L’annulation des descentes de Lenzerheide a fait passablement de bruit dans le petit monde du Cirque blanc, qui a posé son chapiteau dans les Grisons pour ses finales annuelles. Car l’impossibilité d’organiser ces courses jouera quoiqu’il arrive un rôle dans le classement général final de cette saison de Coupe du monde. Et Lara Gut-Behrami et Marco Odermatt, ambitieux chasseurs de gros Globes, ont perdu une belle possibilité de revenir sur les leaders actuels (Petra Vlhova et Alexis Pinturault). Le courroux de plusieurs athlètes et suiveurs, notamment dans le camp suisse, vise surtout le règlement de la FIS, qui ne permet pas de replacer une course plus tard dans la semaine, à la place par exemple de l’épreuve par équipes de vendredi, moindre en terme d’intérêt. L’idée de l’instance internationale avec cette décision est de ne pas avoir à choisir entre plusieurs disciplines si plusieurs courses venaient à être annulées.
“Il faut repenser le calendrier en entier, en commençant par l’organisation des disciplines, a relevé un Beat Feuz critique, après avoir reçu son Globe de cristal de descente. Doit-on chercher à développer le combiné, le parallèle ou alors doit-on se concentrer sur les disciplines de base? C’est une vraie question. Cet hiver, il n’y a eu que 7 descentes. Des annulations peuvent arriver bien sûr, mais il y a dans le même temps 11 slaloms. C’est un tiers de plus. Je ne connais pas la solution, le bon chemin, mais le problème existe bel et bien.” Kugelblitz en a gros sur la patate. Il avait déjà pâti de cet état de fait en 2012 lorsqu’il avait perdu le gros Globe pour 25 points face à Marcel Hirscher, le nombre d’épreuves de vitesses étant déjà inférieur à celles de techniques. Dans le même temps d’autres diront qu’il est plus compliqué d’être régulier en technique, une sortie de piste étant vite arrivée.
Quoiqu’il en soit, Lara Gut-Behrami voit la possibilité de décrocher un 2e gros Globe s’éloigner, puisqu’elle compte 96 points de retard sur Petra Vlhova avant les trois ultimes épreuves de l’hiver. Et si elle peut espérer reprendre des points en super-G, voire en géant, la Slovaque a de fortes chance de faire la différence en slalom. Après être montée sur le podium du classement de la descente, la Tessinoise a fait part de son sentiment, à la veille de ce qui pourrait finalement être son entrée en lice dans ces finales.
Lara Gut-Behrami, l’annulation de cette descente ne fait pas vos affaires…
C’est toujours dommage quand on ne peut pas courir une épreuve. Mais c’était assez prévisible aujourd’hui et la sécurité doit primer, malgré la pression de devoir terminer les courses prévues au calendrier.
Vous faites malgré tout une mauvaise opération au niveau du général.
J’avais tout l’hiver pour marquer des points. Ce serait une excuse de dire que l’annulation de cette descente fait toute la différence. Cinq super-G et neuf slaloms sont prévus l’année prochaine. Au niveau du fair-play, il faudra repasser.
Vous y croyiez encore?
Franchement, je n’ai jamais pensé à gagner ce grand Globe. Je ne vais pas commencer maintenant.
Il vous reste de précieux points à marquer en super-G…
Je me réjouis, je vais tout donner. J’espère que l’épreuve aura lieu. C’est une très belle piste.
Il y a des chances de vous voir sur des skis de slalom samedi?
Non.
Est-ce que c’est plus facile de gagner le général pour une slalomeuse que pour une descendeuse?
Il ne faut voir cela comme une polémique entre les slalomeuses et les autres. Simplement, si cela s’appelle le Globe du général, il faut avoir le même nombre de courses dans toutes les disciplines. Je ne vois pas pourquoi on va finir la saison avec 7 descentes, 6 ou 7 super-G, contre 9 slaloms. Le géant de Semmering n’a pas été récupéré non plus. Ce n’est pas logique.
C’est quelque chose que les athlètes pourraient faire changer en discutant avec la FIS?
Quand on fait des remarques sur le calendrier, on répond toujours aux athlètes que nous ne comprenons pas tous les paramètres compliqués qu’il faut prendre en compte. Mais si, quand tu dessines la saison, tu programmes plus de slaloms, alors ça me paraît logique qu’il y en aura plus à la fin de l’hiver. Il faudrait y réfléchir. Durant la saison, on sait que les épreuves de vitesse sont plus dépendantes de la météo. C’est aussi beaucoup plus compliqué de récupérer une descente ou un super-G, alors qu’il y a souvent des annulations à cause de la météo. Dans ma carrière, je ne me souviens pas avoir vu un seul slalom annulé. Il faudrait discuter de tout ça avec la FIS, comme de l’impossibilité de reprogrammer les courses annulées durant ces finales.
Laurent Morel, Lenzerheide