Le Lucernois n’a pas encore livré les sauts qu’il espérait lors de la Tournée des Quatre Tremplins. Mais le sauteur de Horw n’en garde pas moins la confiance. Entretien.

La Tournée des Quatre Tremplins n’a pas débuté comme Gregor Deschwanden l’aurait espéré. Ayant cumulé les bons résultats cette saison, y compris un premier podium en Coupe du monde, le Lucernois est arrivé à Oberstdorf avec le vent en poupe. Puis, c’est comme si cette brise qui le portait depuis des mois l’avait soudain lâché. En qualification, il s’est placé 33e et 42e en Allemagne. À Garmisch-Partenkirchen, il n’est pas passé en seconde manche. Mais il y a une chose qui frappe lorsqu’on parle au sauteur de 32 ans: sa confiance absolue dans ce qu’il a à faire et la certitude que sa technique est là où elle doit être.

Des points clés

“Je sais que si j’exécute vraiment mes points clés sur le saut, je peux m’envoler. Cela me donne confiance,” dit celui qui est actuellement 9e au classement général de la Coupe du monde. Lors des deux premières étapes de la Tournée, le sauteur de Horw a admis avoir eu de la peine à s’ajuster aux tremplins. Mais pas de doutes, pas d’interrogations pour autant: pour Gregor Deschwanden tout peut être analysé très précisément et amélioré pour la prochaine compétition.

“Si j’arrive à identifier et cristalliser mes points clés, c’est facile pour moi le jour de la compétition parce que j’ai une tâche précise, je peux la tester à l’entraînement et l’exécuter en finale”, a-t-il confié à Garmisch-Partenkirchen. Les points clés dont il parle sont des détails techniques: sa position sur le tremplin, son centre de gravité avant le saut pour avoir un maximum de vitesse et de puissance quand il quitte la table, par exemple. Loin d’être démoralisé après sa 42e place en qualification, le Lucernois visait déjà l’analyse vidéo de sa performance pour trouver ce qui n’avait pas fonctionné. “Avant Noël, j’étais souvent bon déjà en qualification. J’arrivais à rivaliser avec les meilleurs. Il faut juste que je me pousse un peu plus maintenant”.

Une compétition pas comme les autres

Gregor Deschwanden n’a pas été le seul à voir ses résultats dégringoler lors de la Tournée des Quatre Tremplins. Pour le Norvégien Halvor Egner Granerud et le Polonais Dawid Kubacki, les derniers jours ont aussi été une lutte. Tout comme les Championnats du monde ou les Jeux olympiques, la Tournée possède sa propre logique.

“C’est toujours difficile de revenir en mode ‘compétition’ après Noël et de retrouver les mêmes sensations qu’on avait avant”, admet le sauteur aux 236 départs en Coupe du monde. Le format particulier de la compétition, lors de laquelle les 50 meilleurs s’affrontent dans des duels en première manche, ajoute au spectacle et à la pression. Ce n’est pas une excuse. “En tant qu’athlète, si tu veux monter sur le podium, ça ne peut pas être ta préoccupation principale de savoir contre qui tu vas sauter”, insiste-t-il.

Analyser pour progresser

Son élimination en première manche contre l’Allemand Constantin Schmid à Garmisch a tout de même été une déception. “J’avais eu des bonnes sensations à l’entraînement. Je pensais que ça volerait bien mais cela n’a pas suffit. Point final. Il faut aussi l’accepter.” Et de nouveau, l’analyse lucide. “J’ai réussi à appliquer mes points clés. Il y avait un autre point qui n’était pas bon et ici, cela fait une énorme différence. Mais je sais ce que je dois faire.”

Pas question de changer sa technique ou son matériel. “C’est un processus. Jusque là, tout était facile, une bonne performance après l’autre. Là, c’est la première fois que ça ne marche pas. Mais c’est ça aussi, le saut à ski. Des petits détails font une grande différence, et ces derniers jours je n’ai peut-être pas très bien géré ces pétits détails.”

Poser des bons sauts

Après un été spectaculaire lors duquel il a gagné une médaille de bronze aux Jeux européens et manqué de peu de remporter le Grand Prix, Gregor Deschwanden s’est lancé dans sa 13e saison en Coupe du monde avec une confiance de champion. Lors des huit premières épreuves, il a fini quatre fois dans le top 10, montant sur son premier podium à Klingenthal. À Oberstdorf, il a réussi à se hisser à la 15e place, malgré son 33e rang en qualification. Une confirmation: “Je sais que si je montre des bons sauts, je peux être dans le top 15.” Mais ce qui compte encore plus que le placement, c’est la sensation sur le tremplin. “J’étais vraiment satisfait à Oberstdorf parce que mes deux sauts étaient très propres, et techniquement exactement ce que je voulais. Ce n’était peut-être qu’une 15e place, mais ce que je retiens ce sont deux bons sauts.”

Le sauteur avec la caractéristique combinaison rouge refuse de se donner des objectifs de classement. “Ça ne m’apporte rien”, dit-il avec un léger sourire. “Mon vœu pour la nouvelle année c’est de poser des bons sauts déjà à l’entraînement. Et ensuite de prendre cette confiance pour m’envoler en compétition.”

À Innsbruck, il a déjà livré sa meilleure qualification de la Tournée. Quoiqu’il arrive, Gregor Deschwanden continuera à peaufiner ses points clés pour voler encore plus haut le reste de la saison.

Sim Sim Wissgott, de retour de Garmisch-Partenkirchen