Quinzième de la Coupe du monde de slalom, Daniel Yule est loin de ses standards des deux derniers hivers où il se battait pour le Globe de cristal de la spécialité. Mais avant d’aborder dimanche le slalom de Cortina d’Ampezzo, qui clôturera les Championnats du monde italiens, la confiance est de mise dans le clan du skieur du val Ferret. “La saison ne s’est pas déroulée comme attendue, confie l’athlète de La Fouly. Mais c’est aussi cela la beauté du ski, des Mondiaux. Ces derniers me donnent l’occasion de rendre cet hiver très beau.”
Ces trois dernières semaines, Daniel Yule a passablement travaillé dans le but d’être performant sur la piste Druscié du côté de Crans-Montana, où le mur de la piste du Mont Lachaux ressemble beaucoup à celui de la pente de la station des Dolomites, et à Toblach. “Nous avons bossé sur plusieurs neiges différentes. On sait qu’ici à Cortina, avec le soleil et les températures qui naviguent un peu en-dessus et en-dessous de zéro, ça peut changer d’une heure à l’autre.”
Le déclic sur une neige salée à l’entraînement
Une condition nécessaire puisque Daniel Yule a passablement galéré à trouver la solution cet hiver sur des types de neige molles, alors qu’il parvient à proposer son meilleur ski dès que la piste est verglacée. Et ces trois dernières semaines ont, semble-t-il, été profitables à l’athlète valaisan. “J’ai retrouvé de bonnes sensations ces derniers jours à l’entraînement, de la légèreté dans mon ski et un meilleur timing.” Une analyse partagée par son entraîneur Matteo Joris. “Daniel a eu un déclic. Il a skié deux manches sur une piste injectée et boom, il était rapide. Nous avons ensuite skié sur une piste salée et il était aussi présent.” Le coach des slalomeurs helvétiques tire un parallèle avec le Français Mathieu Faivre, le nouveau champion du monde de géant. “Le ski est beau pour cela aussi. Parfois tu restes dans un tunnel, mais il suffit d’un petit truc qui change pour retrouver les sensations.”
Une sélection méritée
La sélection officielle de Daniel Yule pour le slalom mondial, alors qu’ils étaient six Suisses à avoir réalisé les minima, a également ôté un certain poids au skieur de la Fouly. “Pendant les entraînements ces deux dernières semaines, je me sentais privilégié de savoir que les entraîneurs ont eu confiance en moi”, poursuit le Valaisan qui ne pense pas “avoir volé la place à qui que ce soit”. Les critères des résultats purs pour décider qui seraient les quatre slalomeurs au départ dimanche ont pesé dans la balance. “C’est simple, j’ai mis tous les résultats que les gars ont fait, explique Matteo Joris. Les top 7, les top 15, les points de chacun et il est ressorti le classement suivant: Zenhäusern-Meillard-Aerni-Yule, avec Nef en cinquième et, donc, réserviste. On a aussi regardé la régularité. Nous avons fait une séance pour expliquer à tout le monde. Et avec les chiffres couchés sur le papier, tout le monde comprenait la situation, même s’il n’est jamais facile de recevoir un non.”
Dimanche, Daniel Yule aura les crocs. Après trois éliminations lors de ses trois apparitions mondiales, il entend bien se battre pour une médaille. “Si j’arrive à reproduire dimanche le niveau des entraînements, je serai dans le coup”, assure-t-il. Mais la concurrence s’annonce féroce, avec une vingtaine de prétendants aux métaux. “Je suis sûr que tous les coureurs qui seront au départ dimanche seront là pour la gagne, pour donner le maximum. Ce sera la même chose pour moi.”
Ramon Zenhäusern: “Une bonne préparation”
“J’aborde ces Championnats du monde sans pression, même si je suis monté sur le podium des deux dernières compétitions à Chamonix. L’approche est la même qu’en Coupe du monde et il y a évidemment un peu de stress, comme avant chaque course. C’est normal, cela fait partie du processus pour entrer dans la bulle et être performant. Nous avons fait une bonne préparation entre Crans-Montana et Toblach, sur différents types de neige, même si on ne peut jamais se préparer totalement. En compétition, il y a toujours des imprévus qui arrivent. C’est la beauté du slalom. Mais je vais mettre “full gaz”. Et si ça ne passe pas dimanche, il y aura encore d’autres occasions de remporter une médaille mondiale.”
Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo