Garmisch-Partenkirchen, Adelboden, Wengen, Kitzbühel, Schladming et Chamonix: six slaloms sont agendés en un mois. C’est le début aujourd’hui en Bavière d’un véritable marathon pour les slalomeurs. Et après le podium de Loïc Meillard à Val d’Isère et la victoire de Daniel Yule à Madonna di Campiglio, les attentes sont très élevées dans le clan helvétique. A quelques heures de débuter de festin de virages serrés, les trois entraîneurs de l’équipe de Suisse de slalom, Matteo Joris, Thierry Meynet et Julien Vuignier parlent d’une seule voix en analysant un à eu leurs protégés.

Julien Vuignier, Matteo joris et Thierry Meynet, les trois coaches de l’équipe de Suisse. (Matteo Joris/Instagram)

Daniel Yule (7e à Val d’Isère et 1er à Madonna di Campiglio): “Surfer sur le succès de Madonna”

“Nous ne sommes pas surpris de la victoire de Daniel à Madonna, car il allait déjà fort et on savait qu’il pouvait gagner de nouveau. Dès le premier camp de ski de la saison, il était bien calé sur les skis, techniquement, il était rapidement réglé. C’est aussi grâce à son expérience.”

“Et Daniel est une bête de course, un guerrier. Il peut gagner sur toutes les pistes. Il est important qu’il surfe sur son succès de Madonna et on peut lui faire confiance. Il est toujours posé et sait répondre le jour J. S’il garde la santé, qu’il ne tombe pas malade, il sera là lors de ce mois de janvier.”

Loïc Meillard (3e à Val d’Isère et éliminé à Madonna di Campiglio): “Le podium en super-G est une confirmation”

“Son podium en super-G à Bormio est simplement dans la continuité de sa progression. C’est une confirmation pour lui, il sait désormais qu’il peut faire des podiums en vitesse et cela sans se mettre de pression. Ce qu’il a fait antérieurement avec le groupe de géant et maintenant le travail fourni avec notre groupe lui permet de casser des barrières. Quand il skie avec du plaisir, sans réfléchir, c’est du grand Loïc.”

“Il crédibilise tout le bien que l’on pense de lui. Il a un potentiel extraordinaire, un diamant que l’on doit protéger pour qu’il puisse être performant dans toutes les disciplines auxquelles il prend part. Il faut encore qu’il parvienne parfaitement à switcher entre les disciplines pour gagner en constance et aller chercher une première victoire (ndlr: sa seule victoire est le parallèle de Chamonix en 2020). Dès qu’il va en gagner une, il peut en aligner comme Wendy Holdener qui a mis du temps. Il doit faire son chemin et cela va aller.”

Ramon Zenhäusern (14e à Val d’Isère et 21e à Madonna di Campiglio): “Prouver qu’il a tout pour redevenir un guerrier”

“Il est constant, mais il n’est pas régulier à son niveau. Cependant, on a vu du mieux après sa saison dernière qu’il doit oublier. Il doit désormais se débloquer, se relâcher en course et ne pas calculer. Après sa blessure à une épaule l’an passé, il est retourné en arrière par rapport à sa progression des dernières saisons.”

“Il avance “step by step”, mais il ne doit pas trop traîner non plus, car il a déjà bientôt 31 ans, il ne faut pas l’oublier. On ne veut pas seulement qu’il skie vite à l’entraînement, ce qui est le cas, mais on veut aussi qu’il soit encore plus rapide en course. Il a le potentiel pour retrouver la place qu’il avait avant, il a tout pour redevenir un guerrier, mais il doit le prouver sur la piste maintenant.”

Luca Aerni (éliminé à Val d’Isère et 11e à Madonna di Campiglio): “Sur le bon chemin”

“Luca, c’est l’un des meilleurs skieurs au monde. Mais il doit apprendre à gérer son niveau physique pour garder cette fraîcheur mentale afin de skier à fond. Il est beaucoup lié avec sa tête. Il ne peut pas avoir d’entre-deux. Il peut être vraiment très fort, à skier pour les podiums, ou, à l’opposé, il ne fait pas un virage et c’est notre boulot de le mettre en conditions pour qu’il retrouve la folie dans le ski. On l’a vu déjà un petit peu à Madonna, une demi-manche où il était très fort.”

“Il est sur le bon chemin, il doit se provoquer lui-même pour aller chercher plus loin. Il est actuellement bien posé sur les skis. On l’encourage, car il skie bien à l’entraînement et il peut donner un peu plus en course.”

