S’il y a une chose qu’il ne faut pas demander à Michelle Gisin, c’est de faire des choix. Depuis plusieurs années, nombreux sont ceux qui se sont aventuré à vouloir faire de la polyvalente Obwaldienne une spécialiste. Mission impossible, tant la double championne olympique de combiné aime s’amuser dans toutes les disciplines. Et même si elle a logiquement préféré miser sur les disciplines de vitesse lors de sa préparation pour la saison actuelle, ses premiers résultats prouvent bien qu’elle n’est pas prête à laisser tomber la technique. En témoignent notamment le 14e rang en géant et l’incroyable 6e rang en slalom de ce week-end à Killington.

Alors cette saison encore, comment Michelle Gisin va-t-elle pouvoir faire des choix? “Pardon? demande-t-elle, comme si ce mot ne faisait pas partie de son vocabulaire. C’est facile, je ne vais pas en faire, je vais disputer toutes les courses, à l’exception de Courchevel.” En Savoie, seul un slalom nocturne le 21 décembre est au programme. Pas forcément rentable, donc, même si son résultat obtenu dans le Vermont commence à la faire douter de son impasse. “Je reste sur ce plan, tente-t-elle de se convaincre. Mais c’est vrai que la piste me conviendrait bien…”

Des petits soucis sur les skis et dans la vie

Impasse ou pas sur cette épreuve en particulier, Michelle Gisin a en tout cas retrouvé un excellent niveau et un immense sourire, après une saison dernière parfois compliquée. “C’est vrai que c’était dur, avoue-t-elle. Lorsque tu passes la ligne d’arrivée et que tu vois toujours du rouge, ce n’est pas très motivant.” Et ce renouveau pour la skieuse d’Engelberg est passé par le fait d’assumer les raisons de ses échecs, même relatifs, de la saison passée. “Beaucoup de choses ne roulaient pas parfaitement, déjà en automne, rappelle celle qui était passé de Rossignol à Salomon à l’intersaison. Ce n’était pas qu’une question de changement de matériel. Certaines choses me perturbaient, en général, dans la vie privée aussi. Des petits détails qui étaient usant physiquement et mentalement.”

Heureusement pour la soeur de Dominique, la roue a tourné. “En ce début de saison, c’est le contraire d’il y a un an. Tous les voyants sont au vert. Je suis heureuse dans la vie en général et le ski suit. Il n’y a que du positif. Par ailleurs, j’ai beaucoup plus de liberté cette année, c’est agréable.” Durant l’intersaison, Michelle Gisin a changé de groupe d’entraînement puisqu’elle est désormais rattachée au groupe de vitesse, même si en ce moment, elle est plutôt comme un électron libre en Amérique du Nord. “Je n’aime pas être trop cadrée, alors cette situation me convient bien, sourit-elle. Dans la tête, je suis plutôt une descendeuse je pense, mais c’est cool aussi d’être avec les techniciennes ici.”

“J’ai hâte de mettre mes longs skis”

Désormais, le seul véritable point de repère de la skieuse de 29 ans, c’est son technicien Christian Gämper dit “Gämpi”, qui avait accepté de la suivre lors de son changement d’équipementier. “On a appris beaucoup la saison dernière ensemble, répète-t-elle. Des petits réglages de qualité donnent énormément de confiance et ça fait la différence ensuite sur les skis. Désormais, et contrairement à la saison dernière, on a une bonne base. Et les résultats sont une récompense pour tout le travail qui a été effectué. Il faut avoir de la patience. L’année dernière, personne n’en avait vraiment, moi la première pour être honnête.”

Avec “Gämpi”, son préparateur de skis de toujours. (LMO/SkiActu)

L’athlète aux 19 podiums de Coupe du monde se réjouit de confirmer ses progrès à Tremblant le week-end prochain, sur une piste qu’elle découvrira. “C’est cool de découvrir de nouveaux endroits, il faut penser à en profiter, relève celle qui avait pris la 2e place du slalom des Championnats du monde juniors disputés à Mont Saint-Anne en 2013. Malgré tout, Lake Louise va me manquer mais c’est peut-être car j’ai hâte de mettre mes longs skis…” Et au vu de son début de saison, elle n’est pas la seule à être pressée de voir ce qu’elle est capable de montrer dans les disciplines de vitesse.

Laurent Morel, Killington