C’est un Loïc Meillard souriant, heureux et libéré qui s’est présenté devant la presse à Adelboden jeudi. Encore brillant à Madonna di Campiglio mercredi soir où il a pris la deuxième place, le Valaisan aura l’occasion d’étrenner un dossard rouge pour la première fois sur le Cirque blanc ce samedi, en tant que leader de la Coupe du monde de slalom. Une première pour le skieur d’Hérémence, qui a toutefois déjà remporté un Globe de cristal, en parallèle en 2020.

Loïc Meillard n’a pas amené son dossard rouge ce jeudi à l’heure de se présenter devant les très nombreux journalistes venus le rencontrer. « Celui de samedi sera plus beau », rigole-t-il, avant d’enchaîner, « c’est un coup de chance. » Plus sérieusement, le Valaisan se réjouit de sa situation. « Ma régularité montre que le travail fourni ces dernières années et l’été dernier avec toute l’équipe paie. Parfois, la confiance aide à passer outre certaines petites erreurs et j’en profite en ce moment. Pour aller jouer tout devant, on doit être à la limite. »

« Des émotions pour la vie »

Toujours est-il que le skieur d’origine neuchâteloise, grand amateur de vin rouge, se réjouit de porter un dossard rouge en course pour la première fois devant son public, qui sera comme de coutume très nombreux. « Pouvoir l’avoir ici à Adelboden, c’est clair que ça rend la chose un peu plus spéciale. C’est une course dont on se réjouit chaque année. On vit des émotions pour la vie! Après, dossard rouge ou pas dossard rouge, ça sera exactement le même objectif. » À savoir celui de briller, tant samedi en slalom que dimanche en géant. Il est d’ailleurs monté deux fois sur le podium, en géant, et a réussi six top 10 en slalom dans la station de l’Oberland bernois. « Ça aide de savoir que c’est une piste qui me convient très bien ou je peux skier vite. Je sais ce que je dois réussir à faire. »

Sur la Chuenisbärgli, Loïc Meillard espère décrocher enfin une première victoire cette saison, après être déjà monté sur quatre podiums, tous en slalom. « À chaque course, on a envie d’aller chercher la victoire, bien sûr », sourit le skieur de 28 ans. « Cependant, je ne peux pas me plaindre si je skie à chaque fois sur le podium. D’un côté, je préfère être quatre fois sur la boîte et une fois cinquième que d’avoir une victoire et quatre ‘DNF’. »

À 100% physiquement en course

Pour s’imposer, l’Hérensard devra être à 100% physiquement, ce à quoi il parvient en course, selon ses dires. Pourtant, il a préféré déclarer forfait pour le super-G de Bormio, fatigué par un début de saison intense et une blessure à Sölden, juste avant le géant d’ouverture. « Je dirais que la pause de Noël a fait du bien. Du repos, de la physio, de l’entraînement physique. C’était ce qu’il fallait pour arriver en tout cas en début janvier en forme et en pouvant attaquer à 100%. » Car en décembre, ses douleurs au dos se sont répercutées sur le reste du corps. « Je sais que c’est toujours présent. Parfois, on compense un peu, surtout sur les pistes difficiles comme Alta Badia ou Val d’Isère. » Certains muscles et ses hanches avaient notamment besoin de repos.

De quoi imaginer de nouvelles impasses, notamment en vitesse, pour la suite de la saison? « Non, pas forcément. Après, comme je l’ai toujours dit, la priorité est sur la technique. Mais ça fait toujours un peu mal au cœur de ne pas aller au départ quand on sait qu’on peut être performant dans une course. » Pour l’instant, Loïc Meillard prévoit toujours d’aller faire un ou deux entraînements de descente à Wengen et à Kitzbühel, avant de participer au super-G sur le Lauberhorn et la Streif. Reste qu’il sera très compliqué de se qualifier pour les Championnats du monde dans la discipline, tant la densité est immense dans l’équipe de Suisse, qui n’aura que quatre places à Saalbach.

D’ici là, le frère de Mélanie peut déjà commencer, pourquoi pas, à rêver de Globe, même s’il « n’y pense pas encore ». D’ailleurs, quel Globe lui ferait le plus plaisir? « Tous », assure-t-il. Le skieur d’Hérémence se fait un malin plaisir à se souvenir qu’il en possède déjà un, celui du parallèle remporté en 2020. « Ce n’est pas le plus beau, mais il est historique car c’est le seul qui a existé », rappelle-t-il hilare. Loïc Meillard est prêt à récidiver et à continuer à la Suisse du ski d’écrire ses plus belles lettres de noblesse.

Laurent Morel, Adelboden