Marc Rochat (éliminé à Val d’Isère et à Madonna di Campiglio): “Il peut être la surprise de janvier”

“C’est un grand travailleur. C’est un athlète qui tire aussi le groupe car il ne lâche rien. On espère vraiment qu’il peut se sortir de cette situation. Il a manqué de chance à Madonna. il s’est stressé avec un piquet dans les pieds, il s’est ensuite désorganisé. Il est stable, il est solide, bien sur ses pieds à l’entraînement.”

“Il lui manque un résultat déclic. Il peut clairement être la bonne surprise de ce mois de janvier. Il va nous en claquer une ou deux, on en est convaincus. De plus, il adore les conditions délicates comme ici à Garmisch-Partenkirchen, il va aller au combat, en étant tactique, il a les ingrédients. Ce n’est plus un acrobate comme il y a quelques années en arrière et il mérite d’être là après plusieurs problèmes de santé. Il doit crédibiliser le travail qu’il fait à l’entraînement maintenant.”

Tanguy Nef (éliminé à Val d’Isère et à Madonna di Campiglio): “Comme une roulette russe”

“Il a du talent, mais le talent sans travail, tu n’y arrives pas. Il doit augmenter le travail et le volume. C’est le seul moyen pour arriver au succès. Il a le potentiel pour être très très rapide mais dans sa tête, il doit comprendre qu’il faut passer par l’accumulation des manches pour gagner en constance.”

“Il peut nous surprendre, c’est comme la roulette russe car on connaît son potentiel. Il est capable de nous faire des démonstrations sur une manche, mais il n’a pas le volume pour avoir la constance, cela se remarque sur le pourcentage de courses où il arrive en bas. Et pour améliorer cela, il faut passer par la rigueur et l’enchaînement des manches jusqu’à l’arrivée.”

Fadri Janutin (pas de slalom disputé cette saison): “Il doit faire des journées en slalom”

“Il n’a pas fait beaucoup de slalom à l’entraînement, car il s’est concentré sur le géant. Du coup, il a un peu perdu en slalom et doit se reconstruire dans la discipline, il doit faire des journées. Lors de sa première course de Coupe du monde l’an dernier, ici à Garmisch-Partenkirchen, il fait 17e. On sait qu’il a quelque chose sous le pied. Mais cette fois, ce ne sont pas les mêmes conditions.”

Sandro Simonet (pas qualifié en seconde manche à Val d’Isère et à Madonna di Campiglio): “Se calmer dans l’approche des courses”

“Il revient de blessure et c’est déjà une bonne nouvelle qu’il ait un genou en santé et qui va bien. On sait qu’il peut skier vite, mais il doit provoquer ce petit déclic mental pour avoir cette confiance et skier partout.”

“Techniquement, c’est l’un des meilleurs slalomeurs du monde. Mais la course est un autre sport, on le voit dans notre team avec Daniel. Je ne sais pas s’il a gagné une manche à l’entraînement avant Madonna… Du coup, il a pris cet été un coach mental pour gagner en stabilité, pour se calmer lors de l’approche de la course. On peut lui faire confiance pour qu’il réalise de belles choses, mais il doit apprendre à revenir progressivement. Lui veut être en haut tout de suite, mais il doit apprendre à faire quelques fois 20e pour améliorer ses dossards.”

Noel Von Grünigen (pas qualifié en seconde manche à Val d’Isère et 26e à Madonna di Campiglio): “Davantage oser”

“Il est certainement le plus constant, mais il a encore un gros palier à franchir au niveau de la prise de risque et de la folie. C’est un beau skieur à voir, mais s’il veut aller chercher plus que la qualification, il doit oser davantage. Il n’a pas été très bien durant la préparation, il a connu des flottements. Et à Madonna, il s’est relâché, sans réfléchir et a claqué une belle manche (ndlr 28e de la première manche avec le dossard 58). Cette qualification lui a fait beaucoup de bien. Il a un potentiel et doit maintenant casser des barrières.”

Joel Lütolf (éliminé à Val d’Isère et à Madonna di Campiglio): “Il apprend au contact des Loïc”

“Il a profité d’être avec nous cette semaine, avec des exemples devant. Il s’est entraîné seul un jour avec Loïc (Meillard), cela lui amené un plus. Passer quelques jours avec nous est un bon apprentissage. Son entraîneur en Coupe d’Europe (Wolfgang Auderer) nous a dit qu’il n’était pas capable de skier dans des conditions compliquées, comme nous en avons connues cette semaine, il y a encore une année. Et là, tout s’est bien passé. Il est capable de passer un cap, de prendre du plaisir. Il est bon en Coupe d’Europe et il possède un joli potentiel.”

Johan Tachet, Garmisch-Partenkirchen