Après quatre épreuves cet hiver, l’équipe de Suisse de slalom est toujours sevrée de podium. Pour retrouver les spécialistes des virages courts helvétiques dans pareille situation, il faut remonter à la saison 2016-2017 avant l’éclosion de la génération des Daniel Yule, Ramon Zenhäusern, Luca Aerni et Loïc Meillard. Depuis les quatre hommes, à qui se rajoute également Sandro Simonet, sont montés à 31 reprises sur la boîte dont huit fois uniquement le dernier hiver. Cette saison, d’ailleurs, tous les podiums suisses sont l’oeuvre de Marco Odermatt dans le clan masculin.

Alors naturellement, lorsque l’on a été habitué à vibrer aux exploits des slalomeurs suisses ces dernières années, les attentes sont élevées. “On n’a pas osé comme on aurait dû oser, notamment en première manche qui était facile. On doit prendre plus de risques”, analyse Matteo Joris, l’entraîneur en chef de l’équipe de Suisse de slalom, après la compétition du jour à Wengen. “Je suis un peu frustré car je m’attendais davantage à un podium ici qu’à Adelboden. Et j’ai envie de gagner, c’est ça qui nous amène aussi en avant.” Pour le coach valdôtain, ses athlètes ont peut-être un déficit de confiance, “Manuel Feller est en pleine bourre et il ose ainsi prendre des risques. C’est beaucoup de choses qui doivent se mettre ensemble pour skier dans le flow, pour être vite toute la manche.”

Une deuxième manche référence

Attention, les slalomeurs suisses ne sont pas largués, loin de là, comme en témoignent les 5e et 6e places de Loïc Meillard et Marc Rochat aujourd’hui. Les deux hommes étaient passés proche de monter sur la boîte respectivement à Madonna di Campiglio et à Adelboden, tout comme Daniel Yule à Gurgl. “On tourne autour sans avoir la chance de notre côté et tout le monde peut skier vite. Il faut continuer à se battre, à travailler et ça va tourner un jour”, assure Loïc Meillard, le meilleur helvète du jour. “L’équipe est très forte”, reprend Matteo Joris qui certifiait la semaine dernière que son groupe est plus performant sur les skis que l’année dernière. Au classement de la discipline, Marc Rochat (10e), Loïc Meillard (11e) et Daniel Yule (12e) sont en embuscade, Luca Aerni (17e) n’est pas loin derrière. Seul, peut-être, Ramon Zenhäusern est loin de son meilleur niveau.

Toujours est-il que sur le second parcours à Wengen, les slalomeurs suisses ont montré tout leur potentiel comme le prouvent les 3e et 6e temps de manche réalisés par Loïc Meillard et Marc Rochat, leur permettant de remonter au classement jusque dans le top 6. “On a vu des très bon secteurs. Daniel (Yule) a aussi skié vite, cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu comme cela”, continue le coach italien des Suisses. “Je suis très satisfait de la manière dont ils ont skié cette deuxième manche, qui était beaucoup plus technique.”

Un peu de pression

Évidemment, la pression se fait ressentir sur les épaules de l’entraîneur et de son équipe. “Mais j’aime avoir cette pression”, sourit Matteo Joris. “On va continuer à se battre. On tourne autour de ce podium. Sincèrement, on doit prendre un peu plus de risques, un peu de confiance et on va y arriver.”

Prochaine chance, dans une semaine à Kitzbühel, l’une des pistes favorites d’un certain Daniel Yule qui s’y est déjà imposé à deux reprises.

Johan Tachet, Wengen