Le rouge et le blanc flottaient tout en haut du podium de la première course masculine de la saison ce samedi à Gurgl. Sauf que ce n’est pas le drapeau suisse qui a été hissé dans les hauteurs du Tyrol autrichien mais bien le “rot-weiss-rot” local. Grâce aux insatiables Manuel Feller, Marco Schwarz et Michael Matt, auteurs d’un triplé inédit pour eux dans la discipline depuis 2001, la Wunderteam a rappelé qu’il allait falloir compter avec elle cet hiver. Et les Suisses sont prévenus. Même si Daniel Yule n’a échoué qu’à 0″03 du podium au 5e rang, le bilan comptable n’est pas bon. Mais tout n’est pas à jeter.

“C’est mon premier top 5 depuis que j’ai 30 ans, j’ai encore quelques restes, souriait le skieur du val Ferret, trentenaire depuis le 18 février. C’est frustrant de terminer si proche du podium, mais c’est un début de saison solide et réussi, même si ma première manche n’était pas idéale. C’est là que j’ai perdu ces trois centièmes. Mais le bilan est très positif.” Et à l’exception des Autrichiens, ses principaux adversaires dans la chasse au Globe de cristal n’ont pas forcément fait mieux, à l’image d’Henrik Kristoffersen (7e), Clément Noël (12e) et Ramon Zenhäusern (22e).

Loïc Meillard, le bon état d’esprit

Sur le premier tracé, le plus rapide des protégés de Matteo Joris était Loïc Meillard, 4e. Mais le skieur d’Hérémence a enfourché en deuxième manche. Déçu mais loin d’être abattu, il a pris les choses avec philosophie. “Je n’ai aucun regret, a-t-il avoué. J’ai poussé pour aller chercher la gagne, c’est ce qu’il fallait faire. J’étais dans le rythme mais malheureusement, ça n’a pas passé. Mais je dois prendre des risques.”

Le 6e du classement général de la Coupe du monde l’hiver dernier était satisfait de son état d’esprit. “Parfois, on enfourche car on était trop ‘gentil’. Là, ce n’était pas du tout le cas. C’est bon signe et je peux passer dessus facilement. La bonne nouvelle, c’est que le ski est là. Même avec une première manche pas totalement réussie, j’étais dans le coup.” Le frère de Mélanie va encore rester quelques jours à Gurgl pour s’entraîner en géant, avant de se pencher vers la vitesse et de traverser l’Atlantique pour disputer le super-G de Beaver Creek.

Marc Rochat a lui pris une honorable 19e place, qui pourra cependant lui laisser quelques regrets, tant sa première manche terminée à la 9e place laissait augurer une nouvelle performance de choix, dans la foulée de ses exploits de l’hiver dernier. “Je me suis un peu endormi lors de la deuxième manche, a concédé le Vaudois. Ça peut arriver avec ce genre de tracé. J’ai quelques regrets, mais c’est tout de même des bons points à prendre. On part sur de bonnes bases même si désormais, je dois viser mieux.”

Le sourire pour Luca Aerni et Tanguy Nef

Luca Aerni et Tanguy Nef ont eux terminé ex-aequo au 20e rang, à 2″51 du vainqueur. “Je suis satisfait car j’étais vraiment crispé en première manche, mes jambes, c’était du béton, a confié le skieur de Crans-Montana. Mais je suis content, la saison est lancée. Je sais où je peux m’améliorer et je produis régulièrement du bon ski à l’entraînement. C’est agréable et rassurant.” D’ici Val d’Isère, le Valaisan va probablement disputer un géant de Coupe d’Europe, “pour garder le rythme”.

Du côté de Tanguy Nef, ce résultat est également une bonne nouvelle. “C’est bon pour la confiance, a confirmé le Genevois. Si on m’avait dit que j’allais réussir ça à la première course, j’aurais signé tout de suite.C’était le plan. Il ne faut pas aller plus vite que la musique. Il y a une confiance à reconstruire, un feeling, une assurance à retrouver en course.” Le Genevois, qui va fêter ses 27 ans dimanche, n’avait plus marqué de point en Coupe du monde depuis le 4 janvier à Garmisch-Partenkirchen. Il s’entraîne désormais avec le groupe de Coupe d’Europe et cela semble lui convenir. “Je suis plus dans une mentalité où je veux construire cette saison, décrit-il. On est un peu plus calme dans le groupe, c’est bien aussi.”

Les Autrichiens avantagés?

Les Autrichiens avaient l’avantage de s’être déjà entraînés sur la piste Kirchenkar, notamment Marco Schwarz, lorsqu’il avait décidé de quitter Zermatt la semaine dernière. Le Britannique Dave Ryding, 4e à un centième du podium, est aussi chez lui dans la station du fond de l’Ötztal, qui est son sponsor et où il s’entraîne regulierement. “Ça peut avoir son influence sur une nouvelle piste de Coupe du monde, reconnaît Daniel Yule. Mais au final, ils ont quand même été meilleurs que nous, il n’y a pas d’excuse.” Ramon Zenhäusern, qui n’a pas compris ce qui lui a coûté autant de temps en deuxième manche (le Haut-Valaisan était 8e dans la première avant de recoller au 22e rang), assure qu’il a besoin “de repos” et ne veut pas “se montrer alarmiste”. Prochain rendez-vous pour les slalomeurs, dimanche 10 décembre à Val d’Isère.

Laurent Morel, Gurgl