S’il avait l’impression d’avoir manqué l’argent, voire l’or en terminant 3e du combiné lundi, Loïc Meillard se montrait ce mardi heureux d’avoir gagné le bronze du parallèle. Et avec la manière, car le Valaisan a dû se battre lors d’une course où les dés semblaient pipés avant chaque manche et qui va faire couler passablement d’encre.

Meilleur temps des qualifications, le skieur d’Hérémence n’a, en effet, aucunement été avantagé lors des séries finales, étant dans l’obligation de s’élancer en premier lors de chaque duel sur le parcours rouge largement plus lent que le bleu. Mais lorsque Loïc Meillard réalisait une démonstration sur ses premières manches en mettant dans la vue près d’une seconde à chacun de ses adversaires, il ne profitait que de 0″50 de bonus, marge maximale autorisé par le règlement de la FIS, avant la manche retour. “Dans ces conditions qui m’étaient défavorables, remporter une médaille, c’est une superbe performance”, clame le skieur de 24 ans.

Marco Odermatt: “Loïc était le meilleur athlète aujourd’hui”

Si bon nombre d’athlètes qui s’élançaient ainsi sur le parcours bleu en deuxième se sont inclinés dans leur affrontement, Loïc Meillard a tenu bon, arrivant à gérer autant qu’il le pouvait son léger pécule de temps, que ce soit en huitièmes contre le Russe Ivan Kutznetsov, en quarts contre l’Allemand Linus Strasser ou en petite finale contre un autre Allemand, Alexander Schmid.

Car sur les skis, l’Hérensard était tout simplement le meilleur skieur de la journée. Seule la victoire en demi-finale face au Croate Filip Zubcic lui a échappé pour deux petits centièmes, alors qu’il avait facilement remporté sa manche aller. “Loïc méritait une plus belle médaille, ce n’est pas 100% juste”, tonne Marco Odermatt, lui aussi défavorisé par le système et sorti pour un centième au stade des huitièmes de finale. “Malheureusement, il faut faire avec, reprend Loïc Meillard, qui se montrait satisfait toutefois d’avoir remporté une seconde breloque mondiale. Ça fait plaisir d’avoir deux médailles autour du cou en deux jours, car c’est spécial.”

Un système à revoir

Toujours est-il que Loïc Meillard n’apprécie pas le format actuel de la compétition, alors qu’il avait cueilli le Globe de la spécialité l’an dernier, après, il est vrai, un autre parallèle parodique. “Dans le système actuel, cette discipline ne me plaît pas forcément étant donné que ce n’est pas correct pour tout le monde”, poursuit le Valaisan qui apprécie pourtant le concept qui doit toutefois “être encore revu par la FIS pour améliorer le système”.

Car, hormis l’Autrichienne Katharina Liensberger, l’Italienne Marta Bassino et le Français Mathieu Faivre, les trois premiers médaillés d’or de l’histoire du parallèle, la majorité des athlètes ne digère que très peu une course qui n’était aucunement équitable. “C’est une erreur de la FIS. Comment, en remportant ma première manche avec 1″20 d’avance, je n’ai qu’une demi-seconde de marge pour la deuxième? Le règlement n’est pas juste”, regrettait Wendy Holdener, meilleur temps également des qualifications, mais éliminée en quarts de finale par l’Américaine Paula Moltzan après avoir été prétéritée également.

Federica Brignone: “J’ai dit que c’était de la merde”

Pour Federica Brignone, c’était la course “le plus injuste” de sa carrière, elle qui a été sortie par sa compatriote Marta Bassino en quarts, dans les mêmes circonstances que Wendy Holdener. “Nous sommes à des Championnats du monde, ce n’est pas une course comme les autres. Plein d’athlètes ont été totalement désavantagés. J’ai dit que c’était de la merde en direct à toutes les télévisions. Si le règlement ne change pas, je ne vais plus jamais faire un parallèle.”

Du côté de la FIS, on va tirer les enseignements d’une nouvelle épreuve de parallèle qui tourne à la parodie. D’ailleurs, l’instance mondiale devra se décider à la fin de la saison si elle entend conserver au calendrier ou non cette discipline qui fait, depuis trop longtemps, débat.

Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo