L’heure de la reprise a déjà sonné pour les meilleurs sauteurs du monde. Le coup d’envoi de la Coupe du monde sera en effet donné ce week-end à Wisla (POL), dans l’une des patries du saut à ski. La saison s’annonce longue et éreintante puisque le prochain week-end sans étape de Coupe du monde est programmé au 21-22 mars. Un week-end qui sera le théâtre des Mondiaux de vol à ski! Autant dire qu’il faudra attendre le suivant pour s’offrir une vraie pause pour tout ce beau monde.

Côté suisse, Simon Ammann s’apprête à entamer sa 23e (!) saison de Coupe du monde. Ce sera le cas à Ruka (FIN) dans une semaine puisqu’il a préféré faire l’impasse sur Wisla. A 38 ans, le Saint-Gallois n’a rien perdu de sa motivation. Il espère toutefois faire mieux que l’hiver dernier, où il avait dû se contenter du 24e rang au classement général de la Coupe du monde. Mais le poids des années commence peut-être à se faire sentir.

Les regards seront donc surtout braqués vers Killian Peier, 17e de la dernière Coupe du monde. Le Vaudois de 24 ans sort de la plus belle saison de sa carrière, de loin. Dixième de la Tournée des 4 Tremplins, il a surtout réussi l’exploit de décrocher une médaille aux Mondiaux, sur le mythique Bergiselschanze d’Innsbruck. Cet hiver sera pour lui celui de la confirmation. Interview.

Killian Peier, comment vous sentez-vous à quelques heures du début de la Coupe du monde?

Je me sens bien et c’est le plus important. Ma préparation ne s’est pas tout à fait déroulée aussi bien qu’espéré, mais c’est peut-être un mal pour un bien.

Qu’entendez-vous par là?

Cette situation m’a ouvert les yeux. Cela m’a permis de corriger certains détails afin d’être encore meilleur que l’hiver passé. Du coup, maintenant, les sensations sont bonnes.

Lorsque vous parlez d’une préparation parfois compliquée, il s’agit notamment du Grand Prix d’été, où vous avez connu des bas mais aussi des hauts, en remportant par exemple la qualification à Zakopane (POL)?

C’est juste. Là-bas, j’ai d’ailleurs pris la 5e place, mon 3e meilleur résultat lors d’un concours estival. Ces bons résultats m’ont prouvé que je suis sur la bonne voie. Il m’a simplement parfois manqué un petit peu de constance, mais le classement général du Grand Prix (ndlr: 13e) est à prendre avec des pincettes.

Vous êtes également devenu champion de Suisse pour la 4e fois, sur le tremplin de Chaux-Neuve.

Oui, cette victoire m’a fait du bien. C’était vraiment cool d’avoir réussi à m’imposer devant de nombreux proches, qui avaient fait le court déplacement. J’ai ensuite enchaîné avec une pause puis des entraînements à Einsiedeln, Zakopane, Einsiedeln à nouveau puis Garmisch. Je me sens prêt à attaquer.

Justement, cet hiver, quels seront vos objectifs?

Evidemment, il s’agira de confirmer la saison dernière. Il y aura un petit peu plus d’attente, mais je vais essayer de mettre ça de côté. Je veux “faire” mes sauts, me prouver que j’en suis capable en passant outre la pression extérieure.

A quoi peut-on s’attendre concrètement?

L’an passé, je partais avec une immense marge car je venais de terminer 54e de la Coupe du monde. Cette fois, la marge de progression est plus faible. Il faut être réaliste, le but n’est pas d’être premier comme ça, d’un coup, mais j’espère continuer à progresser.

Vous voir monter sur un premier podium en Coupe du monde, c’est possible?

Je suis ouvert à tout (rires). Bien sûr, mon objectif ultime c’est de gagner un jour une compétition au plus haut niveau. Mais je ne veux pas dire que ça va arriver cet hiver.

Durant l’été, vous avez également dû composer avec la perte de votre sponsor principal (ndlr: Helvetia). A ce moment de votre carrière, c’est un comble. Que s’est-il passé?

C’était un vrai coup dur. La société avait prévu de ne garder qu’un sauteur, le meilleur en Suisse. Mais il y a eu des changements de direction et Helvetia a décidé de mettre un terme à notre partenariat. C’était plutôt pénible au niveau moral cet été. Ce n’était pas vraiment un stress au niveau financier, mais plutôt un souci d’estime. J’ai dû partir à la recherche d’un nouveau sponsor et j’ai eu la chance de trouver Dixi, qui est une entreprise suisse, basée au Locle (spécialisée notamment dans la mécanique de précision).

Dans un article de l’Aargauer Zeitung, on apprend que vous sautez parfois avec une ancienne combinaison de Wendy Holdener. Plutôt cocasse!

Oui, je le fais toutes les trois semaines environs. C’est une technique d’entraînement que j’ai déjà utilisé l’an dernier. Ça me permet d’avoir un contraste différent et de sortir de ma zone de confort. Je me focalise beaucoup plus sur ce que je ressens avec mon corps car il n’y a évidemment aucune portance.

Comment se fait-il qu’il s’agisse d’une ancienne tenue de la slalomeuse?

Nos morphologies sont assez similaires et elle habite à côté (d’Einsiedeln, où il réside). Du coup, je lui ai demandé et elle a accepté.

De votre côté, pas de révolution au niveau du matériel?

Non, je travaille dans la continuité. J’ai testé un ou deux réglages et légèrement adapté mes combinaisons, mais rien de révolutionnaire.

Laurent Morel

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