Comment imaginer plus belle journée que celle qu’a vécu Alexis Pinturault ce mardi à Courchevel? Le skieur qui a grandi dans la station huppée s’est offert le plus beau des cadeaux, la médaille d’or mondiale sur sa neige. Le polyvalent talent de 31 ans s’était déjà couvert du plus beau des métaux à Åre en 2019, mais ce n’était pas à domicile, d’où la saveur encore plus particulière de sa breloque, à nouveau décrochée en combiné.
Il s’en est d’ailleurs fallu d’un rien, d’une grosse erreur de Marco Schwarz à quelques encablures de l’arrivée, pour que le Français se voit priver de son plus beau titre. Car oui, il l’avoue, c’est bien sa “plus belle victoire”. “Ce succès est plein d’histoires, je gagne en France, et encore plus, dans ma station, donc ça ajoute un supplément d’âme.” Cette victoire est d’autant plus belle que “Pintu” n’avait pour une fois pas la statut de grand favori, dévolu à Loïc Meillard, qui n’a lui pu faire mieux que 6e.
“C’était inespéré”
“Ce n’était pas forcément attendu, dans le sens où j’avais eu un début de saison difficile, confirme l’intéressé. J’avais forcément l’envie, la motivation de donner le meilleur de moi-même pour cet événement. Mais il fallait être aussi réaliste. Pouvoir chercher une médaille d’or, c’était inespéré. Surtout au vu des deux derniers slaloms, qui étaient Schladming et Kitzbühel, où je n’arrive pas à prendre la qualification pour la deuxième manche.” Il n’était d’ailleurs plus monté sur la plus haute marche d’un podium depuis qu’il avait reçu son grand Globe de cristal à Lenzerheide il y a deux ans, probablement son plus grand accomplissement en carrière.
Quoiqu’il en soit, et même si le combiné tel qu’il existe actuellement a probablement vécu ses dernières heures ce mardi sur l’Éclipse, Alexis Pinturault a vu ses émotions décuplées par tous ces éléments: “Je pense que j’ai vraiment à cœur de profiter de cette quinzaine devant ce public, dans ma station, devant ma famille, devant mes amis. C’était le plus important: pouvoir profiter de cette atmosphère, de cette chance”.
Des tremplins de saut à ski à l’Éclipse
Cette chance, c’est celle de pouvoir briller dans sa station, son village. Car la famille Pinturault est très impliquée à Courchevel. Elle y possède trois hôtels. Deux ont été acquis par le grand-père d’Alexis il y a plusieurs dizaines d’années et un nouveau a été acheté au Praz, il y a quelques mois. Le Praz, c’est le pied de la piste de l’Éclipse. Comme un signe. Et le Praz, c’est aussi un lieu rempli d’histoire puisque c’est là qu’en 1992 ont été distribuées les médailles olympiques des Jeux d’Albertville pour le saut à ski. Alexis Pinturault s’y était d’ailleurs essayé durant sa jeunesse mais c’est bien le ski alpin qui est désormais roi à Courchevel, comme en témoignent d’ailleurs les millions investis par Jim Radcliffe dans la construction d’un complexe ultra moderne dédié au Club des Sports de la station.
Désormais libéré de toute pression, Alexis Pinturault va pouvoir aborder la suite de ses Championnats du monde avec des ambitions et notamment en super-G, où il s’est montré très rapide ce mardi. “C’est une discipline où je m’amuse, où je me sens plutôt bien sur les skis, sourit-il. Mais il faut y aller étape par étape.” Et il ne faut pas oublier que le Savoyard souffrait de fièvre il y a moins de 48 heures. “Et je veux profiter de fêter ma victoire car j’en ai vraiment envie”, confie-t-il encore.
Laurent Morel, Courchevel