Une préparation “pas optimale” mais un début de saison rassurant, même si une blessure à Nakiska est venue perturber son hiver. Voici comment il serait possible de résumer les derniers mois de Fanny Smith. Régulièrement dominée par Sandra Näslund mais souvent dans le coup, la Villardoue vise encore les podiums en Coupe du monde mais elle concentre désormais ses efforts sur les Jeux olympiques de Pékin, où elle pourrait aller chercher une première médaille d’or. De quoi compléter un palmarès déjà immense (5 médailles mondiales, 3 Globes, etc.).

Présente en Chine fin novembre pour y disputer les épreuves pré-olympiques – dont elle a pris la 2e place -, la Vaudoise fait partie avec les athlètes de quelques autres disciplines de ceux qui ont pu découvrir en primeur les installations qui seront utilisées en février prochain. Et cela n’a pas forcément été une bonne surprise pour celle qui disputera à Pékin ses quatrièmes Jeux olympiques. “Pas mes derniers”, promet-elle.

Le voyage en Chine

“C’était très long mais on y était un petit peu préparés. Bon, c’était un peu plus long tout de même que ce qu’on pensait. Mais sur place, les conditions de vie étaient très bonnes. On se sentait en sécurité. Je pense que c’est très important pour nous en tant qu’athlètes de haut niveau.”

Le parcours

“Il était très décevant. C’était un parcours très lent, avec très peu de modules intéressants, pas de sauts. Après, les constructeurs ont fait ce qu’ils ont pu avec la neige qu’ils avaient. Le parcours a été construit en seulement 5 jours. Ils ont fait un énorme travail, mais bon… Initialement, ils voulaient garder à peu près la même ligne pour les Jeux olympiques, mais là, on espère qu’ils vont la changer. C’était très important d’y être allés pour, on l’espère, qu’ils fassent des grosses modifications d’ici aux Jeux olympiques. C’est un avis unanime je crois, aussi de la part des snowboardeurs.”

Les solutions

“C’est très plat, mais on a l’habitude, comme en Suède, à Idre Fjäll notamment. Là-bas, ils surélèvent le départ sur un énorme podium et ils pourraient faire la même chose en Chine. S’il fait comme on l’entend très froid, ils ont la possibilité de produire suffisamment de neige. Ça permettrait d’engranger de la vitesse plus rapidement en début de course. Je le répète, ce serait dommage de ne pas faire les changements nécessaires d’ici au Jeux.”

La neige

“Elle est assez particulière. C’est entièrement de la neige à canon, mais elle est différente de la neige artificielle qu’on a l’habitude d’avoir en Europe. Il y a beaucoup de travail de test de neige, de matériel à faire sur cette neige chinoise. Avec nous, il y avait une personne de Swiss-Ski qui s’occupe de faire des tests de fart. C’est un vrai avantage pour toute l’équipe de Suisse, pas uniquement en skicross.”

L’avantage de connaître les lieux

“Je pense que c’est un avantage d’y être déjà allé, oui. J’ai déjà pu me faire ma petite liste de choses que je vais devoir prendre en plus. J’ai pu voir comment ça fonctionne. Après, c’est très équitable puisque toute la Coupe du monde de skicross y est allée.”

Les objectifs

“Je n’ai plus rien vraiment à prouver. Je skie maintenant surtout pour moi, pour mon plaisir. C’est clair que ça me fait plaisir quand ça fonctionne car il y a aussi toute une équipe derrière, des gens qui me suivent. Je vais essayer de tout donner au bon moment en espérant que ça fonctionne.”


Ralph Pfäffli: “Trouver le juste milieu”

Entraîneur en chef de l’équipe de Suisse de skicross, Ralph Pfäffli est un petit plus optimiste que Fanny Smith pour les Jeux olympiques. “Sur place, tout s’est bien passé, tout était bien organisé, lance l’ancien athlète. Le voyage était long et on a dû beaucoup attendre sur les transports et les tests mais on a obtenu de bonnes informations pour les Jeux malgré les mauvais résultats de la plupart de l’équipe.” Car après des qualifications excellentes, les Suisses ont déchanté dès leur entrée en lice en séries.

Le technicien helvétique n’est pas aussi sévère que Fanny Smith quant à la piste: “Il faut rappeler que c’était la première Coupe du monde de la saison, en novembre. Tout n’était pas encore au point et on sait qu’il y aura quelque chose de différent aux Jeux mais on a pu trouver la bonne ligne et les vitesses.” Pour lui, le fait que le parcours ne soit pas le plus difficile du circuit n’est pas forcément une erreur. “On a quand même le devoir de ne pas non plus faire comme lors des derniers Jeux lorsque les sauts étaient trop grands et trop dangereux, rappelle-t-il. Après, on se retrouve avec des grosses chutes et des graves blessures devant beaucoup de spectateurs, ce n’est pas bon non plus. On doit trouver le juste milieu. On était un peu en dessous en terme de difficulté mais ça va s’équilibrer.”

Tout miser sur les Jeux

Ralph Pfäffli a également dû faire des choix, notamment au niveau masculin puisque sept ou huit athlètes prétendaient aux quatre places disponibles pour Pékin. “On a choisi selon les résultats mais aussi selon la forme, avoue-t-il, rappelant qu’Alex Fiva et Jonas Lenherr partaient avec un avantage en début d’hiver (le premier grâce à son titre de champion du monde, le second à sa 2e place lors de la dernière Coupe du monde). Aucun athtlète n’a brillé lors des pré-olympiques. C’est un mal pour un bien car cela ne nous a pas influencé.” Au final, Alex Fiva est accompagné par Ryan Regez, Joos Berry et Romain Détraz.

Et l’entraîneur de rappeler que le podium est le seul but de l’équipe de Suisse. “On n’y va pas pour obtenir une 8e place. Les médailles sont d’ailleurs le principal objectif de l’hiver et on doit jouer tactiquement. La Coupe du monde est moins importante cette saison.” Pas d’inquiétude donc de voir Sandra Näslund dominer régulièrement Fanny Smith? “Je ne suis pas convaincu qu’elle (Sandra Näslund) pourra tenir son rythme actuel toute la saison. Bien sûr qu’il est possible de la battre. Nous, on savait que Fanny arriverait plus lentement. Cette année, c’est vraiment différent, on se concentre sur les Jeux.” Des Jeux que l’équipe de Suisse prépare à Laax (GR), sur un parcours privé construit pour l’occasion.

Laurent Morel, de retour de Val Thorens