Enfin! Les spécialistes de télémark entament leur saison ce dimanche à La Thuile dans le val d’Aoste. Cet hiver, et contrairement aux précédents, les télémarkeurs ont dû se montrer patients avant d’entamer la Coupe du monde qui avait pour habitude de débuter normalement en novembre. “C’est une saison express”, lance le tenant du grand Globe de cristal Nicolas Michel. “Nous avons une douzaine de courses réparties sur un mois, alors que normalement nous en avons vingt sur l’ensemble de l’hiver.”

Le retour de la Reine Amélie Wenger-Reymond

Cette reprise sera notamment marquée par le retour à la compétition de la Reine du télémark mondial Amélie Wenger-Reymond (31 ans). Après avoir réalisé le grand Chelem en remportant toutes les courses de la saison 2016-2017, la Sédunoise avait pris une année sabbatique pour devenir maman. “J’ai déjà grand plaisir de me retrouver dans un portillon de départ”, lance la Valaisanne aux 133 victoires (!) en Coupe du monde qui veut s’inspirer de la triathlète Nicola Spirig, revenue au sommet de son sport après une grossesse, pour démontrer qu’elle reste toujours la patronne du télémark. “Mon esprit de compétition est resté intacte. Le but est de revenir devant.”

Toutefois, Amélie Wenger-Reymond ne veut pas tirer de plan sur la comète. “On verra ce que cela donnera en course. A l’entraînement, tout se déroule bien. Mes valeurs physiques sont bonnes”, assure la Valaisanne qui sera accompagnée sur le front de la Coupe du monde par son mari et sa fille, déjà mascotte de l’équipe de Suisse de télémark.

Nicolas Michel, un titre un défendre

Si Amélie Wenger-Reymond sera l’une des favorites aux Globes de cristal, Nicolas Michel (23 ans), vainqueur de la Coupe du monde la saison dernière, sera lui l’un des principaux candidats à sa propre succession. Toujours est-il que le skieur de Vex ne sait pas véritablement à quoi s’attendre cet hiver après avoir seulement remis les skis de télémark mardi. Le Valaisan est rentré samedi de la Californie où il a passé un semestre dans le cadre de son Bachelor en technique du bois. “D’un côté, j’ai envie de défende mon Globe, mais de l’autre je dois rester réaliste, cela ne sera pas facile.”

Aux Etats-Unis, Nicolas Michel a veillé à s’entretenir physiquement en pratiquant notamment le surf et le basketball. “Après, le télémark, c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas”, rigole-t-il depuis le télésiège de Thyon sur lequel il est assis. “Bon, il aurait été préférable d’avoir un peu plus de jours de neige dans les jambes. Le problème c’est que je ne sais pas où je me situe par rapport aux autres.” L’Hérensard ne veut pas non plus se prendre la tête. “On fera le point après les premières courses et si je ne suis pas devant, je vais surtout me concentrer pour être au top pour les Championnats du monde en mars.” 

Un nouveau genou pour Bastien Dayer

Les Mondiaux qui se disputeront fin mars dans la Mecque du télémark à Rjukan en Norvège sont également entourés en rouge dans l’agenda de Bastien Dayer (31 ans). “Je vais prendre les courses les unes après les autres pour faire les réglages nécessaires et monter en puissance pour ces Championnats du monde”, explique le skieur d’Hérémence qui a eu le malheur de se déchirer le ligament croisé du genou lors de l’ultime course de la saison passée à Mürren. “C’était ma première grosse blessure, mais je me considère chanceux car ma rééducation s’est très bien déroulée, je n’ai presque plus de douleurs et j’ai pu remettre les skis en octobre déjà”, expose Bastien Dayer qui a notamment partagé sa convalescence avec une autre championne de ski d’Hérémence, Mélanie Meillard.

Toutefois, le Valaisan ne se fait pas d’illusion. “Je ne vais pas viser les globes et je ne fais pas de plan pour cet hiver, car mon genou n’est pas encore à 100%”, poursuit le 6ede la dernière Coupe du monde qui rivalise pourtant avec son compatriote et ami Stefan Matter à l’entraînement. “La course c’est autre chose. Je sais que je peux skier vite, mais je ne sais pas comment cela se passera dans les modules avec des sauts ou des looms et les torsions qu’ils engendrent à mon genou qui n’a pas encore retrouvé toute son élasticité.”

Une saison de transition pour Romain Beney

Quatrième valaisan engagé sur la Coupe du monde, Romain Beney (22 ans) va au devant d’une saison “de transition”. Le champion du monde juniors de sprint ne participera qu’aux quatre dernières épreuves sur le circuit à Krvavec (SLO) au mois de février et, peut-être, aux Mondiaux de Rjukan en mars. Le Sédunois doit passer des examens universitaires. “Mon premier objectif de la saison sera de réussir mes examens et ensuite, pourquoi pas, essayer d’accrocher un top 10 lors des courses auxquelles je participerai.” Touché, en plus, au pouce en automne dès le premier jour d’entraînement – “J’ai dû m’arrêter six semaines” –, Romain Beney entend avant tout “rester solide et conserver mon niveau” pour revenir encore plus fort l’année prochaine.

Johan Tachet