Cette fois, ça y est. C’était la dernière. À 42 ans, Johan Clarey va définitivement ranger les skis. Ce mercredi matin, le doyen circuit effectuait sa dernière danse sur l’Aliga d’El Tarter. Entre un dernier passage dans le portillon, les multiples accolades, les félicitations et une ou deux coupettes de champagnes, les adieux du skieur de Tignes ont été naturellement émouvants. “Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi dur. J’ai eu beaucoup d’émotions. J’ai failli pleurer quelques fois avant le départ”, sourit le skieur tricolore.

La bonhommie autant que le talent de l’athlète aux 11 podiums en Coupe du monde vont manquer au Cirque blanc. “J’ai reçu tellement de témoignages de sympathie des coureurs, des entraîneurs étrangers et de mes potes”, assure-t-il. C’est peut-être son compatriote Alexis Pinturault qui a trouvé les meilleurs mots pour qualifier l’homme qui avait pris son premier départ en Coupe du monde il y a vingt ans. “La persévérance, l’abnégation, la résilience… Tu nous en auras donné des leçons de vie à travers ce sport et ta carrière! On peut juste te remercier de ce que tu nous as, à tous, apporté, pour les enfants que tu as fait rêver, pour notre sport!”, a écrit le champion du monde du combiné.

Fierté d’être estimé par les autres athlètes

Son 12e rang final est anecdotique. “J’ai skié fort cette dernière course, comme à mon habitude, même si cela a été dur de me mettre dedans.” Mais l’histoire retiendra que Johan Clarey termine sa carrière en réalisant son meilleur hiver qu’il termine à la 4e place du classement de la descente. “C’est une véritable fierté.” Son plus bel accomplissement? Celui de s’être inscrit pendant de nombreuses années parmi les meilleurs spécialistes de la planète et d’être non seulement apprécié mais surtout reconnu par ses pairs. “Je suis heureux d’avoir eu la sympathie et l’estime des autres athlètes. On se bat comme des chiffonniers toute l’année, les uns contre les autres. Mais il n’y a pas que les résultats qui comptent, il y a aussi l’humain. Et avoir la reconnaissance des autres est gage que j’ai réussi ma carrière.”

Un casque retraçant sa carrière en cadeau

Il manquera peut-être juste une victoire, qu’il a souvent caressée du bout des doigts, à la magnifique carrière de “Yo” Clarey. Que ce soit à Kitzbühel, si souvent, ou lors de la descente olympique de Pékin où il n’est battu que par Beat Feuz. D’ailleurs, pour le féliciter de sa formidable longévité, les coaches français ont offert un casque à leur protégé qu’il a porté lors de cette ultime course. Dessus, il était écrit les grandes références de ses deux décennies passées au plus haut niveau, comme le nombre 240, qui correspond à son total de départs en Coupe du monde, ou ses 11 podiums, le tout agrémenté de la photo de sa 2e place lors du super-G de Kitzbühel en 2019.

Le Français a connu tellement de moments forts qu’il n’arrive pas à en sélectionner un précisément. “Je garde avant tout des images. La tension qu’il y a au départ d’une course comme Kitzbühel. Ça s’est gravé à vie dans ma mémoire, car ce sont des sentiments difficiles à décrire pour le commun des mortels. Je garde davantage cela que les résultats.”

La fête promet d’être belle ce soir en Andorre. “Je vais profiter de ce moment, de ces derniers instants, en buvant quelques canons notamment”, rigole-t-il. Car demain, commencera le premier jour du reste de la vie de Johan Clarey. Mais celle-ci ne se déroulera non loin du Cirque blanc. “Ce n’est pas la fin du monde, mais je promets que je reviendrai sur la Coupe du monde en tant que touriste.”

Johan Tachet, El Tarter