais plusieurs se sont alors fait un peu déstabiliser, à l’image de Marco Odermatt. “Lorsque tu vois Loïc (Meillard) et Mauro (Caviezel) sortir après le saut, ça ne te met pas en grande confiance.” Pourtant, le Nidwaldien, candidat au titre pour ce super-G, a, plus ou moins, bien négocié ce passage clé, mais s’est manqué dans la traverse qui s’ensuivait. “J’ai fait une énorme faute. Avec un peu de chance, je parviens à passer la porte, mais je n’ai plus de vitesse sur le bas du parcours”, poursuit le skieur d’Hergiswil qui avait encore le 5e chrono intermédiaire avant son erreur.
Seul athlète suisse dans le top 10, Beat Feuz ne trouvait pas non plus la force de sourire, lui qui fêtait en ce jour son 34e anniversaire. “Aux Championnats du monde, on espère toujours une médaille. J’ai cru pouvoir me battre pour le podium, mais au final il me manque quand même pas mal de temps. Je sais où j’ai perdu, mais ça me fait une belle jambe” lançait le Bernois, le regard déjà tourné vers la descente de dimanche pour laquelle il fait naturellement partie des favoris. C’était l’un des plus difficiles super-G de la saison selon moi. Sur une très jolie piste, la descente s’annonce être intéressante.”
Finalement, lors de ce super-G, il a fallu se montrer malin pour se parer de métal ce jeudi sur la piste “Vertigine”, inaugurée pour la première fois en compétition internationale lors de ce super-G. Dans ces conditions, Vincent Kriechmayr l’a été et mérite totalement son succès.
Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo