Cette fois, la carrière de Delphine Darbellay est bien lancée! Grâce à deux manches de très haut vol, la skieuse du Val Ferret a survolé le deuxième géant de Coupe d’Europe de Zinal, prouvant qu’elle est capable de jouer les premiers rôles dans l’antichambre de la Coupe du monde, et probablement même plus haut.
La Valaisanne de 22 ans, dont le potentiel a souvent été loué, n’a pas toujours eu l’occasion de confirmer lors des grands rendez-vous. Elle s’était notamment blessée juste avant les Jeux olympiques de la Jeunesse de Lausanne en 2020, cédant sa place à Amélie Klopfenstein et au tout début des Championnats du monde juniors de Sankt Anton. Mais désormais, après deux jours de folie dans le val d’Anniviers (elle avait déjà terminé 13e du premier géant), la machine est lancée.
Delphine Darbellay, quel est votre sentiment après cette journée de folie?
C’est juste incroyable! Je ne réalise pas encore tout à fait, surtout que je viens de très loin. Mon meilleur résultat en Coupe d’Europe jusqu’ici était une 13e place, hier, donc c’est vraiment cool de se retrouver sur la plus haute marche du podium. Ça fait aussi du bien. Ma carrière n’a pas toujours été simple jusqu’à aujourd’hui. J’ai souvent fait des bons entraînements mais ne suis pas toujours parvenue à les confirmer en course. Je suis vraiment super contente que cela ait fonctionné aujourd’hui. En plus, réaliser cela à la maison, c’était vraiment excellent. Toute mon équipe a pu fêter cela avec moi. Ça rend cette victoire encore trois fois plus belle.
Vous attendiez-vous à réussir pareille performance?
Je ne m’y attendais pas, même si j’étais très contente de mon ski à l’entraînement. J’ai fait des progrès. Je savais que j’étais sur le bon chemin mais j’étais consciente qu’il allait falloir du temps avant de pouvoir reproduire cela en course. Je ne pensais pas que ça allait fonctionner aussi vite.
Étiez-vous tendue?
C’était une journée plutôt normale en fait. Après, bien sûr, j’étais très stressée, déjà pour la première manche et évidemment ensuite car je voulais confirmer ce bon résultat.
Qu’est ce qui a changé cette saison par rapport aux précédentes. Vous êtes finalement à 100%?
Je ne dirais pas que quelque chose a changé cette saison mais j’ai un petit peu plus d’expérience, je suis plus âgée. Avec ça, je me connais aussi beaucoup mieux. Je sais ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas pour moi, que ce soit en course ou à l’entraînement. Il faut aussi dire que je n’ai souffert d’aucun pépin physique ni cet été ni lors de la préparation automnale. Ça aide aussi beaucoup. Physiquement j’ai également fait des progrès. Je me sens en ce moment à 100% physiquement. Chaque course est un nouveau jour mais actuellement, je me sens très bien sur les skis.
Vous êtes passée par beaucoup d’épreuves. Comment fait-on pour toujours s’accrocher, pour ne pas abandonner?
Ces dernières années n’ont pas toujours été simples, c’est vrai. J’ai souvent souffert de blessures, pas forcément très graves, mais qui m’ont fait repartir à zéro, surtout au niveau de la confiance sur les skis. C’est quelque chose de très important pour moi et j’ai souvent de la peine à entrer dans un état d’esprit où je suis en parfaite confiance et où je skie à mon niveau. Ça me prend du temps. J’ai pas mal été frustrée car je n’avais jamais pu montrer mon niveau en course. Pour être honnête, il est vrai qu’arrêter et faire autre chose m’a parfois traversé l’esprit mais au final, ça valait la peine de continuer, surtout quand c’est récompensé par de telles journées. Mais il faut avoir du plaisir dans l’ensemble de la pratique, on ne peut pas compter que sur les bons résultats.
Cette performance vous donne-t-elle des idées pour la suite? Vous avez déjà goûté à la Coupe du monde (lors des finales à Méribel en 2022) et vous étiez très proche d’une qualification pour Sölden cette saison. On pourrait vous retrouver à Semmering à la fin de l’année, non?
Forcément, j’ai la Coupe du monde dans un coin de la tête. Après, ce n’est pas moi qui fait les sélections. Ça dépendra de la décision des chefs. Mais oui, j’ai envie d’aller à Semmering, j’ai envie de franchir cette étape. Cependant, je sais que je dois être patiente et que je dois surtout m’établir en Coupe d’Europe. Je sais que si ça fonctionne là, j’aurai probablement ma chance plus loin.
Et les résultats actuels de Camille Rast doivent également vous motiver!
Lorsque je vois ce qu’elle réalise en ce moment, c’est juste incroyable et je suis vraiment très heureuse pour elle. Elle mérite tellement ce qui lui arrive. Évidemment, ça motive à essayer de faire pareil.
Laurent Morel