Le chocolat a un goût amer aux Championnats du monde de Cortina pour l’équipe de Suisse à l’issue du Team Event qui a couronné la Norvège, équipe contre laquelle la Suisse s’est inclinée en demi-finale pour trois petits centièmes. “C’est une petite déception, car chacun de nous a donné le meilleur qu’il pouvait. Les centièmes n’étaient tout simplement pas de notre côté. Mais avec du chocolat, je ne perds pas le sourire”, assurait Semyel Bissig, qui s’est fait l’auteur de trois magnifiques performances en remportants ses trois duels de la journée.

Camille Rast et Sandro Simonet désavantagés dans le parcours bleu

Le Nidwaldien est suivi dans ses propos et dans ses performances par Wendy Holdener, qui officiait comme la leader du quatuor helvétique. La Schwytzoise, qui a pourtant remporté ses trois manches et qui est invaincue dans l’exercice depuis les Jeux olympiques de 2018, tenait toutefois à assumer sa part de responsabilité après avoir commis une petite erreur en demi-finale qui a coûté du temps. “Je sais que j’aurais pu mieux skier. J’étais dans le parcours rouge, le plus rapide. Je me devais non seulement de remporter ma manche, mais également skier vite. Toutefois, j’étais parfois trop tôt dans le timing.”

De leur côté, Camille Rast et Sandro Simonet, qui a été préféré à Tanguy Nef – le Genevois est resté s’entraîner en slalom au cas où il devait être aligné à la place de l’un des quatre titulaires, pendant que le Grison s’est concentré sur le parallèle -, ont eu le désavantage de skier sur le parcours bleu, moins rapide, et ne sont pas parvenus à ramener un point qui aurait pu être être synonyme de médaille pour la Suisse. “Je pense avoir fait le job. J’ai fait ce que j’ai pu sur ce parcours bleu où je n’ai pas vu beaucoup d’athlètes l’emporter” analysait Camille Rast qui n’a aucun reproche à se faire. J’ai souvent commis de petites fautes juste avant la banane ou au début de mes manches. Sur le fond, j’ai quelquefois réussi à revenir. J’aurais certainement vu du vert à l’arrivée sur le parcours rouge.”

Du géant plutôt que du parallèle pour les meilleurs Suisses

Toujours est-il que la Suisse perd sa couronne mondiale acquise en 2019 à Åre, une épreuve qui se disputait à l’époque sur le format du slalom parallèle, contrairement à cette édition skiée en géant parallèle. Si les slalomeurs Daniel Yule et Ramon Zenhäusern figuraient dans l’équipe il y a deux ans, la question se pose de savoir pourquoi les meilleurs géantistes helvétiques, à l’image de Loïc Meillard, médaillé de bronze du parallèle mardi, ou Marco Odermatt, n’ont pas été retenus. “Le programme et les courses rapprochées nous empêchaient de mettre au départ nos top géantistes”, regrettaient Thomas Stauffer, l’entraîneur en chef de l’équipe de Suisse masculine, à l’issue de l’événement. “Nous avions eu une discussion en amont des Championnats du monde et il était clair que nous devions aménager le programme pour que ceux qui peuvent gagner des médailles en géant soient en bonne position de le faire.”

Pourtant, chez les filles, Wendy Holdener n’a pas hésité à porter les couleurs suisses, après avoir pris part au combiné lundi, au parallèle mardi et avant de jouer la médaille jeudi en géant. “Je me plais à prendre le départ pour la Suisse. C’est un honneur de skier pour son pays, il faut tout donner, reprend la Schwytzoise, exemplaire. Si tu ne skies pas à fond, ta coéquipière qui est devant la télé se demande pourquoi elle n’est pas au départ.”

“La meilleure équipe possible sera alignée aux Jeux olympiques de Pékin”

Mais la Suisse n’est pas à blâmer, puisque le calendrier surchargé a également incité d’autres nations à ne pas sélectionner leur meilleure formation. “L’Italie, à la maison, n’aligne même pas ses têtes d’affiche comme Marta (Bassino) et Fede (Brignone), il y a des choses à revoir. Il y a moyen de revoir un peu le programme en mettant, par exemple, un jour de pause ou de réserve avant ou après le Team Event, histoire que tout le monde puisse participer avec ses meilleures cartouches”, proposait Camille Rast, toujours lucide. Sans oublier que la France, pourtant championne du monde en 2017 à Saint-Moritz, ne participait tout simplement pas à l’épreuve.

Fabien Saguez, le directeur technique national tricolore, assure toutefois que la France alignera sa meilleure formation possible dans un an aux Jeux olympiques de Pékin, tout comme l’entraîneur suisse Thomas Stauffer ses meilleurs géantistes, dans le but de conserver l’or olympique glané à PyeongChang en 2018. “Comme c’est la dernière épreuve des Jeux et qu’elle se déroulera quatre jours après le géant, nos meilleurs athlètes seront présents.”

Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo