Mikaela Shiffrin s’est écroulée dans l’aire d’arrivée. Elle vient d’être sacrée championne du monde de géant au terme d’une course qui lui aura grignoté tout l’énergie physique et mentale qui lui restait. « C’est un véritable soulagement, car j’étais tellement nerveuse », souffle l’Américaine qui a remporté son septième sacre mondial, le premier en géant. Entre les deux manches, la skieuse de Vail n’arrivait aucunement à se calmer, rattrapée par la pression. « Je m’imaginais perdre. Je me disais qu’une skieuse avait réalisé une grosse manche, que je n’étais pas capable d’aller la chercher, que c’était impossible. »
Mais impossible, n’est finalement pas Shiffrin, du moment qu’elle pousse le portillon de départ. Elle a alors attaqué sans compter pour terminer devant Federica Brignone pour 12 centièmes et goûter à un titre « spécial ». « On ne peut normalement mettre de valeur sur une médaille, même celle-ci, je vais m’en rappeler toute ma vie. » Longtemps, elle a skié derrière l’or mondial du géant. Jusqu’à en faire une obsession ces derniers jours. « Cet hiver, je réalise le ski de ma vie dans cette discipline. Mais un géant de Championnats du monde, c’est tous les deux ans. C’est tellement rare de gagner l’or et il faut que tout soit aligné. Franchement, c’est incroyable. »
Les larmes pour son ex-coach
La skieuse du Colorado est parvenue à réaliser cette performance alors qu’elle se trouvait sous « un haut niveau de stress » depuis deux jours et la fin de sa collaboration avec son entraîneur Mike Day, avec qui elle collaborait depuis sept ans. « Normalement, garder ma concentration est l’une des principales forces. Mais ce matin, c’était difficile de me mettre en mode course », poursuit Mikaela Shiffrin, avant de marquer un temps d’arrêt et que les larmes n’humidifient ses yeux. « Je veux simplement profiter de mon titre et surtout remercier mon ancien coach qui m’a aidée et supportée non seulement dans les succès mais également dans les plus difficiles challenges de ma vie sportive et personnelle », explique-t-elle en faisant référence, sans le nommer explicitement, au décès de son père il y a trois ans.
La GOAT du ski?
Reste une question en suspens: avec son record de victoires en Coupe du monde féminine, pour le moment bloqué 85 victoires, ses deux titres olympiques couplés à ses sept sacres mondiaux, Mikaela Shiffrin est-elle la plus grande championne de l’histoire du ski, celle que l’on peut nommer comme la GOAT (Greatest of All Time) de son sport? « Je ne pense pas que je peux faire quelque chose pour être la plus grande. C’est simplement aux gens d’en convenir par eux-mêmes si je le suis ou non. Certains disent que je suis la plus grande et d’autres ne me considèrent pas ainsi, et les deux sont okay pour moi. »
Toujours est-il qu’en cas de succès samedi en slalom, la skieuse de Vail pourrait encore embellir sa Légende. Mais elle n’en fait une fixation. « Je vais me préparer en conséquence, avec l’espoir d’arracher une médaille. Mais avec ce que j’ai déjà accompli ici, je n’ai plus de pression. Je veux juste m’amuser. »
Johan Tachet, Méribel