Le champion olympique veut une nouvelle chance de terminer sa carrière sur un point fort. En forme, sans blessures et avec de bonnes heures passées sur la neige, il se sent prêt à attaquer l’élite du snowboard à Laax la semaine prochaine.

Il y a cinq ans, Iouri Podlatchikov s’est résigné à mettre un terme à sa carrière après de nombreuses blessures. Maintenant en pleine forme et sans douleurs, le champion olympique veut une deuxième chance de terminer sa carrière sur un point fort. Inspiré par les comebacks de nombreuses autres stars, le Zurichois de 36 ans, qui s’est consacré à ses autres passions, l’art et la photographie, pendant son absence du Cirque blanc, assure avoir encore de bons runs en lui. Tout en étant bien conscient qu’une qualification ne sera pas un jeu d’enfants. Entretien.

Quand avez-vous décidé que vous vouliez revenir à la compétition?

L’idée m’est venue il y a environ un mois. Mais cela faisait un moment déjà que j’y pensais. Ces dernières années, j’ai assisté l’équipe de Suisse en tant que coach et j’ai souvent eu l’impression d’être sur le banc des remplaçants. Là, je n’ai plus de douleurs, je suis en forme, et quand on regarde ce que font les autres, on commence vite à se demander si on en serait capable de nouveau. La boule de neige s’est mise en mouvement et a très vite pris de l’ampleur.

Pourquoi maintenant?

C’est une chance de terminer ma carrière aux Jeux olympiques si j’arrive à me qualifier. Rien n’est certain, bien sûr, mais c’est une possibilité. Le timing est idéal: j’ai terminé mes études (ndlr: d’art et de philosophie), j’ai passé beaucoup de temps sur la neige, j’ai fait beaucoup de coaching et les Jeux olympiques sont très proches. Maintenant, on est à une semaine du Laax Open et j’ai passé tant de temps à Laax, ce serait presque stupide de ne pas tenter le coup.

Avez-vous des objectifs précis: un nouveau podium, une médaille olympique peut-être?

Le niveau est incroyablement élevé. L’année passée, en regardant la compétition à Laax, je me suis dit pour la première fois que je n’aurais pas atteint la finale. Lindsey Vonn a récemment réussi à terminer dans le top 15 (ndlr: lors de sa première course de Coupe du monde en cinq ans à Beaver Creek). Pour moi aussi, le top 15 est possible, sauf que ça ne suffirait pas pour la finale. Mais il faut commencer quelque part. Ce n’est pas vraiment réaliste de viser la finale, mais j’ai eu de bons entraînements jusqu’ici.

Vous avez mentionné Lindsey Vonn. Justement, son comeback en ski alpin a suscité de vives réactions cet hiver. Vous a-t-elle inspiré à tenter votre propre retour à la compétition?

Absolument, Lindsey Vonn a été une grande inspiration. Mais pas seulement elle. Mike Tyson aussi, qui est revenu récemment à la boxe. Les comebacks sont à la mode! C’est comme un virus, on l’attrape facilement (rires).

Peut-on alors s’attendre à vous voir encore pendant de longues années en compétition?

Je vois ça comme un tour d’honneur plutôt qu’un nouveau départ. Physiquement, les choses ont changé, j’ai plus de cheveux gris (rires). Non sérieusement, dans le sport de haut niveau, quand tout va bien, tout est parfait. Mais ce sont les imprévus qu’il faut savoir gérer, il faut savoir prendre des chutes. Tu ne peux plus rattraper les chutes comme tu le faisais avant. Jusqu’à présent, tout s’est bien passé, mais c’est tout de même un sport dangereux.

Si vous ne vous qualifiez pas pour Milan-Cortina, ne seriez-vous pas quand même tenté de réessayer en 2030?

Non, absolument pas. Si je n’y arrive pas, ce sera comme ça. Avant Sotchi (ndlr: les Jeux olympiques de 2014 où il a remporté une médaille d’or en halfpipe), j’aurais pu me dire: ‘C’est pas grave, j’aurai une nouvelle chance dans quatre ans’. Mais là c’est différent, l’effort est énorme. Je vais tenter le coup, mais si je n’y arrive pas, je n’y arrive pas.

Idéalement, qu’espérez-vous accomplir avec ce retour?

Ma carrière s’est terminée de façon amère. C’est comme si vous aviez la possibilité de rejouer les dernières notes d’un concert, mais en mieux. J’ai l’impression d’avoir mal posé mon dernier run, et j’en ai un meilleur en moi. Je crois que chaque athlète souhaite pouvoir faire ses adieux à la compétition lors d’un grand événement.

Sim Sim Wissgott