Dans l’aire d’arrivée du slalom de Cortina d’Ampezzo, les émotions diffèrent dans le clan helvétique. Du rire aux larmes. Le large sourire de Camille Rast, brillante 8e de la compétition, contraste avec les yeux humides de Wendy Holdener, qui termine au pied du podium, et de Mélanie Meillard, éliminée après quelques portes en seconde manche dans une épreuve remportée par l’intouchable Autrichienne Katharina Liensberger.

Camille Rast: “Je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien”

La seule Suissesse qui se montrait ravie de sa performance du jour était naturellement Camille Rast. Sur la lancée de sa 6e place à Flachau en Coupe du monde, la skieuse de Vétroz a pris un magnifique 8e rang à Cortina. “J’aurais signé immédiatement en début de saison si on m’avait dit que j’allais obtenir ce classement lors du slalom des Mondiaux”, sourit la Valaisanne qui a notamment excellé en première manche en signant le 6e chrono malgré son dossard numéro 25. “Entre les deux manches, Michelle Gisin m’a dit que j’étais folle comme j’avais skié, se marre-t-elle. Je me suis dit que j’avais fait quelque chose de bien, que je pouvais y aller.” Toutefois l’ancienne championne du monde juniors de la spécialité a connu quelques difficultés sur le second tracé. “C’était plus régulier et il y avait plus de rythme. Cela me correspond peut-être un peu moins par rapport à la première manche où il fallait y aller pour créer de la vitesse. J’ai peut-être besoin d’un peu plus de folie.”

Reste que Camille Rast signe un excellent top 10. Une performance de choix lorsque que l’on sait qu’elle-même ne pensait pas, il y a encore quelques semaines, être au départ d’un tel événement après les nombreux pépins physiques rencontrés ces dernières années, entre une mononucléose et une grave blessure au genou droit, entre autres. “Je me dis que je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien. Et “ce n’est que le début”, assure la Valaisanne. Car l’appétit vient en mangeant et Camille Rast se veut ambitieuse. “On en veut toujours plus. Je sens que je manque de précision de temps en temps. Et il y a aussi moyen de progresser physiquement et techniquement. Mais les choses se mettent tranquillement en place et les résultats vont venir tout seuls si je continue sur cette ligne.”

Wendy Holdener: “Je reste une personne positive”

“Pour le moment, je suis triste, mais je sais que cela va vite passer”, essaie de relativiser Wendy Holdener. La Schwytzoise termine à la pire des places, la 4e, à 0″36 de la médaille de bronze. “C’est dommage, les choses n’ont pas fonctionné, c’était un super jour, il y avait tout pour bien faire.” La Suissesse a commis plusieurs erreurs rédhibitoires pour espérer accrocher une nouvelle médaille mondiale. “J’ai fait deux ou trois fautes. C’était compliqué, la piste était très difficile, pentue, il y avait un jeu d’ombre et de lumière sur le second parcours. Des facteurs peu évidents à gérer.”

Argentée en slalom à Saint-Moritz en 2017 et double tenante du titre en combiné, Wendy Holdener rentrera à Unteriberg sans la moindre breloque des Dolomites. “Il y a eu des bons et des mauvais jours durant ces Mondiaux” explique-t-elle au moment de tirer le bilan. Mais je réalise un parallèle solide en remportant les qualifications, même si la compétition n’était pas équitable. Le Team Event était bon et je fais mon meilleur résultat en géant de la saison en me classant 8e. Je suis une personne positive et je vais prendre tout ce que je peux avec moi.”

Mélanie Meillard: “Pas réussi à reproduire le ski que je montre à l’entraînement”

Un sentiment de tristesse anime également Mélanie Meillard. La Valaisanne n’a pas réussi à se libérer sur la piste Druscié, où elle a connu l’élimination sur le second parcours. “J’ai pris cette course exactement de la même manière qu’une Coupe du monde. Je n’ai juste pas su skier comme je sais le faire, ça n’avait rien à voir avec l’événement”, mentionne la skieuse d’Hérémence qui avouait être “triste” et “déçue” du ski produit après avoir pris le 16e rang en première manche. “J’étais insatisfaite de mon ski en général. J’avais vraiment fait un pas en avant lors des entraînements. Et je suis déçue de ne pas être parvenue à le montrer en compétition”, poursuit Mélanie Meillard dont le seul point positif qu’elle gardera de son déplacement italien sont “les médailles de Loïc”, son frère qui a décroché le bronze en combiné et en parallèle.

Gageons que dès l’année prochaine, que ce soit Michelle Gisin, sortie en première manche, Wendy Holdener, Camille Rast ou Mélanie Meillard, toutes seront de redoutables candidates au podium des Jeux olympiques de Pékin. Sans oublier un éventuel retour d’Aline Danioth, Elena Stoffel ou Charlotte Chable…

Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo