Le Japon, ses temples, son Mont Fuji, ses spécialités culinaires, ses arts martiaux et bien évidemment ses pentes saupoudrées d’un or blanc si léger qu’il fait le bonheur de tout amateur de freeride. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la station d’Hakuba accueille ce week-end les meilleurs spécialistes de la discipline pour la première des cinq étapes du Freeride World Tour 2019 dont la finale aura lieu fin mars sur le Bec des Rosses de Verbier.

En début de semaine, les trois Romands du Tour, Yann Rausis, Elisabeth Gerritzen et Maude Besse ont embarqué en direction du Japon. Avec leurs skis naturellement, mais aussi des ambitions.


Yann Rausis

2018: 5e du FWT en ski

“La compétition me pousse au plus haut niveau de mon ski”

Yann Rausis a affûté sa condition physique, ses skis et ses rimes. “Après l’année de la confirmation, c’est peut-être celle de la consécration”, se marre Yann Rausis. “Ou du moins, celle de la réalisation ou de la progression. J’espère en tout cas ne pas aller à l’élimination.” Quatrième et cinquième pour ses deux premières saisons sur le Freeride World Tour, le skieur d’Orsières est naturellement cité parmi les outsiders au titre mondial. Lui se plaît à dire qu’il “vise la gagne”. “Le but de la compétition est de me pousser au plus haut niveau de mon ski. Je la vois d’ailleurs comme un jeu et comme je suis joueur…”

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March 2018, Montgenèvre. 📸: @olivergough18

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Pour se mettre dans les meilleures conditions, le Valaisan, qui vient de terminer son Master, a filé ces dernières semaines en Autriche qui croule sous un épais manteau neigeux. “J’ai pu essayer de nouveaux tricks et me rappeler ce que je sais faire sur mes skis.” Yann Rausis sait qu’il devra encore hausser son niveau s’il entend parvenir à ses objectifs. “J’ai des progrès à faire en freestyle, dans mon engagement ou à la réception des sauts”, concède ce perfectionniste qui avait marqué de son empreinte le dernier Xtreme de Verbier en sautant une nouvelle barre rocheuse monstrueuse et inédite sur le Bec des Rosses. “Chaque année de nouveaux riders débarquent et il y a quelques légendes cette année. Il ne faudra pas être intimidé, réaliser le même ski que l’année dernière, mais en mieux.”


Elisabeth Gerritzen

2018: 5e du FWT en ski

“J’ai envie de gagner avec ma propre personnalité”

Elle avait conclu son dernier hiver par une grosse frayeur en chutant à l’Xtreme de Verbier. Dix moi plus tard, Elisabeth Gerritzen entame cette nouvelle saison avec détermination. Non seulement parce qu’elle retrouvera sur le Tour sa grande copine Maude Besse, mais également pour “prendre ma revanche sur le Bec des Rosses”.

La skieuse lausannoise avoue d’ailleurs avoir passablement appris de sa mésaventure passée. “Je dois m’écouter davantage. J’ai tendance à être moins concentrée si je ne suis pas certaine de ma ligne, comme c’était le cas à Verbier. Je vais veiller cette année à savoir où je passe au centimètre près.”

Comme Yann Rausis, la Lausannoise de 23 ans aborde son troisième hiver sur le front du FWT. “Chaque saison, j’ai davantage de confiance et moins d’appréhension.” Elisabeth Gerritzen, qui avait obtenu son premier podium sur le Tour l’année dernière à Vallnord (AND), estime qu’elle devra “sortir de sa zone de confort” pour franchir un nouveau pallier. “Il sera nécessaire de prendre un peu plus de risques”, annonce-t-elle en faisant référence à une concurrence toujours grandissante. “Avec des filles qui débarquent comme Maude (Besse) ou Hedvig (Vessel), le niveau continue d’augmenter. Il faut être à la page pour tenir la route.” Mais pas question pour la Valaisanne d’adoption de changer sa manière de skier. “C’est dangereux de se dénaturer et j’ai envie de gagner avec ma propre personnalité.”


Maude Besse

2018: 5e du FWQ. Elle a reçu une wildcard pour le FWT

“J’ai l’impression de commencer quelque chose de nouveau”

Trois jours avant de reprendre le travail cet été, Maude Besse reçoit un coup de téléphone. Le contenu de l’appel: une invitation pour le Freeride World Tour 2019. “C’était une sacrée surprise. Je ne pensais plus au ski. Et là c’est une magnifique chance. J’avais tout mis en œuvre pour en arriver là”, savoure la Bagnarde qui, 3e et 5e du FWQ ces deux derniers hiver, tournait autour d’une promotion sur le World Tour.

La skieuse valaisanne de 22 ans aborde ce nouveau défi avec “beaucoup d’excitation”. “J’ai l’impression de commencer quelque chose de nouveau, même si je pratique le freeride depuis plusieurs année.” Son talent naturel devrait permettre à l’ancienne championne du monde juniors de pouvoir s’illustrer parmi les meilleures rideuses de la planète. Premier objectif pour Maude Besse: se qualifier parmi les sept finalistes qui auront la chance de dévaler le Bec des Rosses, cette montagne qu’elle connaît sur le bout des ongles. “Je vais essayer de ne pas me mettre de la pression comme j’avais pu le faire par le passé, ce qui pourrait gâcher mon ski. Mais simplement lâcher les chevaux et rester moi-même. Si j’ai reçu ma wild-card, c’est pour en profiter un maximum et non pas pour commencer à calculer le nombre de points que je dois engranger.”

Johan Tachet