Michelle Gisin est une guerrière. Quelques jours après le bronze du super-G, l’Obwaldienne a remporté l’or du combiné. Qui aurait pu penser que la skieuse d’Engelberg réussisse de tels Jeux olympiques, quelques mois seulement après avoir été victime d’une mononucléose dont elle ressent encore les effets? “C’est incroyable d’être parvenue à réaliser tout cela avec ma maladie et sans entraînement. Je dois remercier tellement de gens.”

La Suissesse ne parvient pas à prendre conscience de la portée de l’exploit qu’elle vient de réaliser. Face à l’adversité, elle s’est toujours relevée. “C’est impressionnant la capacité qu’elle a à se concentrer lorsqu’elle se trouve en course”, admire son entraîneur Beat Tschuor. “Michelle fait un travail remarquable, c’est une vraie professionnelle.” D’autant plus que beaucoup de pression pesait sur les spatules de l’Obwaldienne, qui s’était fixée comme objectif de conserver l’or olympique glané en combiné il y a quatre ans à PyeongChang. “Je me suis rendue compte aujourd’hui entre les deux manches comme il est difficile de défendre un titre.”

“L’un des plus beaux slaloms de ma carrière”

Pourtant, après la manche de descente où elle était classée 12e à une seconde de l’Autrichienne Christine Scheyer, Michelle Gisin pensait avoir grillé toutes ses cartes. “J’ai loupé un virage. J’étais certaine que c’était foutu. J’ai fait une grosse erreur, je n’avais plus de vitesse et j’ai perdu beaucoup de temps.” Mais une fois les skis de slalom chaussés, la skieuse d’Engelberg s’est transformée pour réaliser une manche d’anthologie. “Je ne pensais pas être capable de sortir un tel run après trois semaines aussi intenses. Je ne sais pas comment j’ai fait. Je crois que c’était l’une des plus belles manches de slalom de ma vie”, sourit l’héroïne du jour qui a laissé sa compatriote Wendy Holdener à plus d’une seconde.

Michelle Gisin a réalisé un slalom d’anthologie. (Alain Grosclaude/Zoom)

Pour Michelle Gisin, “la persévérance” est le maître-mot de son succès. “Il faut continuer à tenter les choses jusqu’à ce qu’elles fonctionnent”, analyse-t-elle en faisant référence à son premier podium en Coupe du monde de slalom à Lienz en décembre 2019, sept ans après son premier départ sur le Cirque blanc.” La polyvalente skieuse impressionne puisqu’elle devenue une slalomeuse confirmée seulement après avoir gagné ses galons en vitesse. “J’ai toujours continué à travailler, car je savais qu’un jour ça fonctionnerait également en slalom.”

Un verre de vin avant chaque médaille et une soirée pyjama avec Odermatt

Il n’y a pas de recettes au succès olympique pour l’Obwaldienne, si ce n’est le travail, le professionnalisme et le talent. Et peut-être le vin… “J’avais eu un verre avant le super-G avec Luca (Aerni) et Loïc (Meillard). Après ma médaille, ils m’ont écrit sur ma porte: “Bois du vin: skie vite”. Du coup, j’ai repris un verre hier soir”, se marre Michelle Gisin, l’une des skieuses les plus appréciées du Cirque blanc, toujours altruiste avec ses coéquipiers.

Dimanche, alors qu’elle n’arrivait pas à trouver le sommeil la veille du dernier entraînement de descente décisif pour une sélection, elle n’avait pas été hésité à aller féliciter Marco Odermatt qui fêtait son titre du géant dans la chambre d’à côté. Il était passé minuit. “Je m’y trouvais avec ma couverture, mon coussin et ma peluche (ndlr: probablement son Bing Dwen Dwen gagné en super-G), lui était toujours en combinaison de course à une heure du matin. Nous avons commencé à discuter de la descente à une heure du matin. Il était ivre, j’étais très fatiguée, mais c’était très drôle.”

Ce soir-là, “Odi” lui avait confié qu’il était possible de tout perdre sur le fameux virage mal négocié par Michelle Gisin lors de la descente du combiné. Force est de constater que l’Obwaldienne lui a donné tort et avec la manière. Une championne en or.

Johan Tachet, Zhangjiakou