Iouri Podladtchikov, de par son talent et son personnalité, a réussi à tirer l’équipe de Suisse vers le haut durant sa carrière. Dans le sillage d'”iPod”, les Jan Scherrer, David Hablützel et surtout Pat Burgener se sont immiscés parmi les meilleurs spécialistes de halfpipe de la planète. Et si les athlètes helvétiques ont atteint ce niveau, ce n’est pas un hasard, c’est aussi grâce à Iouri Podladtchikov, à qui Pat Burgener, double médaillé mondial, rend hommage après son retrait du circuit.

Pat Burgener, êtes-vous surpris de la retraite de votre coéquipier Iouri Podladtchikov?

Non, du tout. C’est un sentiment bizarre, presque de soulagement. Non pas pour moi, car j’aurais souhaité qu’il poursuive l’aventure, mais pour lui. Depuis plusieurs années et notamment sa blessure en 2018, il se mettait un stress inutile pour revenir au top, alors qu’il avait tout gagné: les JO, les Mondiaux, les X Games. Le plus dur dans le sport, c’est de dire stop. Il a enfin réussi à le faire, dans le calme, et c’est bien pour lui. On parlait récemment du fait qu’il voulait acheter un van, qu’il n’avait plus vraiment envie d’avoir cette pression avec lui.

Qu’est-ce qui faisait d'”iPod” un athlète d’exception?

Son mental avant toute chose. Mentalement, c’est l’athlète le plus fort que j’ai rencontré dans notre sport. Et les sportifs les plus doués sont, à l’image de Michael Jordan, ceux qui sont le plus fort dans leur tête.

Que représente Iouri Podladtchikov pour vous?

Depuis tout petit, c’était ma plus grande idole. On a eu, il y a quelques années, une discussion à Breckenridge (USA). C’était après une grosse blessure, deux semaines avant que je participe à mon deuxième Laax Open, où j’ai retrouvé la forme. Il m’a certifié que j’étais talentueux alors que personne ne croyait en moi à ce moment-là. Il m’a aussi appris beaucoup de choses sur la vie en générale, la mentalité à adopter, le chemin à prendre. Pour gagner, il faut s’entourer de gens qui gagnent et je suis heureux d’avoir pu partager beaucoup de temps avec Iouri. Et j’espère qu’il va continuer à nous suivre et qu’on le retrouvera de temps à autre avec nous sur la neige.

Johan Tachet