Dans l’aire d’arrivée, Joana Hählen, les mains sur son visage, n’en revient pas. Le chiffre 2 s’est installé juste à côté de son nom au moment de franchir la ligne du super-G de Sankt Anton remporté par Federica Brignone. La skieuse bernoise doit se pincer pour pleinement réaliser la mesure de sa performance avec son dossard 18. “J’ai dû jeter deux coups d’oeil au tableau d’affichage. Je me demandais comment c’était possible d’avoir réussi un tel résultat après avoir commis une énorme erreur sur le haut du parcours. Je pensais que c’était foutu”, se questionne, dans un large sourire l’athlète de la Lenk, félicitée par l’ensemble des skieuses du circuit.
Il est vrai qu’à 30 ans passé, “Ana” n’a pas souvent eu droit aux honneurs qu’elle mérite. Souvent bien placée, ses podiums se comptent sur les doigts d’une main puisque ce n’est que la quatrième fois de sa carrière qu’elle atteint le top 3. Mais la skieuse helvétique a toujours cru en elle, en ses capacités à bousculer la hiérarchie. Et lorsqu’elle pousse le portillon de départ, elle ne skie jamais sur la retenue. “Je sais que je dois tout risquer et spécialement en super-G, vous devez pousser à la limite et aujourd’hui ça a marché.”
“De la pression en moins avec ce résultat et plus de plaisir”
Joana Hählen a livré un combat contre cette piste Karl Schranz dont elle n’attendait qu’en découdre avec. “Je savais que cette piste pouvait être pour moi. Hier, c’était encore si mou, mais aujourd’hui, c’était juste super gelé comme j’aime et je me suis dit que je devais saisir ma chance.” Là où plusieurs skieuses sont parties à la faute, à l’image de la favorite italienne Sofia Goggia, la Bernoise a su dompter les mouvements de terrain et tailler de belles courbes, malgré des conditions de visibilité aléatoires selon les athlètes. “Lorsque je me suis élancée, il faisait très sombre. Du coup, tu es toujours à la limite, surtout sur une piste comme celle-ci avec de nombreux mouvements de terrain.”
La skieuse du Simmental est en grande forme en ce début d’hiver, elle qui avait pris l’habitude de monter en puissance au fur et à mesure des compétitions, pour souvent donner sa pleine mesure en deuxième partie de saison. Grâce à cette performance, Joana Hählen va pouvoir envisager sereinement les prochaines courses de vitesse qui vont s’enchaîner. “Cela m’enlève certainement un peu de pression et me donne encore plus de plaisir à skier.”
Mais avant de penser au second super-G de Sankt Anton dimanche, Joana Hählen entend un petit peu profiter avec ses amis qui ont fait le déplacement dans l’Arlberg. “Il faut que je digère et je pense que je veux faire un peu la fête.” Elle le mérite.
Johan Tachet, Sankt Anton