Janvier 2023, Malorie Blanc débarquait pour la première fois dans le monde du Cirque blanc à Sankt Anton. La Valaisanne n’avait pas encore 20 ans, et se retrouvait entourée de Lara Gut-Behrami, Corinne Suter, Michelle Gisin et les plus grandes skieuses de la planète qu’elle admirait. À l’origine, elle devait participer aux entraînements de la descente pour prendre ses marques avant les Mondiaux juniors qui se disputaient sur la piste Karl Schranz, mais ces entraînement avaient été annulés.

Deux ans plus tard, la skieuse d’Ayent est de retour dans la station de l’Arlberg avec un statut différent. Depuis, elle a enrichi son palmarès, avec un titre de championne du monde juniors l’hiver dernier à Châtel en super-G, son expérience sportive, avec une grave blessure au genou gauche à Crans-Montana en février, et a parfait son apprentissage, en prenant part à sa première course de Coupe du monde à Saint-Moritz il y a trois semaines. « Il y a un monde qui sépare ces ceux années. Mais j’aurais signé tout de suite pour me retrouver où j’en suis aujourd’hui », sourit Malorie Blanc qui se remémore ces vingt-quatre derniers mois intenses. « Tout a été très vite, il s’est passé tellement de choses, c’est fou. Quand j’y repense, cela fout la trouille. Il y a eu énormément d’émotions, j’ai engrangé beaucoup de choses positives, et même la blessure n’a pas eu que des côtés négatifs. »

Une liberté nouvelle

À 21 ans désormais, celle qui a appris à skier à Anzère évolue sans pression. Ses entraîneurs veulent lui donner le temps de poursuivre sa formation dans l’élite. Ici, il est hors de question de brusquer la talentueuse athlète qui peut se fier à ses sensations avant de décider ou non de prendre place dans le portillon de départ. « C’est quelque chose de nouveau pour moi, je dois apprendre à me gérer seule, à prendre ma carrière en main », explique la triple médaillée des Championnats du monde juniors 2024 qui va jongler ces prochaines semaines entre les courses de Coupe du monde, qui feront escale à Cortina d’Ampezzo et Garmisch-Partenkirchen, et de Coupe d’Europe. Deuxième du classement du super-G au niveau continental, elle peut légitimement viser un top 3 et ainsi s’assurer un ticket fixe pour le prochain hiver sur le Cirque blanc.

« J’ai une certaine liberté car je n’ai pas de programme précis comme les années précédentes, mais un plan Excel qui change de semaine en semaine. J’avance ainsi, c’est bien, car je n’ai pas d’autre pression que celle que je me mets moi-même », poursuit-elle. « J’essaie de prendre un peu de distance car tout est nouveau pour moi, mais ce milieu est quand même impressionnant », rigole celle qui n’est toutefois guère impressionnée lorsqu’il s’agit de chausser les skis.

À la lutte avec les meilleures skieuses du monde à l’entraînement

Comme le démontre sa performance de jeudi où elle a réalisé le 3e meilleur temps du seul et unique entraînement disputé à Sankt Anton alors qu’elle dévalait pour la première fois une piste de descente de Coupe du monde. « Ce résultat m’a donné le plein de confiance et m’a rassurée. » Sur la piste Karl Schranz, Malorie Blanc a rivalisé avec les Federica Brignone, Lara Gut-Behrami, Sofia Goggia, qui a d’ailleurs manqué une porte, ou encore Cornelia Hütter. « J’avais des objectifs précis avant cet entraînement: être sur mon ski extérieur, rester décontractée, ne pas me stresser et arriver en bas en bonne santé. Pendant la manche, je me disais, il faut survivre, car ça tapait beaucoup. Alors en voyant mon résultat, je me suis marrée. »

De quoi donner des idées pour ce week-end? Ce serait mal connaître la Valaisanne qui prône l’apprentissage avant tout. « Je sais que cela ne fonctionne pas lorsque je réfléchis à l’envers, que je pense au résultat avant le ski. Je n’ai pas coutume de me fixer des objectifs chiffrés car cela ne me réussit pas. Je vais prendre cette course comme l’entraînement de jeudi. »

Mais comme Malorie Blanc progresse aussi rapidement qu’elle dévale les pistes, personne ne serait surpris de la voir bousculer la hiérarchie ce week-end sur la neige autrichienne

Johan Tachet, Sankt Anton