Après trois faux départs entre Sölden et Zermatt, c’est un Justin Murisier impatient qui est prêt à en découdre en compétition. “Comme tout le monde, je suis chaud”, sourit le Bagnard, qui a pris ses marques depuis une semaine et demie sur la neige nord-américaine qu’il affectionne. Sur les pentes de Copper Mountain, précisément, à une petite demi-heure de route de Beaver Creek, le groupe suisse de vitesse de Coupe du monde s’est notamment entraîné avec l’équipe de France, emmenée par Cyprien Sarrazin, qui a impressionné aux entraînements, et la Norvège d’Aleksander Aamodt Kilde. “C’est cool de s’entraîner avec des gars rapides et avoir de bonnes références.”

Un plat à appréhender

Et le Valaisan a déjà fait étalage de sa panoplie de nouveau spécialiste de vitesse lors des deux premiers entraînements en vue des descentes de Beaver Creek sur une piste Birds of Prey qui sied à merveille à ses qualités de technicien. “Il y a tout ce que j’aime, des gros sauts, de la vitesse, de belles courbes à tirer”, poursuit celui qui a réalisé les 15e et 16e temps des deux essais chronométrés. “Mais il y a uniquement ce que j’aime dès le premier temps intermédiaire…” Car le seul bémol de ce tracé pour lui, les 27 premières secondes de plat sur lesquelles il n’a pas encore trouvé la bonne formule. “Je sais que ce n’est pas une de mes forces, que je dois encore travailler là-dessus.” Lors des deux entraînements, il ne possédait que les 64e et 67e temps (sur 80 athlètes au départ) de cette portion initiale, accumulant déjà près d’une seconde de retard sur Aleksander Aamodt Kilde, le meilleur glisseur du circuit. “C’est beaucoup trop, compte tenu du fait que je ne perds pas grand-chose sur le reste du parcours.”

Avant les deux descentes de vendredi et samedi, Justin Murisier se veut réaliste. “Pour rappel, je n’ai jamais fait mieux que 7e en descente l’an dernier (ndlr: à Bormio), Il ne faut pas trop en vouloir et croire que je vais faire un podium ici.” Mais celui qui a terminé dans le top 30 de la spécialité l’hiver dernier, pour sa première véritable saison dans la discipline reine, s’avance dans le portillon tout de même ambitieux, avec l’objectif jouer le haut du tableau. “Il y a moyen de faire de belles choses. Un top 15, voire un top 10 sont dans mes cordes.” Le vent et la neige annoncés ce week-end sur les hauteurs du Colorado pourraient même lui être favorables. “Sait-on jamais, on a déjà vu par le passé le départ abaissé au bout du plat”, lorgne-t-il avec un sourire en coin.

Alta Badia, oui ou non? Un programme encore à définir

Avec trois courses au programme ce week-end, puis le géant de Val d’Isère, et enfin une tournée italienne XXL, avec une seconde descente agendée à Val Gardena, c’est un programme gargantuesque qui attend le Bagnard lors des deux prochaines semaines. Il pourrait ainsi disputer 9 courses en 18 jours, sans compter le voyage retour en Europe, les déplacements et surtout les entraînements des descentes.

Cela serait un planning des plus chargés pour un skieur qui se trouve à la croisée des chemins avec la perspective de s’orienter progressivement exclusivement vers la descente et le super-G. Dans cette configuration, les deux géants d’Alta Badia s’inscrivent encore en pointillés pour Justin Murisier. “Tout est encore un peu flou”, assure-t-il. “J’entends aller à Val d’Isère et disputer un bon géant. Si je confirme, j’irai à Alta Badia, mais si je vois que je suis à la ramasse, je vais me concentrer sur la vitesse, car il est clair que c’est là que je suis en forme.” Une forme qu’il entend déjà démontrer ce week-end aux États-Unis.

Johan Tachet, Beaver Creek