C’est une sélection suisse ambitieuse qui a pris la direction de Santa Caterina pour y disputer deux géants ce week-end. Les Marco Odermatt, Loïc Meillard et Gino Caviezel peuvent légitimement viser le podium dans la station italienne qui reprend les compétitions de Val d’Isère au pied levé. Derrière le trio de feu, d’autres athlètes helvétiques tenteront d’enflammer à la piste Deborah Compagnoni, à l’image du slalomeur valaisan Daniel Yule (27 ans) qui disputera le tout premier géant de Coupe du monde de sa carrière, lui qui s’était notamment illustré en remportant une compétition FIS dans la discipline à Zinal il y a deux ans. Entretien.

Daniel Yule, à la lecture de la sélection suisse pour le géant de Santa Caterina, y retrouver votre nom était une belle surprise.

Oui et non, car cela fait depuis pas mal de temps que j’avais envie de me montrer en géant et ces deux épreuves à Santa Caterina se présentaient bien dans le calendrier. J’ai fait de bonnes manches à l’entraînement et le fait que la barre des 500 points ait été rabaissée à 400 (ndlr: le total de points de Coupe du monde marqués depuis une année nécessaires pour permettre à un athlète de s’élancer avec un dossard proche du 30 dans une discipline moins forte) à cause des courses annulées en fin de saison dernière m’ont incité à participer à ces compétitions.

Vous êtes-vous, pour l’occasion, entraîné davantage en géant ces dernières semaines?

Non. Déjà les dernières années, nous faisions passablement de géant à l’entraînement. Nous savions, avec mon coach de slalom Matteo Joris, que cette limite des 500 points était la condition pour pouvoir m’aligner dans cette discipline, car je n’ai fait qu’un géant de Coupe d’Europe et c’était il y a longtemps (ndlr: à Crans-Montana en 2014). Après, j’ai montré que je n’étais pas ridicule à l’entraînement et je n’ai pas l’impression d’avoir piqué la place de quelqu’un.  

Quels seront vos objectifs pour ce baptême dans la discipline?

Je vais m’élancer dans le portillon de départ avec l’ambition d’aller en deuxième manche. Si je m’alignais juste pour faire joli, je ne prendrais pas le départ. Mais pour cela, je vais devoir réussir un premier tracé complet. La situation sera différente de d’habitude car j’aurai un dossard entre le 30 et le 35. C’est un avantage pour la qualification et je me réjouis de ce défi, même si je ne m’attends pas à me battre pour le podium (rires).

On s’attend tout de même à des conditions très difficiles dans la station lombarde avec de grosses chutes de neige…

C’est clair, il va falloir se battre, c’est un combat qui s’annonce. Et comme toujours, rien n’est acquis.

Est-ce que dans un futur proche, il est probable de vous voir aligné en slalom et également en géant sur l’ensemble de la saison?

A long terme, le but est de faire du géant, oui. Mais actuellement, la priorité reste le slalom. Si je m’élance en géant, ce n’est pas au détriment du slalom. D’ailleurs, je ne ferai pas le géant d’Alta Badia (20 décembre), car un slalom là-bas (le lendemain) puis à Madonna di Campiglio (le surlendemain) s’y dispute, et ce, quoiqu’il arrive ce week-end à Santa Caterina. Je suis ici pour prendre la température. C’est une chose d’être bon à l’entraînement, c’en est une autre de l’être en course, c’est un autre sport. Et j’ai l’envie de voir où je me situe.

Avant d’entamer votre saison ce samedi, comment s’est déroulée votre préparation estivale?

Un peu longue à mon goût, car ce que j’aime faire, ce sont des courses. Je ronge mon frein et là, véritablement, je me réjouis de concourir. On remarque que ce n’est pas la même chose avec la crise de Covid-19. Tout est stressant. Mais je me sens bien physiquement, sur les skis et je sais que le matériel fonctionne également. Mon corps commence gentillement à se préparer en mode course et j’ai hâte d’être dans le portillon de départ.

Johan Tachet